Paysage d'hiver

Tempête

Tout comme un immense essaim de diamants
Aux milliards de facettes scintillantes
La neige qui tombe en poussières d’argent
Recouvre les champs d’une blancheur éclatante

Le sentier s’ouvre comme un porche ténébreux
Dans la clarté douteuse de ce jour naissant
Les faîtes s’habillent d’un voile mystérieux
Qui se hausse et se baisse agité brusquement

Une grisaille sans nom vient tout envelopper
Les flocons tombent dru nivelant les hauteurs
Les bises cinglantes se mettent à souffler
Comme une horde déchaînée de vieilles terreurs

Les bruits fendent l’air à grands coups de dent
Les nuées se meuvent comme des ombres en colère
Les rameaux ploient l’échine sous la force du vent
Derrière la poudrerie s’amoncellent les congères

Les vagues se succèdent avec une rare violence
Des sapins se hérissent pour freiner leurs élans
Un vieux tremble s’abat au cœur de la tourmente
Les affres se suivent comme dans un feu roulant

Un érable est la proie d’une poussée brutale
Ses branches craquent sous la morsure du froid
Les tourbillons virevoltent en formes spectrales
Qui s’avancent serrées comme des bêtes aux abois

Le temps semble pris d’une folie meurtrière
La forêt blessée pousse de longs hurlements
Sous l’emprise de démons aux allures guerrières
Un grand pin solitaire gémit tristement

Les rafales se déploient imitant la démence
Se lancent à l’assaut de maisons isolées
Au plus fort du chaos la terre se lamente
Sur ses vastes étendues devenues désolées

Les bourrasques grondent en roulement de tonnerre
Se déplacent dans le ciel à un rythme effarant
Des sons stridents déchirent l’atmosphère
La tempête rugit comme un monstre terrifiant
(poème publié par Libertaire )

Paysage d'hiver

Les mots du vent d'hiver

En novembre,
Un vent austère parle aux rosiers.
Aussitôt, des pétales se fanent, des feuilles passent du vert à l’ambre,
Des roses meurent.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En décembre,
Le temps s’alourdit,
le ciel se couvre de cendre.
Dans une ruelle,
un clochard prie.
Il vit dehors jour et nuit.
Une idée noire l’envahit.
Tel un mauvais sort planant sur lui,
une bourrasque vint à son ouïe.
Puis à l’aube, la neige l’ensevelit,
ne laissant de lui, que l’antre de son lit.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
Janvier fut vite passé,
Le vent a soufflé sur les arbres et les cheminées
poussant la neige à barrer les routes.
Du fond de son terrier,
une loutre n’avait plus rien à manger.
Sortie un jour de pluie,
une rafale l’aborda.
Semblant désemparée,
Du haut d’un gouffre elle s’est jetée,
avec comme seule mémoire une larme gelée sur le sol.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En février, mois de l’amour,
le vent d’hiver court toujours.
Marie souffre car tous les couples se font la cour,
Elle feuillette un album souvenir,
de beaux moments se changent soudain en douleur.
On peut entendre un soupir venant de son cœur.
Elle s’accroche avec ardeur à l’espoir et se met à courir pour trouver de la chaleur.
Mais le vent hivernal était proche.
Son espoir s’estompa en une brise glaciale.
Elle jeûna et se laissa mourir,
étendue au centre de la salle.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En ce jour de mars,
mon cœur est lourd.
Les remords me hantent et me rendent sourd
car tout l’hiver j’ai été froid et vautour,
Changeant le sol en glace et choisissant mes proies sur les traces du désespoir,
Sans vraiment savoir la force de mon pouvoir,
j’ai poussé les gens à croire en leur mauvais sort,
J’ai eu tort,
l’horreur a assez duré, mon heure a sonné.
Condamné par le temps,
je m’envole vers les aurores.


Enigmo

Paysage d'hiver en Somme

Paysage d'hiver en Somme

Paysage d'hiver en Somme

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Paysage d'hiver 

Paysage d'hiver 

Paysage d'hiver