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Date de création : 09.08.2009
Dernière mise à jour : 31.01.2016
113496 articles


autre amoureuse

Publié à 11:30 par angeoudemongif Tags : nuit
autre amoureuse

Lorsque je vivais loin de vous,
Toujours triste, toujours en larmes,
Pour mon cœur malade et jaloux
Le sommeil seul avait des charmes.
Maintenant que tu m’appartiens
Et que mon cœur a sa pâture,
– Il ne m’est plus qu’une torture,
Le sommeil cher aux jours anciens.

Lorsque je dormais loin de vous,
Dans un rêve toujours le même,
Je vous voyais à mes genoux
Me dire chaque nuit : « Je t’aime ! »
Maintenant que tu m’appartiens,
Dans les bras chaque nuit je rêve
Que tu pars, qu’un méchant t’enlève

Et que je meurs quand tu reviens.

GIF EVA LONGORIA

Publié à 11:28 par angeoudemongif Tags : GIF EVA LONGORIA gif
GIF EVA LONGORIA

gif eva longoria

GIF EVA LONGORIA

Publié à 11:28 par angeoudemongif Tags : GIF EVA LONGORIA gif
GIF EVA LONGORIA

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Publié à 11:28 par angeoudemongif Tags : GIF EVA LONGORIA gif
GIF EVA LONGORIA

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la petite auto

Publié à 11:25 par angeoudemongif Tags : vie moi fond heureux nuit voyage chiens
la petite auto

Je n’oublierai jamais ce voyage nocturne où nul de nous ne dit un mot
O départ sombre où mouraient nos 3 phares
O nuit tendre d’avant la guerre
O villages où se hâtaient les
MARECHAUX-FERRANTS RAPPELES
ENTRE MINUIT ET UNE HEURE DU MATIN
Vers LISIEUX la très bleue
Ou bien
Versailles d’or
Et 3 fois nous nous arrêtâmes pour changer un pneu qui avait éclaté

Le 31 du mois d’Août 1914
je partis de Deauville un peu avant minuit
Dans la petite auto de Rouveyre

Avec son chauffeur nous étions trois

Nous dîmes adieu à toute une époque
Des Géants furieux se dressaient sur l’Europe
Les aigles quittaient leur aire attendant le soleil
Les poissons voraces montaient des abîmes
Les peuples accouraient pour se connaître à fond
Les morts tremblaient de peur dans leurs sombres demeures

Les chiens aboyaient vers là-bas où étaient les frontières
Je m’en allais portant en moi toutes ces armées qui se battaient
Je les sentaient monter en moi et s’étaler les contrées où elles
serpentaient
Avec les forêts les villages heureux de la Belgique
Francorchamps avec l’Eau Rouge et les pouhons
Région par où se font toujours les invasions
Artères ferroviaires où ceux qui s’en allaient mourir saluaient encore
une foie la vie colorée
Océans profonds où remuaient les monstres
Dans les vieilles carcasses naufragées

Hauteurs inimaginables où l’homme combat
Plus haut que l’aigle ne plane
L’homme y combat contre l’homme
Et descend tout à coup comme une étoile filante
Je sentais en moi des êtres neufs pleins de dextérité
Bâtir et aussi agencer un univers nouveau
Un marchant d’une opulence inouïe et d’une taille prodigieuse
Disposait un étalage extraordinaire
Et des bergers gigantesques menaient
De grands troupeaux muets qui broutaient les paroles
Et contre lesquels aboyaient tous les chiens sur la route

Et quand après avoir passé l’après-midi
Par Fontainebleau
Nous arrivâmes à Paris
Au moment où l’on affichait la mobilisation
Nous comprîmes mon camarade et moi
Que la petite auto nous avait conduits dans une époque Nouvelle
Et bien qu’étant déjà tous deux des hommes mûrs

