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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour :
15.10.2017
124619 articles
Automne
La rivière s'écoule avec lenteur. Ses eaux
Murmurent, près du bord, aux souches des vieux aulnes
Qui se teignent de sang ; de hauts peupliers jaunes
Sèment leurs feuilles d'or parmi les blonds roseaux.
Le vent léger, qui croise en mobiles réseaux
Ses rides d'argent clair, laisse de sombres zones
Où les arbres, plongeant leurs dômes et leurs cônes,
Tremblent, comme agités par des milliers d'oiseaux.
Par instants se répète un cri grêle de grive,
Et, lancé brusquement des herbes de la rive,
Étincelle un joyau dans l'air limpide et bleu ;
Un chant aigu prolonge une note stridente ;
C'est le martin-pêcheur qui fuit d'une aile ardente
Dans un furtif rayon d'émeraude et de feu.
Jules Breton
Matin brumeux d'automne
L'automne
Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone.
Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure
Et je m'en vais
Au vent mauvais
Qui m'emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.
Paul Verlaine
Rêverie d'automne
Mon regard se remplit des couleurs alentour,
Les vignes endimanchées se parent de mille atours.
Le coucher du soleil aux reflets orangés
A imprégné leurs feuilles de parures dorées.
Le lierre ensanglanté rougit sous le soleil
Et l’arbre du jardin a pris ses tons vermeils.
Les feuilles doucement se préparent à mourir
Elles songent en rêvant à leurs beaux souvenirs.
La caresse du vent qui venait les bercer,
Les rayons de soleil, les oiseaux qui chantaient,
Les fleurs déjà fanées voudraient bien retenir
Les moments de leur vie trop courts ,sans avenir
J'irai marcher demain, m'énivrer de leur teint....
Je marcherai longtemps ,sans but et sans dessein,
Dans cette solitude, parcourant les chemins,
Mon âme tourmentée pourra croire en demain.
Brigitisis
Rêves d'Automne
Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure !
Feuillages jaunissants sur les gazons épars !
Salut, derniers beaux jours ! le deuil de la nature
Convient à la douleur et plaît à mes regards !
Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire,
J'aime à revoir encore, pour la dernière fois,
Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière
Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois !
Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire,
A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits,
C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire
Des lèvres que la mort va fermer pour jamais !
Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie,
Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui
Je me retourne encore et d'un regard d'envie
Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui !
Peut-être l'avenir me gardait-il encore
Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ?
Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore
Aurait compris mon âme et m'aurait répondu ? ...
La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphyr ;
A la vie, au soleil, ce sont là mes adieux ;
Moi, je meurs et mon âme au moment qu'elle expire,
S'exhale comme un son triste et mélodieux.
Alphonse de Lamartine
Sonnet d’automne
Ils me disent, tes yeux, clairs comme le cristal :
” Pour toi, bizarre amant, quel est donc mon mérite ? “
- Sois charmante et tais-toi ! Mon coeur, que tout irrite,
Excepté la candeur de l’antique animal,
Ne veut pas te montrer son secret infernal,
Berceuse dont la main aux longs sommeils m’invite,
Ni sa noire légende avec la flamme écrite.
Je hais la passion et l’esprit me fait mal !
Aimons-nous doucement. L’Amour dans sa guérite,
Ténébreux, embusqué, bande son arc fatal.
Je connais les engins de son vieil arsenal :
Crime, horreur et folie ! - Ô pâle marguerite !
Comme moi n’es-tu pas un soleil automnal,
Ô ma si blanche, ô ma si froide Marguerite ?
Charles Baudelaire, Les fleurs du mal
Les colchiques
Le pré est vénéneux mais joli en automne
Les vaches y paissant
Lentement s'empoisonnent
Le colchique couleur de cerne et de lilas
Y fleurit tes yeux sont comme cette fleur-là
Violâtres comme leur cerne et comme cet automne
Et ma vie pour tes yeux lentement s'empoisonne
Les enfants de l'école viennent avec fracas
Vêtus de hoquetons et jouant de l'harmonica
Ils cueillent les colchiques qui sont comme des mères
Filles de leurs filles et sont couleur de tes paupières
Qui battent comme les fleurs battent au vent dément
Le gardien du troupeau chante tout doucement
Tandis que lentes et meuglant les vaches abandonnent
Pour toujours ce grand pré mal fleuri par l'automne
Guillaume Apollinaire, Alcools
Paysage d'automne
L’AUTOMNE
Le ciel lentement se rapproche
Le vent balaie les amours
Les mots doux au fond des poches
Il fait un peu frais
Approchent les heures sombres
Cloîtrées sous un toit opaque
Il est trop tôt pour faire un feu
Trop tard pour la sieste douce
Les pieds dans les flaques
Quelques marcheurs partent sans hâte
Chercher des champignons
Sous les arbres roux
Je n’aime pas l’automne
Ses couleurs trop vives
Ce n’est pas ce qui m’enivre
Non, je n’aime pas l’automne
Je veux voir ton pied nu
Et rêver sans retenue
Mais l’automne a tout enclos
Les corps
Les âmes coureuses
Mes délires d’amoureuse
Peut-être malgré tout
Te moquant de l’automne
Resteras-tu encore pieds nus
Et moi tête nue
J’irai vagabonder dans tes quartiers
J’irai vagabonder
Qui sait après tout ?
Claire-Lise Coux, extrait du recueil « Les rues fantasques »