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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour : 15.10.2017
124619 articles


Les contes de Grimm

Conte de grimm -La gardeuse d'oies près de la fontaine

Publié à 19:20 par lusile17 Tags : neige femme bonne amour belle chez fille travail mort fleur rose enfant pensée
Conte de grimm -La gardeuse d'oies près de la fontaine

La gardeuse d'oies près de la fontaine

 

Tremblant comme la feuille du peuplier, elle courut vers la maison. La vieille était debout à la porte, et la jeune fille voulut lui conter ce qui lui était arrivé; mais la vieille sourit de bonne grâce et dit: “Je sais tout déjà.” Elle la conduisit dans la chambre et alluma quelques copeaux. Mais elle ne se rassit pas près de son rouet; elle prit un balai et commença à balayer et à épousseter. “Tout doit être propre et net ici, dit-elle à la jeune fille. “Mais, ma mère,” reprit celle-ci, “pourquoi commencer ce travail à une heure si avancée? Quelle est votre pensée? – “Sais-tu quelle heure il est?” demanda la vieille. “Il n’est pas encore minuit,” répondit la jeune fille, “mais onze heures sont passées.” - “Ne songes-tu pas,” continua la vieille, “qu’il y a aujourd’hui trois ans que tu es venue chez moi? Ton temps est fini; nous ne pouvons plus rester ensemble.” La jeune fille fut tout effrayée et dit: “Ah! bonne mère, voulez-vous me chasser? Où irai-je? Je n’ai point d’amis, point de patrie où je puisse chercher un asile. J’ai fait tout ce que vous avez voulu, et vous avez toujours été contente de moi; ne me renvoyez pas.” La vieille ne voulait pas dire à la jeune fille ce qui allait lui arriver. “Je ne peux rester ici plus longtemps,” lui dit-elle, “mais quand je quitterai ce logis, il faut que la maison et la chambre soient propres; ne m’arrête donc point dans mon travail. Pour toi, sois sans inquiétude; tu trouveras un toit où tu pourras habiter, et tu seras contente, aussi de la récompense que je te donnerai.” - “Mais dites-moi ce qui va se passer,” demanda encore la jeune fille. “Je te le répète, ne me trouble pas dans mon travail. Ne dis pas un mot de plus; va dans ta chambre, quitte la peau qui couvre ta figure, et prends ta robe de soie que tu portais quand tu es venue chez moi; puis reste dans ta chambre jusqu’à ce que je t’appelle.”

Le comte resta trois jours égaré dans la solitude avant de pouvoir retrouver son chemin. Enfin, il arriva à une grande ville, et comme il n’y était connu de personne, il se fit conduire au palais du roi, où le prince et sa femme étaient assis sur un trône. Le comte mit un genou en terre, tira de sa poche la boite en émeraude et la déposa aux pieds de la reine. Elle lui commanda de se lever, et il vint lui présenter la boite. Mais à peine l’avait-elle ouverte et y avait-elle regardé, qu’elle tomba à terre comme morte. Le comte fut saisi par les serviteurs du roi, et il allait être conduit en prison, quand la reine ouvrit les yeux et ordonna qu’on le laissât libre et que chacun sortît, parce qu’elle voulait l’entretenir en secret.

