Château d'Eaucourt-sur-Somme
Le château situé dans la commune d' Eaucourt-sur-Somme, est valorisé par une association spécialisée depuis 1983 en travaux d'aménagement du site et de restauration des vestiges
Le château semblerait avoir été construit au XIIIe siècle puisque le pouillé diocésain de 1301 parle de la chapelle Sainte Margherite du château et la désigne ainsi « Aqua curte » (littéralement : le fleuve exigu).
On peut supposer que la construction du château ait été effectuée par les seigneurs de la Ferté en réponse à la volonté du roi Philippe Auguste (1165-1223) d'édifier de nouvelles places fortes afin de défendre les terres nouvellement conquises.
Au XIVe siècle, vers 1358 et pendant la captivité de Jean le Bon (roi de France), les troupes municipales d'Abbeville le démolissent pour la première fois afin d'ôter aux Navarrois et aux Anglais tout moyen de s'établir dans le Ponthieu
Reconstruit peu de temps après, il avait pour capitaine en 1420, Simon de Boulainvilliers, chevalier, qui le donna à Jacques d'Harcourt (gouverneur du Crotoy). Pris par les Anglo-Bourguignons en juin 1421, il fut aussitôt, quelques jours après, repris d'assaut par les Dauphinois sous le commandement de Jacques d'Harcourt qui le conserva jusqu'au 26-27 juillet suivant. Philippe le Bon, duc de Bourgogne, marchant sur Saint-Riquier fit mettre le feu au château alors abandonné par les Dauphinois (ainsi qu'aux châteaux de Pont-Remy et de Mareuil).
Le château, reconstruit en 1436 par le chevalier Jean d'Eaucourt qui choisit d'y résider, fut de nouveau pillé par Pierre Renaud de Vignolles en 1440 (frère bâtard de la Hire) qui mit le seigneur d'Eaucourt à rançon.
En 1499, Isabelle d'Eaucourt épouse Louis d'Humières.
En 1575, la seigneurie d'Eaucourt était tenue par Françoise de Soyécourt.
En 1589, durant la Ligue qui oppose les catholiques et les protestants, les ligueurs d'Abbeville attaquent les troupes d'Henri IV installées dans le château et prennent possession des lieux. Après cette période troublée, le château sera démantelé.
En 1700, la seigneurie d'Eaucourt est dirigée par la dame de Belleforière-Soyécourt.
En 1755, elle est la propriété de Joachim-Charles de Seiglière de Belleforière.
En 1777, François Vaillant, chevalier, achète le château et y demeure jusqu'en 1779. Il s'agit de la dernière trace d'occupation des lieux.
Utilisé par la Ligue en 1589, il est inhabité au XVIII° siècle. Il tombe irrémédiablement en ruine à partir de la révolution et il est utilisé comme carrière de pierre. Depuis 1983, notre association oeuvre pour sa mise en valeur et effectue des travaux de sauvegarde bénévolement. Le château est inscrit à l'inventaire des monuments historiques depuis 1923.
En 1983, Damien Maupin fonde l'Association pour la Restauration du CHâteau d'Eaucourt (A.R.CH.E) et organise le premier chantier de restauration du site.
Description du château
Le château, entouré de fossés, comportait une enceinte rectangulaire d'environ 40 m x 50 m, haute de six à sept mètres.
Au nord-ouest, le châtelet d'entrée qui jouait un rôle de donjon-refuge, couronné de mâchicoulis, était renforcé de deux tours en façade qui entouraient le pont levis et à l'arrière droit d'une tour de guet avec son escalier en vis. Sur le front d'entrée on reconnaît encore l'arcade en arc surbaissé du passage (restaurée en 1989), la feuillure où venait se rabattre le tablier du pont-levis, et les rainures verticales destinées au passage des bras. L'arcade précédait un vestibule carré (l'entrée du château dite « salle de garde ») dont la voûte sur croisée d'ogives s'appuyait sur quatre voûtes secondaires en tiers point. De l'autre côté, la porte qui ouvrait sur le Baye est en plein cintre et était surmontée d'un tableau décoratif dont l'écu martelé, porté par un sauvage et un triton, était accompagné de la devise « Sans Ayde » (l'ayde était un impôt). le reste des fortification est à fleur de terre, quelques vestiges de murs subsistent à l'arrière.