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Date de création : 09.08.2009
Dernière mise à jour : 31.01.2016
113496 articles


o souvenirs printemps aurore

Publié à 08:02 par angeoudemongif Tags : moi coeur histoire enfants jeux nature bleu oiseaux
o souvenirs printemps aurore

Ô souvenirs ! printemps ! aurore !
Doux rayon triste et réchauffant !
- Lorsqu’elle était petite encore,
Que sa soeur était tout enfant… -

Connaissez-vous sur la colline
Qui joint Montlignon à Saint-Leu,
Une terrasse qui s’incline
Entre un bois sombre et le ciel bleu ?

C’est là que nous vivions. – Pénètre,
Mon coeur, dans ce passé charmant ! -
Je l’entendais sous ma fenêtre
Jouer le matin doucement.

Elle courait dans la rosée,
Sans bruit, de peur de m’éveiller ;
Moi, je n’ouvrais pas ma croisée,
De peur de la faire envoler.

Ses frères riaient… – Aube pure !
Tout chantait sous ces frais berceaux,
Ma famille avec la nature
Mes enfants avec les oiseaux ! -

Je toussais, on devenait brave ;
Elle montait à petits pas,
Et me disait d’un air très-grave :
- J’ai laissé les enfants en bas.

Qu’elle fût bien ou mal coiffée,
Que mon coeur fût triste ou joyeux,
Je l’admirais. C’était ma fée,
Et le doux astre de mes yeux !

Nous jouions toute la journée.
Ô jeux charmants ! chers entretiens !
Le soir, comme elle était l’aînée,
Elle me disait : – Père, viens !

- Nous allons t’apporter ta chaise,
- Conte-nous une histoire, dis ! -
Et je voyais rayonner d’aise
Tous ces regards du paradis.

Alors, prodiguant les carnages,
J’inventais un conte profond
Dont je trouvais les personnages
Parmi les ombres du plafond.

Toujours, ces quatre douces têtes
Riaient, comme à cet âge on rit,
De voir d’affreux géants très-bêtes
Vaincus par des nains pleins d’esprit.

J’étais l’Arioste et l’Homère
D’un poëme éclos d’un seul jet ;
Pendant que je parlais, leur mère
Les regardait rire, et songeait.

Leur aïeul, qui lisait dans l’ombre,
Sur eux parfois levait les yeux,
Et, moi, par la fenêtre sombre

J’entrevoyais un coin des cieux !

le rouet d omphale

Publié à 08:02 par angeoudemongif Tags : fond dieu
le rouet  d omphale

Il est dans l’atrium, le beau rouet d’ivoire.
La roue agile est blanche, et la quenouille est noire;
La quenouille est d’ébène incrusté de lapis.
Il est dans l’atrium sur un riche tapis.

Un ouvrier d’Égine a sculpté sur la plinthe
Europe, dont un dieu n’écoute pas la plainte.
Le taureau blanc l’emporte. Europe, sans espoir,
Crie, et baissant les yeux, s’épouvante de voir
L’Océan monstrueux qui baise ses pieds roses.

Des aiguilles, du fil, des boîtes demi-closes,
Les laines de Milet, peintes de pourpre et d’or,
Emplissent un panier près du rouet qui dort.

Cependant, odieux, effroyables, énormes,
Dans le fond du palais, vingt fantômes difformes,
Vingt monstres tout sanglants, qu’on ne voit qu’à demi,
Errent en foule autour du rouet endormi:
Le lion néméen, l’hydre affreuse de Lerne,
Cacus, le noir brigand de la noire caverne,
Le triple Géryon, et les typhons des eaux,
Qui, le soir, à grand bruit, soufflent dans les roseaux;
De la massue au front tous ont l’empreinte horrible;
Et tous, sans approcher, rôdant d’un air terrible,
Sur le rouet, où pend un fil souple et lié,

Fixent de loin, dans l’ombre, un oeil humilié.

le poete sen va dans les champs

Publié à 08:01 par angeoudemongif Tags : fleurs
le poete sen va dans les champs

Le poète s’en va dans les champs ; il admire,
Il adore ; il écoute en lui-même une lyre ;
Et le voyant venir, les fleurs, toutes les fleurs,
Celles qui des rubis font pâlir les couleurs,
Celles qui des paons même éclipseraient les queues,
Les petites fleurs d’or, les petites fleurs bleues,
Prennent, pour l’accueillir agitant leurs bouquets,
De petits airs penchés ou de grands airs coquets,
Et, familièrement, car cela sied aux belles :
- Tiens ! c’est notre amoureux qui passe ! disent-elles.
Et, pleins de jour et d’ombre et de confuses voix,
Les grands arbres profonds qui vivent dans les bois,
Tous ces vieillards, les ifs, les tilleuls, les érables,
Les saules tout ridés, les chênes vénérables,
L’orme au branchage noir, de mousse appesanti,
Comme les ulémas quand paraît le muphti,
Lui font de grands saluts et courbent jusqu’à terre
Leurs têtes de feuillée et leurs barbes de lierre,
Contemplent de son front la sereine lueur,

Et murmurent tout bas : C’est lui ! c’est le rêveur !

contre ceux qui ont le gout difficile

Publié à 07:31 par angeoudemongif Tags : moi chez amis chien cheval
contre ceux qui ont le gout difficile