Quand la reine fat seule, elle se mit à pleurer amèrement et dit: “À quoi me servent l’éclat et les honneurs qui m’environnent? Tous les matins je m’éveille dans les soucis et l’affliction. J’ai eu trois filles, dont la plus jeune était si belle, que tout le monde la regardait comme une merveille. Elle était blanche comme la neige, rose comme la fleur du pommier, et ses cheveux brillaient comme les rayons du soleil. Quand elle pleurait, ce n’était pas des larmes qui tombaient de ses yeux, mais des perles et des pierres précieuses. Lorsqu’elle fut arrivée à l’âge de quinze ans, le roi fit venir ses trois filles devant son trône. Il aurait fallu voir comme on ouvrait les yeux quand la plus jeune entra; on croyait assister au lever du soleil. Le roi dit: ‘Mes filles, je ne sais pas quand viendra mon dernier jour; je veux régler dès aujourd’hui ce que chacune de vous recevra après ma mort. Vous m’aimez toutes les trois, mais celle de vous qui m’aime le mieux aura aussi la meilleure part.’ Chacune dit que c’était elle qui aimait le mieux son père. ‘Ne pourriez-vous,’ reprit le roi, ‘m’exprimer combien vous m’aimez? Je saurai ainsi quels sont vos sentiments.’ L’aînée dit: ‘J’aime mon père comme le sucre le plus délicieux.’ La seconde: ‘J’aime mon père comme le plus beau vêtement.’ Mais la plus jeune garda le silence. ‘Et toi,’ lui dit son père, ‘comment m’aimes-tu?’ - ‘Je ne sais pas,’ répondit-elle, ‘et ne puis comparer mon amour à rien.’ Mais le père insista pour qu’elle désignât un objet. Enfin elle dit: ‘Le meilleur mets n’a pas de goût pour moi sans sel, eh bien! J’aime mon père comme le sel.’ Quand le roi entendit cela, il entra en colère et dit: ‘Puisque tu m’aimes comme le sel, c’est avec du sel aussi que je récompenserai ton amour.’ Il partagea donc son royaume entre les deux aînées; mais pour la plus jeune il lui fit attacher un sac de sel sur le dos, et deux serviteurs eurent ordre de la conduire dans une forêt sauvage. Nous avons tous pleuré et prié pour elle,” dit la reine, “mais il n’y a pas eu moyen d’apaiser la colère du roi. Comme elle a pleuré, quand il lui a fallu nous quitter! Toute la route a été semée de perles qui étaient tombées de ses yeux. Le roi n’a pas tardé à se repentir de sa dureté, et a fait chercher la pauvre enfant dans toute la forêt, mais personne n’a pu la trouver. Quand je pense que les bêtes sauvages l’ont mangée, je n’en puis plus de tristesse; souvent je me console par l’espérance qu’elle vit encore, qu’elle s’est cachée dans une caverne ou qu’elle a trouvé une retraite chez des gens charitables. Mais imaginez que, quand j’ai ouvert votre boite d’émeraude, elle renfermait une perle toute semblable à celles qui coulaient des yeux de ma fille, et alors vous pouvez comprendre combien à cette vue mon cœur a été touché. Il faut que vous me disiez comment vous êtes arrivé à posséder cette perle.” Le comte lui apprit qu’il l’avait reçue de la vieille de la forêt, qui lui avait paru avoir quelque chose d’étrange et devait être une sorcière, mais qu’il n’avait rien vu ni entendu qui eût rapport à sa fille. Le roi et la reine prirent la résolution d’aller trouver la vieille; ils pensaient que là où s’était rencontrée la perle, ils obtiendraient aussi des nouvelles de leur enfant.

La vieille, dans sa solitude, était assise à la porte près de son rouet et filait. Il faisait déjà sombre, et quelques copeaux qui brûlaient dans l’âtre ne répandaient qu’une faible clarté. Tout à coup on entendit du bruit au dehors; les oies revinrent de la bruyère au logis, en poussant leur cri le plus enroué. Bientôt après la fille entra à son tour. La vieille la salua à peine et se contenta de secouer un peu la tête. La fille s’assit près d’elle, prit son rouet et tourna le fil aussi légèrement qu’une jeune fille aurait pu le faire. Elles restèrent ainsi assises pendant deux heures, sans dire un seul mot. Enfin quelque chose fit du bruit près de la fenêtre, et on y vit briller deux yeux flamboyants. C’était une vieille chouette, qui cria trois fois: “Hou, hou.” La vieille leva à peine les yeux et dit: “Il est temps, ma fille, que tu sortes pour aller faire ta tâche.”

Elle se leva et sortit. Où allait-elle donc? Loin, bien loin dans la prairie, jusqu’à la vallée. Enfin elle arriva au bord d’une fontaine, près de laquelle se trouvaient trois chênes. Cependant la lune avait monté ronde et pleine et au-dessus de la montagne, et elle était si brillante qu’on aurait pu trouver une épingle. La fille enleva une peau qui couvrait son visage, se pencha vers la fontaine et commença à se laver. Quand elle eut fini, elle plongea la peau dans l’eau de la source, et l’étendit sur l’herbe pour qu’elle blanchit et séchât au clair de lune. Mais comme la fille était changée! Vous n’avez jamais rien vu de semblable. Quand elle eut détaché sa tresse grise, ses cheveux dorés étincelèrent comme des rayons de soleil et s’étendirent comme un manteau sur toute sa personne. Ses yeux luisaient comme les étoiles au ciel, et ses joues avaient l’éclat doucement rosé de la fleur du pommier.

Mais la belle jeune fille était triste. Elle s’assit et pleura amèrement. Les larmes tombaient l’une après l’autre de ses yeux et roulaient entre ses longs cheveux jusqu’à terre. Elle était là, et elle fût demeurée ainsi longtemps si le bruit de quelques branches qui craquaient dans un arbre voisin ne fût arrivé à ses oreilles. Elle bondit comme un chevreuil qui a entendu le coup de fusil du chasseur. La lune était justement voilée par un nuage sombre; en un instant la jeune fille se trouva recouverte de la vieille peau et disparut comme une lumière soufflée par le vent.

 

SUITE.............