Nous venions cependant de naître

le cure et le mort

Publié à 11:25 par angeoudemongif Tags : vie argent mort pensée
le cure et le mort

Un mort s’en allait tristement
S’emparer de son dernier gîte ;
Un Curé s’en allait gaiement
Enterrer ce mort au plus vite.
Notre défunt était en carrosse porté,
Bien et dûment empaqueté,
Et vêtu d’une robe, hélas ! qu’on nomme bière,
Robe d’hiver, robe d’été,
Que les morts ne dépouillent guère.
Le Pasteur était à côté,
Et récitait à l’ordinaire
Maintes dévotes oraisons,
Et des psaumes et des leçons,
Et des versets et des répons :
Monsieur le Mort, laissez-nous faire,
On vous en donnera de toutes les façons ;
Il ne s’agit que du salaire.
Messire Jean Chouart couvait des yeux son mort,
Comme si l’on eût dû lui ravir ce trésor,
Et des regards semblait lui dire :
Monsieur le Mort, j’aurai de vous
Tant en argent, et tant en cire,
Et tant en autres menus coûts.
Il fondait là-dessus l’achat d’une feuillette
Du meilleur vin des environs ;
Certaine nièce assez propette
Et sa chambrière Pâquette
Devaient voir des cotillons.
Sur cette agréable pensée
Un heurt survient, adieu le char.
Voilà Messire Jean Chouart
Qui du choc de son mort a la tête cassée :
Le Paroissien en plomb entraîne son Pasteur ;
Notre Curé suit son Seigneur ;
Tous deux s’en vont de compagnie.
Proprement toute notre vie ;
Est le curé Chouart, qui sur son mort comptait,

Et la fable du Pot au lait.

a nimes

Publié à 11:22 par angeoudemongif Tags : belle femme nuit rose cheval chevaux
a nimes

Je me suis engagé sous le plus beau des cieux
Dans Nice la Marine au nom victorieux

Perdu parmi 900 conducteurs anonymes
je suis un charretier du neuf charroi de Nîmes

L’Amour dit Reste ici Mais là-bas les obus
Épousent ardemment et sans cesse les buts

J’attends que le printemps commande que s’en aille
Vers le nord glorieux l’intrépide bleusaille

Les 3 servants assis dodelinent leurs fronts
Où brillent leurs yeux clairs comme mes éperons

Un bel après-midi de garde à l’écurie
J’entends sonner les trompettes d’artillerie

J’admire la gaieté de ce détachement
Qui va rejoindre au front notre beau régiment

Le territorial se mange une salade
À l’anchois en parlant de sa femme malade

4 pointeurs fixaient les bulles des niveaux
Qui remuaient ainsi que les yeux des chevaux

Le bon chanteur Girault nous chante après 9 heures
Un grand air d’opéra toi l’écoutant tu pleures

Je flatte de la main le petit canon gris
Gris comme l’eau de Seine et je songe à paris

Mais ce pâle blessé m’a dit à la cantine
Des obus dans la nuit la splendeur argentine

Je mâche lentement ma portion de boeuf
Je me promène seul le soir de 5 à 9

Je selle mon cheval nous battons la campagne

Je te salue au loin belle rose ô tour Magne

les souhaits

Publié à 11:21 par angeoudemongif Tags : fond chez heureux dieu jardin neige
les souhaits

