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Date de création : 07.05.2008
Dernière mise à jour :
30.06.2017
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A Bacharach il y avait une sorcière blonde
Qui laissait mourir d’amour tous les hommes à la ronde
Devant son tribunal l’évêque la fit citer
D’avance il l’absolvit à cause de sa beauté
O belle Loreley aux yeux pleins de pierreries
De quel magicien tiens-tu ta sorcellerie
Je suis lasse de vivre et mes yeux sont maudits
Ceux qui m’ont regardée évêque en ont péri
Mes yeux ce sont des flammes et non des pierreries
Jetez jetez aux flammes cette sorcellerie
Je flambe dans ces flammes Ô belle Loreley
Qu’un autre te condamne tu m’as ensorcelé
Evêque vous riez Priez plutôt pour moi la Vierge
Faites-moi donc mourir et que Dieu vous protège
Mon amant est parti pour un pays lointain
Faites-moi donc mourir puisque je n’aime rien
Mon coeur me fait si mal il faut bien que je meure
Si je me regardais il faudrait que j’en meure
Mon coeur me fait si mal depuis qu’il n’est plus là
Mon coeur me fit si mal du jour où il s’en alla
L’évêque fit venir trois chevaliers avec leurs lances
Menez jusqu’au couvent cette femme en démence
Va t’en Lore en folie va Lore aux yeux tremblants
Tu seras une nonne vêtue de noir et blanc
Puis ils s’en allèrent sur la route tous les quatre
La Loreley les implorait et ses yeux brillaient comme des astres
Chevaliers laissez-moi monter sur ce rocher si haut
Pour voir une fois encore mon beau château
Pour me mirer une fois encore dans le fleuve
Puis j’irai au couvent des vierges et des veuves
Là-haut le vent tordait ses cheveux déroulés
Les chevaliers criaient Loreley Loreley
Tout là-bas sur le Rhin s’en vient une nacelle
Et mon amant s’y tient il m’a vue il m’appelle
Mon coeur devient si doux c’est mon amant qui vient
Elle se penche alors et tombe dans le Rhin
Pour avoir vu dans l’eau la belle Loreley
Ses yeux couleur du Rhin ses cheveux de soleil
A l’heure d’amour, l’autre soir,
La Mort près de moi vint s’asseoir ;
S’asseoir, près de moi, sur ma couche.
En silence, elle s’accouda.
Sur mes yeux clos elle darda
Son grand œil noir, lascif et louche ;
Puis, comme l’amante à l’amant,
Elle mit amoureusement
Sa bouche sur ma bouche !
« Viens, dit le spectre en m’enlaçant,
« Viens sur mon cœur, viens dans mon sang
« Savourer de longues délices.
« Viens ; la couche, ô mon bien-aimé !
« A son oreiller parfumé,
« Ses draps chauds comme des pelisses.
« Nous nous chérirons nuit et jour :
« Nos âmes sont deux fleurs d’amour,
« Nos lèvres deux calices. »
Je crus, sur mon front endormi,
Sentir passer un souffle ami
D’une saveur déjà connue.
J’eus un rêve délicieux.
Je lui dis, sans ouvrir les yeux :
« Chère, vous voilà revenue !
« Vous voilà ! mon cœur rajeunit.
« Fauvette, qui revient au nid,
« Sois-y la bienvenue.
« Sans remords comme sans pitié,
« Méchante, on m’avait oublié ;
« Allons, venez, Mademoiselle.
« Je consens à vous pardonner,
« Mais avant, je veux enchaîner
« Ma folle petite gazelle. »
Et, comme je lui tends les bras,
Le spectre me répond tout bas :
« C’est moi…ce n’est pas elle… »
« – C’est toi, la Mort ! eh bien ! tant mieux.
« Mon âme est veuve ; mon cœur vieux,
« J’avais besoin d’une maîtresse.
« Une tombe est un rendez-vous
« Comme un autre ; prélassons-nous
« Dans une éternelle caresse ! »
Je l’embrasse ; elle se défend,
Recule et me dit : « Cher enfant,
« Attends, rien ne nous presse !…
« Gardons-nous pour des temps meilleurs ;
« Mais aujourd’hui, je cherche ailleurs
« Des amoureux en hécatombe.
« Ailleurs, je vais me reposer
« Et couper en deux le baiser
« D’un ramier et de sa colombe !
« Sois heureux, tu me reverras ;
« Sois amoureux, et tu seras
« Mûr pour la tombe ! »