Conte de grimm -La gardeuse d'oies près de la fontaine

Publié à 19:16 par lusile17 Tags : femme bonne belle nuit fille rose enfant mer ange
Conte de grimm -La gardeuse d'oies près de la fontaine

 La gardeuse d'oies près de la fontaine

 

Mais il faut que je revienne à parler du roi et de la reine, qui étaient partis avec le comte pour aller trouver la vieille dans sa solitude. Le comte s’était séparé d’eux pendant la nuit et se trouvait forcé de continuer sa route tout seul. Le lendemain, il lui sembla qu’il était dans le bon chemin; il marcha donc jusqu’à l’approche des ténèbres; alors il monta sur un arbre pour y passer la nuit, car il craignait de s’égarer. Quand la lune éclaira le pays, il aperçut une personne qui descendait la montagne. Elle n’avait point de baguette à la main; pourtant il crut reconnaître que c’était la gardeuse d’oies qu’il avait vue dans la maison de la vieille. “Oh!” dit-il, “elle vient, et je vois ici une des deux sorcières; l’autre ne peut pas non plus m’échapper.” Mais quel fut son étonnement, quand il la vit s’approcher de la fontaine, se dépouiller de la peau pour se laver, quand ses cheveux dorés se déroulèrent sur elle, et qu’elle se montra belle plus qu’il n’avait vu aucune femme au monde! A peine osait-il respirer, mais il allongeait le cou à travers le feuillage autant qu’il pouvait, et il la regardait sans détourner les yeux; soit qu’il se fût penché trop, ou pour une autre cause, une branche vint à craquer tout à coup, et au même instant la jeune fille se trouva cachée sous la peau; elle bondit comme un chevreuil, et la lune s’étant voilée en ce moment, elle fut dérobée à son regard.

A peine avait-elle disparu que le comte descendit de l’arbre et se mit à la poursuivre en toute hâte. Il n’avait fait que quelques pas, lorsqu’il vit dans le crépuscule deux personnes qui marchaient à travers la prairie. C’étaient le roi et la reine, qui de loin avaient aperçu une lumière dans la maison de la vieille, et s’étaient dirigés de ce côté. Le comte leur raconta quelles merveilles il avait vues près de la fontaine, et ils ne doutèrent point que celle dont il parlait ne fût leur fille perdue. Ils avancèrent tout joyeux, et arrivèrent bientôt à la maison. Les oies étaient rangées alentour; elles dormaient la tête cachée sous les ailes, et aucune ne bougeait. Ils regardèrent en dedans du logis par la fenêtre et aperçurent la vieille qui était assise tranquillement et filait, penchant la tête et sans détourner les yeux. Tout était propre dans la chambre, comme si elle eût été habitée par ces petits sylphes aériens qui n’ont point de poussière à leurs pieds. Mais ils ne virent point leur fille. Ils considérèrent tout cela pendant quelques instants; enfin ils prirent courage et frappèrent doucement à la fenêtre. On eût dit que la vieille les attendait, car elle se leva et cria d’une voix amicale: “Entrez, je vous connais.” Quand ils furent entrés dans la chambre, la vieille dit: “Vous auriez pu vous épargner cette longue route, si vous n’aviez pas, il y a trois ans, renvoyé injustement votre fille, qui est si bonne et si gracieuse. Elle n’y a rien perdu, car elle a pendant trois ans gardé les oies: durant tout ce temps-là, elle n’a rien appris de mauvais et a conservé la pureté de son cœur. Mais vous êtes suffisamment punis par l’inquiétude où vous avez vécu.” Puis elle s’approcha de la chambre et dit: “Sors, ma chère enfant.” La porte s’ouvrit, et la fille du roi sortit vêtue de sa robe de soie, avec des cheveux dorés et ses yeux brillants; on aurait dit un ange qui descendait du ciel.

Elle courut vers son père et sa mère, s’élança à leur cou et les embrassa; tous pleurèrent de joie, sans pouvoir s’en empêcher. Le jeune comte se tenait près d’eux, et, quand elle le vit, son visage devint rouge comme une rose moussue; elle-même ne savait pas pourquoi. Le roi dit: “Chère enfant, j’ai partagé mon royaume, que pourrai-je te donner?” - “Elle n’a besoin de rien,” dit la vieille, “je lui donne les larmes qu’elle a versées pour vous; ce sont autant de perles plus belles que celles qu’on trouve dans la mer, et elles sont d’un plus grand prix que tout votre royaume. Et pour récompense de ses services je lui donne ma petite maison.” Comme elle achevait ses mots, la vieille disparut. Ils entendirent les murs craquer légèrement, et, comme ils se retournaient, la petite maison se trouva changée en un palais superbe: une table royale était servie et des domestiques allaient et venaient alentour.

La belle fille du roi se maria au comte, qu’ils restèrent ensemble dans le palais, et qu’ils y vécurent dans la plus grande félicité aussi long temps que Dieu voulut. Si les oies blanches, qui étaient gardées près de la maison, étaient autant de jeunes filles (ne vous avisez point d’y entendre malice), que la vieille avait recueillies près d’elle, si elles reprirent leur figure humaine et restèrent en qualité de suivantes près de la jeune reine, c’est ce que je ne sais pas bien, mais je le conjecture. Ce qui est certain, c’est que la vieille n’était point une sorcière, mais une bonne fée qui ne voulait que le bien. Probablement c’était elle aussi qui avait accordé à la fille du roi, dès sa naissance, le don de pleurer des perles au lieu de larmes. Cela ne se voit plus aujourd’hui; sans cela les pauvres seraient bientôt devenus riches.