Il est au Mogol des follets
Qui font office de valets,
Tiennent la maison propre, ont soin de l’équipage,
Et quelquefois du jardinage.
Si vous touchez à leur ouvrage,
Vous gâtez tout. Un d’eux près du Gange autrefois
Cultivait le jardin d’un assez bon Bourgeois.
Il travaillait sans bruit, avait beaucoup d’adresse,
Aimait le maître et la maîtresse,
Et le jardin surtout. Dieu sait si les zéphirs
Peuple ami du Démon l’assistaient dans sa tâche !
Le follet de sa part travaillant sans relâche
Comblait ses hôtes de plaisirs.
Pour plus de marques de son zèle,
Chez ces gens pour toujours il se fût arrêté,
Nonobstant la légèreté
A ses pareils si naturelle ;
Mais ses confrères les esprits
Firent tant que le chef de cette république,
Par caprice ou par politique,
Le changea bientôt de logis.
Ordre lui vient d’aller au fond de la Norvège
Prendre le soin d’une maison
En tout temps couverte de neige ;
Et d’Indou qu’il était on vous le fait lapon.
Avant que de partir l’esprit dit à ses hôtes :
On m’oblige de vous quitter :
Je ne sais pas pour quelles fautes ;
Mais enfin il le faut, je ne puis arrêter
Qu’un temps fort court, un mois, peut-être une semaine,
Employez-la ; formez trois souhaits, car je puis
Rendre trois souhaits accomplis,
Trois sans plus. Souhaiter, ce n’est pas une peine
Etrange et nouvelle aux humains.
Ceux-ci pour premier voeu demandent l’abondance ;
Et l’abondance, à pleines mains,
Verse en leurs coffres la finance,
En leurs greniers le blé, dans leurs caves les vins ;
Tout en crève. Comment ranger cette chevance ?
Quels registres, quels soins, quel temps il leur fallut !
Tous deux sont empêchés si jamais on le fut.
Les voleurs contre eux complotèrent ;
Les grands Seigneurs leur empruntèrent ;
Le Prince les taxa ! Voilà les pauvres gens
Malheureux par trop de fortune.
Otez-nous de ces biens l’affluence importune,
Dirent-ils l’un et l’autre ; heureux les indigents !
La pauvreté vaut mieux qu’une telle richesse.
Retirez-vous, trésors, fuyez ; et toi Déesse,
Mère du bon esprit, compagne du repos,
O médiocrité, reviens vite. A ces mots
La médiocrité revient ; on lui fait place,
Avec elle ils rentrent en grâce,
Au bout de deux souhaits étant aussi chanceux
Qu’ils étaient, et que sont tous ceux
Qui souhaitent toujours et perdent en chimères
Le temps qu’ils feraient mieux de mettre à leurs affaires.
Le follet en rit avec eux.
Pour profiter de sa largesse,
Quand il voulut partir et qu’il fut sur le point,
Ils demandèrent la sagesse :

C’est un trésor qui n’embarrasse point.

reponse a un acte d accusation

reponse a un acte d accusation

Donc, c’est moi qui suis l’ogre et le bouc émissaire.
Dans ce chaos du siècle où votre coeur se serre,
J’ai foulé le bon goût et l’ancien vers françois
Sous mes pieds, et, hideux, j’ai dit à l’ombre: -Sois!-
Et l’ombre fut. — Voilà votre réquisitoire.
Langue, tragédie, art, dogmes, conservatoire,
Toute cette clarté s’est éteinte, et je suis
Le responsable, et j’ai vidé l’urne des nuits.
De la chute de tout je suis la pioche inepte;
C’est votre point de vue. Eh bien, soit, je l’accepte;
C’est moi que votre prose en colère a choisi;
Vous me criez: Racca; moi je vous dis: Merci!
Cette marche du temps, qui ne sort d’une église
Que pour entrer dans l’autre, et qui se civilise;
Ces grandes questions d’art et de liberté,
Voyons-les, j’y consens, par le moindre côté,
Et par le petit bout de la lorgnette. En somme,
J’en conviens, oui, je suis cet abominable homme;
Et, quoique, en vérité, je pense avoir commis,
D’autres crimes encor que vous avez omis.
Avoir un peu touché les questions obscures,
Avoir sondé les maux, avoir cherché les cures,
De la vieille ânerie insulté les vieux bâts,
Secoué le passé du haut jusques en bas,
Et saccagé le fond tout autant que la forme.
Je me borne à ceci: je suis ce monstre énorme,
Je suis le démagogue horrible et débordé,
Et le dévastateur du vieil A B C D;
Causons.

