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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour :
15.10.2017
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Edouard Manet
Bien que Manet ait finalement décidé de ne pas l’exposer au Salon des Refusés et de ne la dévoiler que deux ans plus tard, c’est en 1863 qu'est réalisée la toile d’Olympia. L’œuvre, qui allait susciter une controverse encore plus féroce que le Déjeuner sur l'herbe, représente une prostituée semblant sortir tout droit d’un harem à l’orientale et s’apprêtant visiblement à recevoir un client qui s'annonce avec un bouquet. Le tableau, qui associe et fait ressortir avec puissance le contraste entre la femme blanche et la femme noire, s’inscrit dans la longue tradition artistique et très académique dite de « l’odalisque à l’esclave » à l'instar des Odalisques d’Ingres, de l’Odalisque de Benouville et de celle de Jalabert dans les années 1840. Mais Olympia, avant tout, se veut une référence audacieuse à la célèbre Vénus d'Urbin du Titien.
Contrairement au Déjeuner sur l’herbe, Olympia n’est donc pas tant choquante par son thème que par la manière dont ce thème est traité. Outre sa nudité, le modèle (Victorine Meurent) affiche une insolence et une provocation indéniables
Edouard Manet
Le Bain, ou Le Déjeuner sur l’herbe (1863)
Parmi les trois peintures exposées au Salon, la composition centrale du Déjeuner sur l’herbe suscite les réactions les plus vives. Dans cette œuvre, Manet y confirme sa rupture avec le classicisme et l’académisme qu'il avait commencée avec Musique aux Tuileries" href="http://fr.pickture.com/blogs/lusile17/wiki/La_Musique_aux_Tuileries">La Musique aux Tuileries. Il se rapproche ainsi de l' Impressionnisme, et selon un critique de l’époque.
Mais la polémique vient moins du style de la toile que de son sujet : si le nu féminin est déjà répandu et apprécié, à condition d’être traité de façon pudique et éthérée, il est encore plus choquant de faire figurer dans la même composition deux hommes tout habillés . Une telle mise en scène, exclue en effet la possibilité d’une interprétation mythologique et donne au tableau une forte connotation sexuelle. Le critique Ernest Chesneau, résumant ce malaise, affirme ne pouvoir « trouver que ce soit une œuvre parfaitement chaste que de faire asseoir sous bois, entourée d’étudiants en béret et en paletot, une fille vêtue seulement de l’ombre des feuilles ». Le Déjeuner sur l’herbe ne fait pourtant que s’inspirer d’une œuvre de Raphaël représentant deux nymphes, et du Concert champêtre du Titien, la seule différence avec ces deux peintures étant les vêtements des deux hommes. Manet, de cette manière, relativise et ridiculise les goûts et les interdits de son époque .
Edouard Manet
La Nymphe surprise, 1861
C'est la fidèle compagne du peintre qui sert de modèle au nu féminin de La Nymphe surprise.
Edouard Manet
La lecture (vers 1865)
Sa compagne Suzanne Leenhoff
Suzanne Leenhoff est sans aucun doute la Néerlandaise corpulente et placide, que Berthe Morisot appelait affectueusement « la grosse Suzanne »[réf. nécessaire]. Elle avait en effet le tempérament adéquat pour vivre aux côtés du peintre et supporter avec le sourire ses nombreuses infidélités. Édouard Manet, attaché à Suzanne pour l'équilibre qu'elle lui apportait, finit par l'épouser en octobre 1863, alors qu'il en avait eu, selon Adolphe Tabarant, un fils, Léon, dès 1852. Le père de Manet était décédé un an avant ce mariage.