FIN

 

Conte de grimm -Chat et souris associés

Publié à 16:56 par lusile17 Tags : roman bonne chat hiver chaton
Conte de grimm -Chat et souris associés

 Chat et souris associés

 

Le chat fit la connaissance d'une souris. Il l'assura si bien que ses sentiments envers elle étaient amicaux et chaleureux que la souris se laissa convaincre et finit par accepter de vivre avec le chat, sous le même toit. «Il nous faudra faire nos réserves de nourriture pour l'hiver,» dit le chat, «sinon nous risquons de mourir de faim. Toi, ma petite souris, tu ne peux pas aller partout, tu pourrais te faire prendre dans un piège.» C'était une bonne idée. Ils achetèrent alors un petit pot de saindoux mais ne savaient pas où le cacher. Ils réfléchirent longtemps et, finalement, le chat décida: «Sais-tu ce que nous allons faire? Nous le cacherons dans l'église; on ne peut imaginer meilleure cachette! Personne n'oserait emporter quelque chose d'une église. Nous poserons le pot sous l'autel et nous ne l'entamerons qu'en cas de nécessité absolue.» Ils portèrent donc le pot en ce lieu sûr, mais très vite le chat eut envie de saindoux. Il dit à la souris: «Je voulais te dire, ma petite souris, ma cousine m'a demandé d'être le parrain de leur petit dernier. Ils ont eu un petit, blanc avec des taches marron et je dois le tenir pendant le baptême. Laisse-moi y aller, et occupe-toi aujourd'hui de la maison toute seule, veux-tu?» - «Bien sûr, sans problème,» acquiesça la souris, «vas-y, si tu veux, et pense à moi quand tu mangeras des bonnes choses. J'aurais bien voulu, moi aussi, goûter de ce bon vin doux qu'on donne aux jeunes mamans.» Mais tout cela était faux; le chat n'avait pas de cousine et personne ne lui avait demandé d'être parrain. Il s'empressa d'aller à l'église, rampa jusqu'au petit pot de saindoux et lécha jusqu'à avoir mangé toute la graisse du dessus. Ensuite, il partit se promener sur les toits pour voir ce qui se passait dans le monde, et puis surtout pour trouver encore quelque chose de bon à manger. Puis il s'allongea au soleil. Et chaque fois qu'il se souvenait du petit pot de saindoux, il se léchait les babines et se caressait la moustache. Il ne rentra à la maison que dans la soirée. «Te voilà enfin de retour!» l'accueillit la petite souris. «T'es-tu bien amusé? Vous avez dù bien rire.» - «Oui, ce n'était pas mal,» répondit le chat. «Et quel nom avez-vous donné à ce chaton?» demanda la souris. «Sanledessu,» répondit sèchement le chat. «Sanledessu?» chicota la souris, «quel drôle de nom! Assez rare, dirais-je. Est-il courant dans votre famille?» - «Tu peux dire ce que tu veux,» rétorqua le chat, «mais ce n'est pas pire que Volemiettes, le nom de tes filleuls.»

chat et souris

 

Conte de grimm -Chat et souris associés

Publié à 16:46 par lusile17 Tags : chat chaton nuit enfant hiver bébé
Conte de grimm -Chat et souris associés

                                         Chat et souris associés

 

Peu de temps après, le chat se sentit de nouveau l'eau venir à la bouche. «Sois gentille,» supplia-t-il, «occupe-toi encore une fois de la maison toute seule. Fais cela pour moi, petite souris; on m'a encore demandé d'être le parrain. Le chaton a une collerette blanche au cou, je ne peux pas refuser.» La gentille souris fut d'accord. Et le chat se glissa à travers le mur de la ville, s'introduisit dans l'église et vida la moitié du pot de saindoux. «Rien à faire,» se dit-il, «c'est bien meilleur quand on mange tout seul.» Et il se félicita de son exploit. Lorsqu'il arriva à la maison, la petite souris demanda: «Comment avez-vous baptisé le bébé?» - «Miparti,» répondit le chat. «Miparti? Pas possible! je n'ai jamais entendu un nom pareil. Je parie qu'il n'est même pas dans le calendrier.»