Quand je sortis du collége, du thème,
Des vers latins, farouche, espèce d’enfant blême
Et grave, au front penchant, aux membres appauvris;
Quand, tâchant de comprendre et de juger, j’ouvris
Les yeux sur la nature et sur l’art, l’idiome,
Peuple et noblesse, était l’image du royaume;
La poésie était la monarchie; un mot
Était un duc et pair, ou n’était qu’un grimaud;
Les syllabes, pas plus que Paris et que Londre,
Ne se mêlaient; ainsi marchent sans se confondre
Piétons et cavaliers traversant le pont Neuf;
La langue était l’état avant quatre-vingt-neuf;
Les mots, bien ou mal nés, vivaient parqués en castes:
Les uns, nobles, hantant les Phèdres, les Jocastes,
Les Méropes, ayant le décorum pour loi,
Et montant à Versaille aux carrosses du roi;
Les autres, tas de gueux, drôles patibulaires,
Habitant les patois; quelques-uns aux galères
Dans l’argot; dévoués à tous les genres bas,
Déchirés en haillons dans les halles; sans bas,
Sans perruque; créés pour la prose et la farce;
Populace du style au fond de l’ombre éparse;
Vilains, rustres, croquants, que Vaugelas leur chef
Dans le bagne Lexique avait marqué d’une F;
N’exprimant que la vie abjecte et familière,
Vils, dégradés, flétris, bourgeois, bons pour Molière.
Racine regardait ces marauds de travers;
Si Corneille en trouvait un blotti dans son vers,
Il le gardait, trop grand pour dire: Qu’il s’en aille;
Et Voltaire criait: Corneille s’encanaille!
Le bonhomme Corneille, humble, se tenait coi.
Alors, brigand, je vins; je m’écriai: Pourquoi
Ceux-ci toujours devant, ceux-là toujours derrière?
Et sur l’Académie, aïeule et douairière,
Cachant sous ses jupons les tropes effarés,
Et sur les bataillons d’alexandrins carrés,
Je fis souffler un vent révolutionnaire.
Je mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire.
Plus de mot sénateur! plus de mot roturier!
Je fis une tempête au fond de l’encrier,
Et je mêlai, parmi les ombres débordées,
Au peuple noir des mots l’essaim blanc des idées;
Et je dis: Pas de mot où l’idée au vol pur
Ne puisse se poser, tout humide d’azur!
Discours affreux! — Syllepse, hypallage, litote,
Frémirent; je montai sur la borne Aristote,
Et déclarai les mots égaux, libres, majeurs.
Tous les envahisseurs et tous les ravageurs,
Tous ces tigres, les Huns les Scythes et les Daces,
N’étaient que des toutous auprès de mes audaces;
Je bondis hors du cercle et brisai le compas.
Je nommai le cochon par son nom; pourquoi pas?
Guichardin a nommé le Borgia! Tacite
Le Vitellius! Fauve, implacable, explicite,
J’ôtai du cou du chien stupéfait son collier
D’épithètes; dans l’herbe, à l’ombre du hallier,
Je fis fraterniser la vache et la génisse,
L’une étant Margoton et l’autre Bérénice.
Alors, l’ode, embrassant Rabelais, s’enivra;
Sur le sommet du Pinde on dansait Ça ira;
Les neuf muses, seins nus, chantaient la Carmagnole;
L’emphase frissonna dans sa fraise espagnole;
Jean, l’ânier, épousa la bergère Myrtil.
