  le ciel est blanc et strié d'éclairs, la pluie bat le pavé de la grande avenue et le tonnerre gronde.

J'ai froid, je suis détrempée et les gouttes gelées coulent sur mon visage et dessinent sur ma peau des sillons transparents.

Les arbres sont recouverts d'une multitude de perles argentées, comme si ce soir, le cœur du monde était en fête et qu'il avait sortit sa parure de diamants, son ornement précieux.

Je marche, les yeux perdus dans le blanc du ciel plat.

Rien ne devrait troubler ce moment et le silence qui règne dans la rue sombre et vide devrait durer toute la vie.

Un beau silence de deuil. Un silence d'église, un silence d'obsèques, un silence mélodieux. Un silence plus doux que les plus belles musiques du monde.

Je suis nostalgique. Et la mélancolie étant le poison de l'âme, je suis anéantie.

Je marche dans les flaques, la rue est inondée, je suis inondée.

Un homme est à sa fenêtre, il regarde le spectacle fabuleux que la nature lui offre.

Une femme cours sous la pluie battante, elle tient un journal au dessus de sa tête, ses talons frappent le sol mouillé et font naître mille éclats d'eau.

Ça ne devrait jamais s'arrêter. La pluie, le ciel blanc, les rues désertes, les femmes qui courent avec de talons, l'éclosion de mille particules d'eau sur un sol jonché de feuilles mortes. Jamais cela ne devrait cesser.

C'est si beau, c'est si doux. Doux comme une main d'enfant sur un visage ridé, doux comme un sourire de femme, doux comme un bain d'eau chaude après un orage, doux comme un chocolat chaud dans un gobelet en plastique, doux comme un caramel mou, doux comme la mort...tout ce qu'il y a de plus doux au monde est dans ce temps, dans ce ciel, dans ce silence.

Vive la Normandie ! bise.
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