Le chat ne tarda pas à se sentir de nouveau l'eau à la bouche en pensant au pot de saindoux. «Jamais deux sans trois,» dit-il à la souris. «On me demande de nouveau d'être le parrain. L'enfant est tout noir, seules les pattes sont blanches, elles mis à part, il n'a pas un seul poil blanc. Un enfant comme ça ne nait qu'une fois par siècle ! Tu me laisseras y aller, n'est-ce pas?» - «Sanledessu! Miparti!» répondit la souris, «ce sont des noms si étranges. Cela ne s'est jamais vu. Ils me trottent dans la tête sans arrêt.» - «C'est parce que tu restes tout le temps ici, avec ta vilaine robe gris foncé à longue natte, tu passes toutes tes journées enfermée ici, pas étonnant que tout se brouille dans ta tête, dit le chat. Voilà ce qui arrive quand on passe sa vie dans ses pantoufles.» Le chat parti, la petite souris fit le ménage dans toute la maison. Pendant ce temps-là, le chat gourmand vida entièrement le pot de saindoux. «Et voilà,» pensa-t-il, «maintenant que j'ai tout mangé, je ne serai plus tenté.» Si repu qu'il s'essoufflait en marchant, il ne rentra à la maison que la nuit, mais serein. La petite souris lui demanda aussitôt le nom du troisième chaton. «Je suis sûr que tu n'aimeras pas,» répondit le chat. «Il s'appelle Toufini.» - «Toufini!» chicota la souris. «Cela parait suspect, ce nom ne me dit rien qui vaille. Je ne l'ai jamais vu imprimé quelque part. Toufini! Qu'est ce que cela veut dire, en fait?» Elle hocha la tête, se roula en boule et s'endormit.

Depuis ce jour, plus personne n'invita le chat à un baptême. L'hiver arriva, et dehors, il n'y avait rien à manger. La petite souris se rappela qu'ils avaient quelque chose en réserve. «Viens, mon chat, allons chercher notre pot de saindoux que nous avons caché pour les temps durs. On va se régaler.» - «Tu te régaleras, tu te régaleras,» marmonna le chat, «cela sera comme si tu sortais ta petite langue fine par la fenêtre.» Ils s'en allèrent et lorsqu'ils arrivèrent dans l'église, le pot était toujours à sa place mais vide. «Ça y est,» dit la souris, «je comprends tout, j'y vois clair à présent. Tu parles d'un ami! Tu as tout mangé quand tu allais faire le parrain: d'abord Sanledessu, puis Miparti et pour finir…» - «Tais-toi,» coupa le chat, «encore un mot et je te mange!»

Mais la petite souris avait le «Toufini» sur la langue, et à peine l'eut-elle prononcé que le chat lui sauta dessus, l'attrapa et la dévora. Eh oui, ainsi va le monde.

Les frères Grimm                                              

                                                                                       FIN

 

Conte de grimm -Les lutins

Publié à 12:30 par lusile17 Tags : argent femme bonne nuit travail cadeaux
Conte de grimm -Les lutins

                                Les lutins et le cordonnier

 

C'était un cordonnier qui était devenu si pauvre, sans qu’il y eût de sa faute, qu’à la fin, il ne lui reste à plus de cuir que pour une seule et unique paire de chaussures. Le soir, donc, il le découpa, comptant se remettre au travail le lendemain matin et finir cette paire de chaussures ; et quand son cuir fût taillé, il alla se coucher, l'âme en paix et la conscience en repos ; il se recommanda au bon Dieu et s'endormit.
Au lieu du cuir le lendemain matin, après avoir fait sa prière, il voulait se remettre au travail quand il vit, sur son établi, les souliers tout faits et complètement finis. Il en fut tellement étonné qu'il ne savait plus que dire. Il prit les chaussures en main et les examina de près : le travail était impeccable et si finement fait qu'on eût dit un chef-d’œuvre : pas le moindre point qui ne fut parfait. Un acheteur arriva peu après, trouva les souliers fort à son goût et les paya plus cher que le prix habituel.

 Avec l'argent, le cordonnier put acheter assez de cuir pour faire deux paires de chaussures, qu'il tailla le soir même, pensant les achever le lendemain en s’y mettant de bonne heure. Mais le matin, quand il arriva au travail, les deux paires de souliers étaient faites, posées sur son établi, sans qu'il se fût donné la moindre peine ; au surplus, les acheteurs ne lui manquèrent point non plus : et c’étaient de vrais connaisseurs, car il lui laissèrent assez d'argent pour qu'il pût acheter de quoi faire quatre paires de chaussures. Et ces quatre paires-là aussi, il les trouva finies le matin quand il venait, plein de courage, pour se mettre au travail. Et comme par la suite, il en alla toujours de même et que ce qu’il avait coupé le soir se trouvait fait le lendemain matin, le cordonnier se trouva non seulement tiré de la misère, mais bientôt dans une confortable aisance qui touchait presque à la richesse.
Peu de temps avant la Noël, un soir, après avoir taillé et découpé son cuir, le cordonnier dit à sa femme au moment d'aller au lit : « Dis donc, si nous restions éveillés cette nuit pour voir qui nous apporte ainsi son assistance généreuse ? »
L’ épouse en fut heureuse et alluma une chandelle neuve, puis ils allèrent se cacher, tous les deux, derrière les vêtements de la penderie et où ils restèrent à guetter. À minuit, arrivèrent deux mignons petits nains tout nus qui s'installèrent à l'établi et qui, tirant à eux les coupes de cuir, se mirent de leur agiles petits doigts à monter et piquer, coudre et clouer les chaussures avec des gestes d'une prestesse et d'une perfection telles qu'on n’arrivait pas à les suivre, ni même à comprendre comment c'était possible. Ils ne s'arrêtèrent pas dans leur travail avant d'avoir tout achevé et aligné les chaussures sur l'établi ; puis ils disparurent tout aussi prestement.
Le lendemain matin, l'épouse dit au cordonnier :
- Ces petits hommes nous ont apporté la richesse, nous devrions leur montrer notre reconnaissance : ils sont tout nus et il doivent avoir froid à courir ainsi. Sais-tu quoi ? Je vais leur coudre de petits caleçons et de petites chemises, de petites culottes et de petites vestes et je tricoterai pour eux de petites chaussettes ; toi, tu leur feras à chacun une petite paire de souliers pour aller avec.
- Cela, dit le mari, je le ferai avec plaisir !
Et le soir, quand ils eurent tout fini, ils déposèrent leurs cadeaux sur l’établi, à la place du cuir découpé qui s'y entassait d'habitude, et ils allèrent se cacher de nouveaux pour voir comment ils recevraient leur présent. À minuit, les lutins arrivèrent en sautillant pour se mettre au travail ; quand ils trouvèrent sur l'établi, au lieu du cuir, les petits vêtements préparés pour eux, ils marquèrent de l'étonnement d'abord, puis une grande joie à voir les jolies petites choses, dont ils ne tardèrent pas à s'habiller des pieds à la tête en un clin d’œil, pour se mettre aussitôt à chanter :
Maintenant nous voilà comme de vrais dandys !
Pourquoi jouer encor les cordonniers ici ?