La silhouette tranquille et apaisante de Suzanne figure à de nombreuses reprises dans l'œuvre de Manet. On compte plusieurs portraits restés célèbres, notamment La Lecture, où Mme Manet écoute avec attention les paroles de son fils Léon : les tonalités et les couleurs de cette toile, très douces, en font un remarquable exemple d'impressionnisme. Dans Suzanne Manet à son piano, l'époux de la jeune femme met en valeur le grand talent qu'elle avait pour jouer cet instrument, au point qu'elle a pu apaiser les derniers jours de Baudelaire en jouant du Wagner. Enfin, c'est également la fidèle compagne du peintre qui sert de modèle au nu féminin de La Nymphe surprise.
Edouard Manet
Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama
1865 .
La peinture historique, en raison de son caractère très académique, reste un genre nettement marginal dans l’œuvre de Manet, et seules deux toiles peuvent revendiquer l’appartenance à cette catégorie. La première, réalisée en 1864, immortalise une bataille navale de la guerre de Sécession s’étant déroulée au large de Cherbourg, entre le navire fédéral Kearsarge et le bâtiment confédéré Alabama. Le Combat du Kearsarge et de l'Alabama, en dépeignant l’Alabama prêt à sombrer, est une annonce prémonitoire de la défaite finale des sudistes. Le fait que les deux bateaux soient relégués si loin en arrière-plan n’a pas été sans susciter des interrogations, Barbey d'Aurevilly ayant été jusqu’à avancer que ce choix de l’artiste rend la mer bien plus impressionnante que le combat lui-même.
1867 est une année riche en événements pour Manet : le peintre profite de l’Exposition universelle se tenant à Paris, au printemps, pour organiser sa propre exposition rétrospective et présenter une cinquantaine de ses toiles. S’inspirant de l’exemple de Gustave Courbet, qui avait eu recours à la même méthode pour se détourner du Salon officiel, Manet n’hésite pas à puiser fortement dans ses économies pour édifier son pavillon d’exposition, à proximité du pont del'Alma, et pour organiser une véritable campagne de publicité avec le soutien d’Émile Zola. Le succès, cependant, n'a pas été à la hauteur des espérances de l’artiste : tant les critiques que le public ont boudé cette manifestation culturelle.
Edouard Manet
Les Bulles de savon (1867)
Il est possible de suivre le mûrissement progressif de Léon à travers les portraits que Manet a fait de lui, depuis l’enfance jusqu’à l’adolescence. C’est encore un tout jeune enfant qui pose, déguisé en page espagnol, dans L'Enfant à l'épée, à l’époque où le peintre accumulait les sujets espagnols. Plus tard, dans Les Bulles de savon, un Léon âgé de quinze ans s’amuse à faire des [bulles dans un bol de savon, peut-être afin de symboliser la brièveté de la vie. Mais surtout, on retient de Léon Leenhoff le visage d’un adolescent rêveur et mystérieux, tel qu’il apparaît dans le célèbre Déjeuner dans l'atelier, réalisé à l’appartement familial de Boulogne-sur-Mer, où les Manet passaient l’été. Cette toile, acceptée et exposée au Salon de Paris de 1869, résume parfaitement l’œuvre de Manet en ce qu’elle a parfois de bizarre ou d’absurde grâce à un rassemblement d’éléments totalement hétéroclites : trois personnages indifférents les uns aux autres, un repas mêlant huîtres et café, des armes et des accessoires de combat, sans oublier bien sûr la présence de l’incontournable chat noir, qui, depuis Olympia, symbolise Manet aux yeux des critiques.
Edouard Manet
Le Déjeuner dans l'atelier (1868)
Son fils Léon Leenhoff
Bien qu’aucune preuve directe de paternité ne puisse être établie, Édouard Manet est sans aucun doute le père biologique du fils de Suzanne, Léon Leenhoff, qu’il a élevé d’ailleurs comme son fils. Les raisons ayant poussé le peintre à ne jamais reconnaître sa paternité, même après son mariage, restent assez énigmatiques, de même que la nature exacte des relations qu’il entretenait avec le jeune garçon. Ce dernier, jusqu’à un âge avancé, l’appelait « parrain », d’où une certaine ambiguïté.