On entendit un roi dire: -Quelle heure est-il?-
Je massacrais l’albâtre, et la neige, et l’ivoire,
Je retirai le jais de la prunelle noire,
Et j’osai dire au bras: Sois blanc, tout simplement.
Je violai du vers le cadavre fumant;
J’y fis entrer le chiffre; ô terreur! Mithridate
Du siége de Cyzique eût pu citer la date.
Jours d’effroi! les Laïs devinrent des catins.
Force mots, par Restaut peignés tous les matins,
Et de Louis-Quatorze ayant gardé l’allure,
Portaient encor perruque; à cette chevelure
La Révolution, du haut de son beffroi,
Cria: -Transforme-toi! c’est l’heure. Remplis-toi
— De l’âme de ces mots que tu tiens prisonnière!-
Et la perruque alors rugit, et fut crinière.
Liberté! c’est ainsi qu’en nos rébellions,
Avec des épagneuls nous fîmes des lions,
Et que, sous l’ouragan maudit que nous soufflâmes,
Toutes sortes de mots se couvrirent de flammes.
J’affichai sur Lhomond des proclamations.
On y lisait: -Il faut que nous en finissions!
— Au panier les Bouhours, les Batteux, les Brossettes
— A la pensée humaine ils ont mis les poucettes.
— Aux armes, prose et vers! formez vos bataillons!
— Voyez où l’on en est: la strophe a des bâillons!
— L’ode a des fers aux pieds, le drame est en cellule.
— Sur le Racine mort le Campistron pullule!-
Boileau grinça des dents; je lui dis: Ci-devant,
Silence! et je criai dans la foudre et le vent:
Guerre à la rhétorique et paix à la syntaxe!
Et tout quatre-vingt-treize éclata. Sur leur axe,
On vit trembler l’athos, l’ithos et le pathos.
Les matassins, lâchant Pourceaugnac et Cathos,
Poursuivant Dumarsais dans leur hideux bastringue,
Des ondes du Permesse emplirent leur seringue.
La syllabe, enjambant la loi qui la tria,
Le substantif manant, le verbe paria,
Accoururent. On but l’horreur jusqu’à la lie.
On les vit déterrer le songe d’Athalie;
Ils jetèrent au vent les cendres du récit
De Théramène; et l’astre Institut s’obscurcit.
Oui, de l’ancien régime ils ont fait tables rases,
Et j’ai battu des mains, buveur du sang des phrases,
Quand j’ai vu par la strophe écumante et disant
Les choses dans un style énorme et rugissant,
L’Art poétique pris au collet dans la rue,
Et quand j’ai vu, parmi la foule qui se rue,
Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit,
La lettre aristocrate à la lanterne esprit.
Oui, je suis ce Danton! je suis ce Robespierre!
J’ai, contre le mot noble à la longue rapière,
Insurgé le vocable ignoble, son valet,
Et j’ai, sur Dangeau mort, égorgé Richelet.
Oui, c’est vrai, ce sont là quelques-uns de mes crimes.
J’ai pris et démoli la bastille des rimes.
J’ai fait plus: j’ai brisé tous les carcans de fer
Qui liaient le mot peuple, et tiré de l’enfer
Tous les vieux mots damnés, légions sépulcrales;
J’ai de la périphrase écrasé les spirales,
Et mêlé, confondu, nivelé sous le ciel
L’alphabet, sombre tour qui naquit de Babel;
Et je n’ignorais pas que la main courroucée
Qui délivre le mot, délivre la pensée.