Joyeux et bondissants, ils se mirent à danser dans l'atelier, à gambader comme de petits fous, sautant par-dessus chaises et bancs, pour gagner finalement la porte et s'en aller, toujours dansant. Depuis lors, on ne les a plus revus ; mais pour le cordonnier tout alla bien jusqu'à son dernier jour, et tout lui réussit dans ses activités comme dans ses entreprises.

 

Conte de grimm -Les lutins

Publié à 12:17 par lusile17 Tags : enfants chez bonne travail
Conte de grimm -Les lutins

                                 Les lutins

                                    II

Il y avait une fois une pauvre servante qui était travailleuse et propre, qui balayait soigneusement chaque jour la maison et portait les ordures sur un grand tas devant la porte. Un matin, de bonne heure, comme elle arrivait déjà pour se mettre au travail, elle y trouva une lettre ; mais comme elle ne savait pas lire, elle laissa son balai dans un coin, ce matin-là, et alla montrer la lettre à ses maîtres. C'était une invitation des lutins qui demandaient à la servante de servir de marraine à l’un de leurs enfants. Elle n'était pas décidée et ne savait que faire, mais à la fin, après beaucoup de paroles, ses maîtres réussirent à la convaincre qu’on ne pouvait pas refuser une invitation de cette sorte, et elle l’admit. Trois lutins vinrent la chercher pour la conduire dans une montagne creuse où vivaient les petits hommes. Tout y était petit, mais si délicat, si exquis qu’on ne peut pas le dire. L’accouchée reposait dans un lit noir d’ébène poli, à rosaces de perles, avec des couvertures brodées d'or ; le minuscule berceau était d'ivoire et la baignoire d'or massif.
La servante tint l’enfant sur les fonts baptismaux, puis voulu s'en retourner chez ses maîtres mais les lutins la prièrent instamment de demeurer trois jours avec eux. Elle accepta et demeura ces trois jours, qu'elle passa en plaisir est en joie, car les petits hommes la comblèrent de tous ce qu'elle aimait. Quand enfin elle voulut prendre le chemin du retour, ils lui bourrèrent les poches d'or et l’accompagnèrent gentiment au bas de la montagne. Arrivée à la maison, comme elle pensait avoir perdu assez de temps, elle s'en alla tout droit chercher le balai qui était toujours dans son coin. Elle commençait à balayer, quand des gens qu'elle n'avait jamais vus descendirent et virent lui demander qui elle était et ce qu'elle désirait. Parce que ce n'étaient pas trois jours, mais bien sept ans q’elle avait passés chez les petits hommes de la montagne ; et ses anciens patrons étaient morts dans l'intervalle.

Conte de grimm -Les lutins

Publié à 18:03 par lusile17 Tags : roman image chez article enfant blog femme
 Conte de grimm -Les lutins

                    Les lutins             

                      

                       III

 

Une mère avait eu son enfant enlevé du berceau par les lutins qui, qui avaient mis à sa place un petit monstre à grosse tête avec le regard fixe, occupé seulement de boire et de manger. Dans sa détresse, elle alla demander conseil à sa voisine, qui lui dit de porter le petit monstre à la cuisine, de l'installer devant la cheminée et d'allumer le feu pour faire bouillir de l'eau dans deux coquilles d’œuf : « Le monstre ne pourra pas s'empêcher de rire, lui dit-elle, et dès l'instant qu'il rit, c'en est fini de lui. »
La femme fit tout ce que sa voisine lui avait dit de faire, et Grosse-Tête, en la voyant mettre l'eau à bouillir dans des coquilles d’œufs, parla :

Moi qui suis vieux pourtant

Comme les bois de Prusse,
Je n'avais jamais vu cuisiner et dans un œuf !

