Paysages d'hiver

Paysage d'hiver

Les mots du vent d'hiver

En novembre,
Un vent austère parle aux rosiers.
Aussitôt, des pétales se fanent, des feuilles passent du vert à l’ambre,
Des roses meurent.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En décembre,
Le temps s’alourdit,
le ciel se couvre de cendre.
Dans une ruelle,
un clochard prie.
Il vit dehors jour et nuit.
Une idée noire l’envahit.
Tel un mauvais sort planant sur lui,
une bourrasque vint à son ouïe.
Puis à l’aube, la neige l’ensevelit,
ne laissant de lui, que l’antre de son lit.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
Janvier fut vite passé,
Le vent a soufflé sur les arbres et les cheminées
poussant la neige à barrer les routes.
Du fond de son terrier,
une loutre n’avait plus rien à manger.
Sortie un jour de pluie,
une rafale l’aborda.
Semblant désemparée,
Du haut d’un gouffre elle s’est jetée,
avec comme seule mémoire une larme gelée sur le sol.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En février, mois de l’amour,
le vent d’hiver court toujours.
Marie souffre car tous les couples se font la cour,
Elle feuillette un album souvenir,
de beaux moments se changent soudain en douleur.
On peut entendre un soupir venant de son cœur.
Elle s’accroche avec ardeur à l’espoir et se met à courir pour trouver de la chaleur.
Mais le vent hivernal était proche.
Son espoir s’estompa en une brise glaciale.
Elle jeûna et se laissa mourir,
étendue au centre de la salle.
Nul ne sait ce que le vent a dit.
En ce jour de mars,
mon cœur est lourd.
Les remords me hantent et me rendent sourd
car tout l’hiver j’ai été froid et vautour,
Changeant le sol en glace et choisissant mes proies sur les traces du désespoir,
Sans vraiment savoir la force de mon pouvoir,
j’ai poussé les gens à croire en leur mauvais sort,
J’ai eu tort,
l’horreur a assez duré, mon heure a sonné.
Condamné par le temps,
je m’envole vers les aurores.


Enigmo