L’unité, des efforts de l’homme est l’attribut.
Tout est la même flèche et frappe au même but.

Donc, j’en conviens, voilà, déduits en style honnête,
Plusieurs de mes forfaits, et j’apporte ma tête.
Vous devez être vieux, par conséquent, papa,
Pour la dixième fois j’en fais meâ culpâ.
Oui, si Beauzée est dieu, c’est vrai, je suis athée.
La langue était en ordre, auguste, époussetée,
Fleur-de-lys d’or, Tristan et Boileau, plafond bleu,
Les quarante fauteuils et le trône au milieu;
Je l’ai troublée, et j’ai, dans ce salon illustre,
Même un peu cassé tout; le mot propre, ce rustre,
N’était que caporal: je l’ai fait colonel;
J’ai fait un jacobin du pronom personnel;
Dur participe, esclave à la tête blanchie,
Une hyène, et du verbe une hydre d’anarchie.
Vous tenez le reum confitentem. Tonnez!
J’ai dit à la narine: Eh mais! tu n’es qu’un nez!
J’ai dit au long fruit d’or: Mais tu n’es qu’une poire!
J’ai dit à Vaugelas: Tu n’es qu’une mâchoire!
J’ai dit aux mots: Soyez république! soyez
La fourmilière immense, et travaillez! Croyez,
Aimez, vivez! — J’ai mis tout en branle, et, morose,
J’ai jeté le vers noble aux chiens noirs de la prose.

Et, ce que je faisais, d’autres l’ont fait aussi;
Mieux que moi. Calliope, Euterpe au ton transi,
Polymnie, ont perdu leur gravité postiche.
Nous faisons basculer la balance hémistiche.
C’est vrai, maudissez-nous. Le vers, qui, sur son front
Jadis portait toujours douze plumes en rond,
Et sans cesse sautait sur la double raquette
Qu’on nomme prosodie et qu’on nomme étiquette,
Rompt désormais la règle et trompe le ciseau,
Et s’échappe, volant qui se change en oiseau,
De la cage césure, et fuit vers la ravine,
Et vole dans les cieux, alouette divine.

Tous les mots à présent planent dans la clarté.
Les écrivains ont mis la langue en liberté.
Et, grâce à ces bandits, grâce à ces terroristes,
Le vrai, chassant l’essaim des pédagogues tristes,
L’imagination, tapageuse aux cent voix,
Qui casse des carreaux dans l’esprit des bourgeois;
La poésie au front triple, qui rit, soupire
Et chante, raille et croit; que Plaute et Shakspeare
Semaient, l’un sur la plebs, et l’autre sur le mob;
Qui verse aux nations la sagesse de Job
Et la raison d’Horace à travers sa démence;
Qu’enivre de l’azur la frénésie immense,
Et qui, folle sacrée aux regards éclatants,
Monte à l’éternité par les degrés du temps,
La muse reparaît, nous reprend, nous ramène,
Se remet à pleurer sur la misère humaine,
Frappe et console, va du zénith au nadir,
Et fait sur tous les fronts reluire et resplendir
Son vol, tourbillon, lyre, ouragan d’étincelles,
Et ses millions d’yeux sur ses millions d’ailes.

Le mouvement complète ainsi son action.
Grâce à toi, progrès saint, la Révolution
Vibre aujourd’hui dans l’air, dans la voix, dans le livre;
Dans le mot palpitant le lecteur la sent vivre;
Elle crie, elle chante, elle enseigne, elle rit,
Sa langue est déliée ainsi que son esprit.
Elle est dans le roman, parlant tout bas aux femmes.
Elle ouvre maintenant deux yeux où sont deux flammes,
L’un sur le citoyen, l’autre sur le penseur.
Elle prend par la main la Liberté, sa soeur,
Et la fait dans tout homme entrer par tous les pores.
Les préjugés, formés, comme les madrépores,
Du sombre entassement des abus sous les temps,
Se dissolvent au choc de tous les mots flottants,
Pleins de sa volonté, de son but, de son âme.
Elle est la prose, elle est le vers, elle est le drame;
Elle est l’expression, elle est le sentiment,
Lanterne dans la rue, étoile au firmament.
Elle entre aux profondeurs du langage insondable;
Elle souffle dans l’art, porte-voix formidable;
Et, c’est Dieu qui le veut, après avoir rempli
De ses fiertés le peuple, effacé le vieux pli
Des fronts, et relevé la foule dégradée,

Et s’être faite droit, elle se fait idée!

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Publié à 11:17 par angeoudemongif Tags : GIF BIP BIP ET VIL COYOTE gif
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