 

Et le voilà qui éclate de rire, et il riait encore quand déjà surgissaient toute une foule de lutins qui rapportèrent le véritable enfant, l’installèrent devant le feu et emportèrent avec eux le monstre à grosse tête.

 

Conte de Grimm-La clé d'or

Publié à 17:56 par lusile17 Tags : bonne hiver neige

LA CLÉ D'OR

Un hiver, comme le pays tout entier était recouvert de neige, on envoya un pauvre garçon chercher du bois. Avant même d'en avoir ramassé et d'en avoir chargé sa luge, il était déjà gelé comme une grive. Il se dit alors qu'avant de rentrer à la maison, il allait allumer un petit feu pour se réchauffer.
Il écarta la neige et, en tâtonnant par terre, il trouva une petite clé d'or. « Une clé n'est jamais loin d'une serrure », se dit-il. Il commença à gratter de plus en plus profondément et, en effet, il découvrit une petite boîte en fer. « Pourvu que la clé puisse l'ouvrir, pensa-t- il, elle contient certainement des objets de grande valeur. »
Il chercha le trou de la serrure mais ne le trouva pas ; il finit toutefois par le découvrir ; mais le trou était si petit que le garçon avait failli ne pas le voir.
Il essaya la clé et, par bonheur, c'était la bonne. Il la fit tourner une fois - et maintenant, nous devons attendre qu'il ouvre complètement et qu'il soulève le couvercle ; ce n'est qu'après que nous saurons quels trésors il a trouvés dans la boîte.
 

 

Conte des frères Grimm-Les trois fileuses

Publié à 17:28 par lusile17 Tags : amitié voiture femme belle fille travail femmes enfant
Conte des frères Grimm-Les trois fileuses

Il était une fois une pareLes trois fileuseslsseura avec de gros sanglots. Justement la reine passait par là. Elle fit arrêter son carrosse, entra dans la maison et demanda à la mère pourquoi elle battait ainsieut ho Il  était une jeune fille paresseuse qui ne voulait pas filer. Sa mère avait beau se mettre en colère, elle n'en pouvait rien tirer. Un jour elle en perdit tellement patience qu'elle alla jusqu'à lui donner des coups, et la fille se mit à pleurer tout haut. Justement la reine passait par là ; en entendant les pleurs, elle fit arrêter sa voiture, et, entrant dans la maison, elle demanda à la mère pourquoi elle frappait sa fille si durement que les cris de l'enfant s'entendaient jusque dans la rue. La femme eut honte de révéler la paresse de sa fille, et elle dit: « Je ne peux pas lui ôter son fuseau; elle veut toujours et sans cesse filer, et dans ma pauvreté je ne peux pas suffire à lui fournir du lin. »
    La reine répondit: « Rien ne me plaît plus que la quenouille; le bruit du rouet me charme; donnez-moi votre fille dans mon palais; j'ai du lin en quantité; elle y filera tant qu'elle voudra. » La mère y consentit de tout son cœur, et la reine emmena la jeune fille.
    Quand on fut arrivé au palais, elle la conduisit dans trois chambres qui étaient remplies du plus beau lin depuis le haut jusqu'en bas. « File-moi tout ce lin, lui dit-elle, et quand tout sera fini, je te ferai épouser mon fils aîné. Ne t'inquiète pas de ta pauvreté, ton zèle pour le travail te sera une dot suffisante. »
    La jeune fille ne dit rien, mais intérieurement elle était consternée; car eût-elle travaillé pendant trois cents ans sans s'arrêter, depuis le matin jusqu'au soir, elle ne serait pas venue à bout de ces énormes tas d'étoupe. Quant elle fut seule, elle se mit à pleurer, et resta ainsi trois jours sans faire œuvre de ses doigts. Le troisième jour, la reine vint la visiter; elle fut fort étonnée en voyant qu'il n'y avait rien de fait; mais la jeune fille s'excusa en alléguant son chagrin d'avoir quitté sa mère. La reine voulut bien se contenter de cette raison; mais elle dit en s'en allant: « Allons, il faut commencer demain à travailler. »
    Quand la jeune fille se retrouva seule, ne sachant plus que faire, dans son trouble, elle se mit à la fenêtre, et elle vit venir à elle trois femmes, dont la première avait un grand pied plat ; la seconde une lèvre inférieure si grande et si tombante qu'elle couvrait et dépassait le menton ; et la troisième, un pouce large et aplati. Elles se plantèrent devant la fenêtre, les yeux tournés vers la chambre, et demandèrent à la jeune fille ce qu'elle voulait. Elle leur conta ses chagrins; les trois femmes lui offrirent de l'aider. « Si tu nous promets, lui dirent-elles, de nous inviter à ta noce, de nous nommer tes cousines sans rougir de nous, et de nous faire asseoir à ta table, nous allons te filer ton lin, et ce sera bientôt fini.
    — De tout mon cœur, répondit-elle ; entrez, et commencez tout de suite. »
    Elle introduisit ces trois singulières femmes et débarrassa une place dans la première chambre pour les installer; elles se mirent à l'ouvrage. La première filait l'étoupe et faisait tourner le rouet; la seconde mouillait le fil; la troisième le tordait et l'appuyait sur la table avec son pouce, et, à chaque coup de pouce qu'elle donnait, il y avait par terre un écheveau de fil le plus fin. Chaque fois que la reine entrait, la jeune fille cachait ses fileuses et lui montrait ce qu'il y avait de travail de fait, et la reine n'en revenait pas d'admiration. Quand la première chambre fut vidée, elles passèrent à la seconde, puis à la troisième, qui fut bientôt terminée aussi. Alors les trois femmes s'en allèrent en disant à la jeune fille : « N'oublie pas ta promesse ; tu t'en trouveras bien. »
    Lorsque la jeune fille eut montré à la reine les chambres vides et le lin filé, on fixa le jour des noces. Le prince était ravi d'avoir une femme si habile et si active, et il l'aimait avec ardeur.
    « J'ai trois cousines, dit-elle, qui m'ont fait beaucoup de bien, et que je ne voudrais pas négliger dans mon bonheur; permettez-moi de les inviter à ma noce et de les faire asseoir à notre table. » La reine et le prince n'y virent aucun empêchement. Le jour de la fête, les trois femmes arrivèrent en équipage magnifique, et la mariée leur dit : « Chères cousines, soyez les bienvenues.
    — Ah! lui dit le prince, tu as là des parentes bien laides. »
    Puis s'adressant à celle qui avait le pied plat, il lui dit : « D'où vous vient ce large pied?
    — D'avoir fait tourner le rouet, répondit-elle, d'avoir fait tourner le rouet. »
    A la seconde : « D'où vous vient cette lèvre pendante?
    — D'avoir mouillé le fil, d'avoir mouillé le fil.»
    Et à la troisième : « D'où vous vient ce large pouce?
    — D'avoir tordu le fil, d'avoir tordu le fil. »
    Le prince, effrayé de cette perspective, déclara que jamais dorénavant sa belle épouse ne toucherait à un rouet, et ainsi elle fut délivrée de cette odieuse occupation
r sa  et dit :
- Je ne peux pas lui ôter son fuseau et elle accapare tout le
int la voit c'est ainsi que la jeune filleConte des frères Grimm n'eut plus jamais à faire ce qu'elle détestait.