Quand j’aurais en naissant reçu de Calliope
Les dons qu’à ses Amants cette Muse a promis,
Je les consacrerais aux mensonges d’Esope :
Le mensonge et les vers de tout temps sont amis.
Mais je ne me crois pas si chéri du Parnasse
Que de savoir orner toutes ces fictions.
On peut donner du lustre à leurs inventions ;
On le peut, je l’essaie ; un plus savant le fasse.
Cependant jusqu’ici d’un langage nouveau
J’ai fait parler le Loup et répondre l’Agneau.
J’ai passé plus avant : les Arbres et les Plantes
Sont devenus chez moi créatures parlantes.
Qui ne prendrait ceci pour un enchantement ?
« Vraiment, me diront nos Critiques,
Vous parlez magnifiquement
De cinq ou six contes d’enfant.
- Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques
Et d’un style plus haut ? En voici : « Les Troyens,
« Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
« Avaient lassé les Grecs, qui par mille moyens,
« Par mille assauts, par cent batailles,
« N’avaient pu mettre à bout cette fière Cité,
« Quand un cheval de bois, par Minerve inventé,
« D’un rare et nouvel artifice,
« Dans ses énormes flancs reçut le sage Ulysse,
« Le vaillant Diomède, Ajax l’impétueux,
« Que ce Colosse monstrueux
« Avec leurs escadrons devait porter dans Troie,
« Livrant à leur fureur ses Dieux mêmes en proie :
« Stratagème inouï, qui des fabricateurs
« Paya la constance et la peine.  »
- C’est assez, me dira quelqu’un de nos Auteurs :
La période est longue, il faut reprendre haleine ;
Et puis votre Cheval de bois,
Vos Héros avec leurs Phalanges,
Ce sont des contes plus étranges
Qu’un Renard qui cajole un Corbeau sur sa voix :
De plus, il vous sied mal d’écrire en si haut style.
- Eh bien ! baissons d’un ton. « La jalouse Amarylle
« Songeait à son Alcippe, et croyait de ses soins
« N’avoir que ses Moutons et son Chien pour témoins.
« Tircis, qui l’aperçut, se glisse entre des saules ;
« Il entend la bergère adressant ces paroles
« Au doux Zéphire, et le priant
« De les porter à son Amant.
- Je vous arrête à cette rime,
Dira mon censeur à l’instant ;
Je ne la tiens pas légitime,
Ni d’une assez grande vertu :
Remettez, pour le mieux, ces deux vers à la fonte.
- Maudit censeur, te tairas-tu ?
Ne saurais-je achever mon conte ?
C’est un dessein très dangereux
Que d’entreprendre de te plaire.  »
Les délicats sont malheureux :

Rien ne saurait les satisfaire.

le poeme eploré se lamende

Publié à 07:25 par angeoudemongif Tags : homme fond coeur femme création dieu pensée
le poeme eploré se lamende

Le poëme éploré se lamente; le drame
Souffre, et par vingt acteurs répand à flots son âme;
Et la foule accoudée un moment s’attendrie,
Puis reprend: -Bah! l’auteur est un homme d’esprit,
— Qui, sur de faux héros lançant de faux tonnerres,
— Rit de nous voir pleurer leurs maux imaginaires.
— Ma femme, calme-toi; sèche tes yeux, ma soeur.-
La foule a tort: l’esprit c’est le coeur; le penseur
Souffre de sa pensée et se brûle à sa flamme.
Le poëte a saigné le sang qui sort du drame;
Tous ces êtres qu’il fait l’étreignent de leurs noeuds;
Il tremble en eux, il vit en eux, il meurt en eux;
Dans sa création le poëte tressaille;
Il est elle; elle est lui; quand dans l’ombre, il travaille,
Il pleure, et s’arrachant les entrailles, les met
Dans son drame, et, sculpteur, seul sur son noir sommet
Pétrit sa propre chair dans l’argile sacrée;
Il y renaît sans cesse, et ce songeur qui crée
Othello d’une larme, Alceste d’un sanglot,
Avec eux pêle-mêle en ses oeuvres éclôt.
Dans sa genèse immense et vraie, une et diverse,
Lui, le souffrant du mal éternel, il se verse,
Sans épuiser son flanc d’où sort une clarté.
Ce qui fait qu’il est dieu, c’est plus d’humanité.
Il est génie, étant, plus que les autres, homme.
Corneille est à Rouen, mais son âme est à Rome;
Son front des vieux Catons porte le mâle ennui.
Comme Shakspeare est pâle! avant Hamlet, c’est lui
Que le fantôme attend sur l’âpre plate-forme,
Pendant qu’à l’horizon surgit la lune énorme.
Du mal dont rêve Argan, Poquelin est mourant;
Il rit: oui, peuple, il râle! Avec Ulysse errant,
Homère éperdu fuit dans la brume marine.
Saint Jean frissonne: au fond de sa sombre poitrine,
L’Apocalypse horrible agite son tocsin.
Eschyle! Oreste marche et rugit dans ton sein,
Et c’est, ô noir poëte à la lèvre irritée,

Sur ton crâne géant qu’est cloué Prométhée.

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Publié à 07:02 par angeoudemongif Tags : image belle belle image
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