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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour :
15.10.2017
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Blanche-Neige Partie III
Franz Jüttner, 1905
La reine, en effet, quand elle crut avoir mangé le foie et les poumons de Blanche-Neige, ne douta plus dans sa pensée d’être de nouveau la première et la plus belle du royaume. Elle s’en alla devant son miroir et lui parla :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Alors le miroir répondit:
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est belle plus que vous, et mille fois au moins !
Elle frémit, car elle savait que le miroir ne pouvait pas dire un mensonge, et elle sut ainsi que le chasseur l’avait trompée et que Blanche-Neige vivait toujours. Alors elle se mit à réfléchir et à réfléchir encore au moyen de la supprimer, car si la reine n’était pas la plus belle de tout le pays, la jalousie la dévorait et ne la laissait pas en repos. Et pour finir, elle se barbouilla le visage et se rendit méconnaissable en s’habillant comme une vieille colporteuse :
- De beaux articles à vendre ! Rien que du beau, je vends !
Blanche-Neige vint regarder à la fenêtre et cria :
- Bonjour, ma bonne dame, qu’est-ce que vous vendez ?
- Du bel article, du bon article, répondit-elle, du lacet de toutes les couleurs!
En même temps elle en tirait un pour montrer: un beau lacet tressé de soie multicolore. Cette brave femme, pensa Blanche-Neige, je peux la laisser entrer ! Elle déverrouilla la porte et la fit entrer pour lui acheter le beau lacet multicolore qu’elle voulait mettre à son corset.
Franz Jüttner, 1905
- Mais mon enfant, de quoi as-tu l’air ? s’exclama la vieille. Viens ici, que je lace proprement !
Blanche-Neige, sans méfiance, vint se placer devant la vieille et la laissa lui mettre le nouveau lacet. Mais la vieille passa si vite le lacet et le serra si fort que Blanche-Neige ne put plus respirer, suffoqua et tomba comme morte.
- Et voilà pour la plus belle ! ricana la vieille qui sortit précipitamment.
Le soir venu les sept nains rentrèrent à la maison. Quel ne fut pas leur effroi en voyant leur chère Blanche-Neige qui gisait sur le sol, inerte et immobile comme si elle était morte ! Ils la redressèrent tout d’abord, et en voyant comme elle était sanglée dans son corset, ils se hâtèrent d’en couper le lacet. Le souffle lui revint petit à petit et elle se ranima peu à peu. Lorsque les nains apprirent ce qui lui était arrivé, ils lui dirent :
- Cette vieille colporteuse n’était nulle autre que la maudite reine. À l’avenir, garde-toi bien et ne laisse entrer nul être vivant quand nous n’y sommes pas!
La méchante femme, de son côté, aussitôt rentrée chez elle s’en alla devant son miroir et le questionna :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Et le miroir répondit comme devant :
- Dame la reine, ici, vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est plus belle que vous, et mille fois au moins !
Son sang s’arrêta quand elle entendit ces paroles qui lui révélaient que Blanche-Neige, une fois encore, avait pu échapper à la mort. À présent, pensa-t-elle, je vais composer quelque chose à quoi tu n’échapperas pas ! Recourant alors aux artifices des sorcières qu’elle connaissait bien, elle fabriqua un peigne empoisonné. Ensuite elle se grima et s’habilla en vieille femme, mais avec un autre air que la fois précédente. Ainsi travestie, elle passa les sept montagnes pour aller jusque chez les sept nains, frappa à la porte et cria :
- Beaux articles à vendre ! Beaux articles !
Blanche-Neige regarda dehors et cria :
- Allez vous-en plus loin ! Je ne dois laisser entrer personne dans la maison !
- Il n’est pas défendu de regarder ! répondit la fausse vieille en tirant le peigne empoisonné pour le lui faire voir à travers la fenêtre.
La petite le trouva si beau qu’elle ne put pas résister et qu’elle ouvrit la porte pour acheter le peigne à cette vieille femme.
- Et à présent laisse-moi faire, lui dit la vieille, je vais te peigner un peu comme il faut!
La pauvre Blanche-Neige, sans réfléchir, laissa faire la vieille, qui lui passa le peigne dans les cheveux. Mais à peine avait-elle commencé que le poison foudroya Blanche-Neige, qui tomba de tout son long et resta là, sans connaissance.
- Et voilà pour toi, merveille de beauté ! ricana la vieille qui s’éloigna bien vite.
Par bonheur, la nuit ne tarda pas à venir et les sept nains à rentrer. En voyant Blanche-Neige étendue sur le sol, ils pensèrent tout de suite à l’affreuse marâtre, cherchèrent ce qu’elle avait bien pu faire et trouvèrent le peigne empoisonné. Dès qu’ils l’eurent ôté de ses cheveux, Blanche-Neige revint à elle et leur raconta ce qu’il lui était arrivé. De nouveau, ils la mirent en garde et lui recommandèrent de ne jamais plus ouvrir la porte à qui que ce soit. Quand à la reine, aussitôt de retour, elle alla s’asseoir devant son miroir et demanda :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Et le miroir répondit encore comme devant :
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est plus belle que vous, et mille fois au moins !
Quand le miroir eut ainsi parlé, la reine trembla de rage et de fureur et s’écria :
- Il faut que Blanche-Neige meure, même si je dois y laisser ma vie