Conte de Grimm -Jorinde et Joringel

Publié à 17:08 par lusile17 Tags : femme belle chez homme fille mort oiseau
Conte de Grimm -Jorinde et Joringel

Jorinde et Joringel

 

Il était une fois un vieux château au cœur d’une grande forêt épaisse où vivait toute seule une vieille femme qui était une très grande magicienne. Le jour, elle se transformait en chatte ou en chouette, mais le soir elle reprenait ordinairement forme humaine. Elle avait le pouvoir d’attirer les oiseaux et le gibier, et elle les tuait ensuite pour les faire cuire et rôtir. Si quelqu’un approchait du château à plus de cent pas, il était forcé de s’arrêter et ne pouvait plus bouger de là tant qu’elle ne l’avait pas délivré d’une formule magique : mais si une pure jeune fille entrait dans ce cercle de cent pas, elle la métamorphosait en oiseau, puis elle l’enfermait dans une corbeille qu’elle portait dans une chambre du château. Elle avait bien sept mille corbeilles de cette sorte dans le château avec un oiseau aussi rare dans chacune d’elle.
Or, il était une fois une jeune fille qui s’appelait Jorinde ; elle était plus belle que toues les autres filles. Et puis il y avait un très beau jeune homme nommé Joringel : ils s’étaient promis l’un à l’autre. Ils étaient au temps de leurs fiançailles et leur plus grand plaisir était d’être ensemble.

Un jour, ils allèrent se promener dans la forêt afin de pouvoir parler en toute intimité.
- Garde-toi, dit Joringel, d’aller aussi près du château.

C’était une belle soirée, le soleil brillait entre les troncs d’arbres, clair sur le vert sombre de la forêt, et la tourterelle chantait plaintivement sur les vieux hêtres. Jorinde pleurait par moment, elle s’asseyait au soleil et gémissait ; Joringel gé.missait lui-aussi. Ils étaient aussi consternés que s’ils allaient mourir ; ils regardaient autour d’eux, ils étaient perdus et ne savaient pas quelle direction ils devaient prendre pour rentrer chez eux. Il y avait encore une moitié de soleil au-dessus de la montagne, l’autre était déjà derrière. Joringel regarda à travers les taillis et vit la vieille muraille du château tout près de lui ; il fut pris d’épouvante et envahi par une angoisse mortelle. Jorinde se mit à chanter :

Mon petit oiseau bagué du rouge anneau,
Chante douleur, douleur :
Te voilà chantant sa mort au tourtereau,
Chante douleur, doul...tsitt, tsitt, tsitt.

 suite..................