«Ni putes, ni soumises (NPNS) en Pays de Gex ? Mais il n’y a pas de cité ici!» Cette réflexion souvent entendue ne rend pas justice à l’action du comité gessien, qui a un rayon d’action qui dépasse largement celui des seules banlieues où a été créée l’association nationale en 2003.
Le comité gessien se situe en effet en première ligne de l’aide sociale aux femmes dans une grande région qui va jusqu’à Annemasse. «Ce sont d’ailleurs souvent les services sociaux des mairies qui nous envoient des femmes en situation difficile» explique Geneviève Sarfati, présidente de NPNS depuis mars.
L’an passé, l’association a eu à gérer environ 80 nouveaux cas, qui ont débouché sur 512 entretiens avec les trois professionnelles de l’association, une juriste à plein temps, une éducatrice à mi-temps et une physiothérapeuthe-naturopathe à tiers-temps.
Reste que les chiffres seuls ne disent pas la complexité et l’utilité des missions de NPNS. La typologie des cas reflète en effet la violence cachée d’un Pays de Gex aisé, mais où la misère sociale existe aussi. «Nous avons des femmes qui subissent des violences physiques et psychologiques, d’autres des mariages forcés et des mariages par procuration, des cas de viol dans la famille également».
Bref, des prises en charge lourdes.
Des cas d’esclavage moderne
Et il ne faut surtout pas penser que cette violence est l’apanage d’un milieu social. Elle se rencontre au contraire dans toutes les couches de la société. Certaines des situations les plus difficiles ont été vues dans le milieu des fonctionnaires internationaux. «Nous avons eu à gérer des cas d’esclavage moderne, des femmes étrangères à qui l’on a fait miroiter le mariage et qui en fait, se retrouvent esclaves ménagères et sexuelles. Puis, quand l’homme n’en a plus besoin, elles sont abandonnées, souvent sans papiers».
C’est là qu’intervient NPNS, en offrant une prise en charge psychologique, mais aussi administrative, voire juridique si la victime en éprouve le besoin car le tribunal n’est pas toujours aisé à saisir dans les affaires complexes. Les professionnelles d’une association qui garantit toujours l’anonymat proposent, les femmes disposent. Et ce à toute heure du jour et de la nuit puisque le téléphone est toujours ouvert.
En marge de cette action de “Samu social”, l’association essaye aussi d’agir du côté de la prévention, portant des valeurs comme la laïcité via des conférences ou d’interventions dans les lycées comme à Jeanne d’Arc à Gex.
Reste que l’association n’a pas d’énormes moyens. Il est d’ailleurs un peu dommage de voir le faible soutien des collectivités locales du Pays de Gex vu l’immensité des tâches accomplies par NPNS...