Raymond devos
Publié à 12:00 par rene
Je suis un imbécile
Dernièrement,
j'ai rencontré un monsieur
qui se vantait d'être un imbécile.
Il disait:
- Je suis un imbécile!
Je lui ai dit:
- Monsieur ... c'est vite dit!
Tout le monde peux dire:
"Je suis un imbécile!"
Il faut le prouver!
Il m'a dit:
- Je peux!
Il m'a apporté les preuves
de son imbécillité
avec tellement
d'intelligence et de
subtilité
que je me demande
s'il ne m'a pas pris
pour un imbécile!
Raymond Devos.
Publié à 12:00 par rene
Sans dessus dessous
Actuellement mon immeuble est sans dessus dessous.
Tous les locataires du dessous
voudraient habiter au-dessus !
Tout cela parce que le locataire
qui est au-dessus
est allé raconter par en dessous
que l'air que l'on respirait à l'étage au-dessus
était meilleur que celui que l'on respirait
à l'étage en dessous !
Alors le locataire qui est en dessous
a tendance à envier celui qui est au-dessus
et à mépriser celui qui est en dessous.
Moi je suis au-dessus de ça !
Si je méprise celui qui est en dessous,
ce n'est parce qu'il est en dessous,
c'est parce qu'il convoite l'appartement
qui est au-dessus, le mien !
Remarquez, moi je lui céderais bien
mon appartement à celui du dessous
à condition d'obtenir celui du dessus !
Mais je ne compte pas trop dessus.
D'abord parce que je n'ai pas de sous !
Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus,
il n'y a plus d'appartement !
Alors le locataire du dessous
qui monterait au-dessus
obligerait celui du dessus
à redescendre en dessous.
Or je sais que celui de dessus n'y tient pas.
D'autant que, comme la femme du dessous
est tombée amoureuse de celui du dessus,
celui du dessus n'aucun intérêt à ce que
le mari de la femme du dessous
monte au-dessus !
Alors là-dessus ...
quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous
qu'il avait vu sa femme bras dessus
bras dessous avec celui du dessus ?
Toujours est-il que celui du dessus l'a su!
Et un jour que la femme du dessous
était allée rejoindre celui du dessus,
comme elle retirait ses dessous ...
et lui, ses dessus ...
soi-disant parce qu'il avait trop chaud en dessous ...
Je l'ai su parce que d'en dessous,
on entend tout ce qui se passe au-dessus ...
Bref ! Celui du dessous leur est tombé dessus !
Comme ils étaient tous les deux saouls,
ils se sont tapés dessus !
Finalement, c'est celui du dessous
qui a eu le dessus.
Raymond Devos
Publié à 12:00 par rene
Parler pour ne rien dire
Mesdames et messieurs ... Je vous signale tout de suite
que je vais parler pour ne rien dire.
Oh ! je sais !
Vous pensez :
"S'il n'a rien à dire... il ferait mieux de se taire!
Evidemment ! Mais c'est trop facile! ... c'est trop facile!
Vous voudriez que je fasse comme tout ceux qui n'ont rien à
dire et qui le gardent pour eux?
Eh bien non! Mesdames et messieurs, moi, lorsque je n'ai rien
à dire, je veux qu'on le sache!
Je veux en faire profiter les autres!
Et si, vous-mêmes, mesdames et messieurs, vous n'avez rien à dire,
eh bien, on en parle, on en discute!
Je ne suis pas ennemi du colloque.
Mais, me direz-vous, si on en parle pour ne rien dire,
de quoi allons-nous parler?
Eh bien, de rien! De rien!
Car rien... ce n'est pas rien.
La preuve c'est qu'on peut le soustraire.
Exemple:
Rien moins rien = moins que rien!
Si l'on peut trouver moins que rien,
c'est que rien vaut déjà quelque chose!
On peut acheter quelque chose avec rien!
En le multipliant
Une fois rien ... c'est rien!
Deux fois rien ... c'est pas beaucoup!
Mais trois fois rien !... Pour trois fois rien on peut déjà acheter
quelque chose!... Et pour pas cher!
Maintenant si vous multipliez trois fois rien par trois fois rien:
Rien multiplié par rien = rien.
Trois multiplié par trois = neuf.
Cela fait rien de neuf!
Oui... ce n'est pas la peine d'en parler!
Bon ! Parlons d'autres choses! Parlons de la situation, tenez!
Sans préciser laquelle!
Si vous le permettez, je vais faire
brièvement l'historique de la situation,
quelle qu'elle soit!
Il y a quelques mois, souvenez-vous
la situation pour n'être pas pire que celle
d'aujourd'hui n'en n'était pas meilleure non plus !
Déjà nous allions vers la catastrophe, nous le savions...
Nous en étions conscients!
Car il ne faudrait pas croire que les responsables d'hier étaient plus
ignorants de la situation que ne le sont ceux d'aujourd'hui!
Oui la catastrophe, nous le pensions, était pour demain!
C'est-à-dire qu'en fait elle devait être pour aujourd'hui!
Si mes calculs sont justes!
Or, que voyons-nous aujourd'hui?
Qu'elle est toujours pour demain!
Alors je vous pose la question, mesdames et messieurs:
Est-ce que c'est en remettant toujours au lendemain
la catastrophe que nous pourrions
faire le jour même que nos l'éviterons?
D'ailleurs je vous signale entre
parenthèses que si le gouvernement actuel
n'est pas capable d'assurer la catastrophe,
il est possible que l'opposition s'en empare !
Raymond Devos
Publié à 12:00 par rene
Les parcmètres
Les parcmètres, c'est une tricherie!
Vous savez que ça rapporte une fortune aux pouvoir publics?
Une fortune!
Je le sais parce que mon voisin
s'est fait installer un
petit parcmètre clandestin devant chez lui . . .
Tous les soirs, il va retirer la recette . . .
Il vit bien!
Il s'est même acheté une voiture!
Evidemment, il l'a mise devant
son parcmètre.
Depuis, il ne fait plus un rond.
Mais ça, c'est de sa faute!
Raymond Devos.
Publié à 12:00 par rene
Le flux et le reflux
Cet été, sur la plage,
Il y avait un monsieur qui riait!
Il était tout seul,
Il riait! Il riait! Ha, ha, ha!
Il descendait avec la mer . . .
Ha, ha, ha!
Il remontait avec la mer . . .
Ha, ha, ha!
Je lui dis:
- Pourquoi riez-vous?
Il me dit:
- C'est le flux et le reflux . . .
Je lui dis:
- Eh bien, quoi, le flux et le reflux?
Il me dit:
- Le flux et le reflux me font "marée"!
Raymond Devos.
Publié à 12:00 par rene
Félicité
Il y a des expressions curieuses!
Hier au soir,
en sortant de scène,
un monsieur me dit:
- Je me félicite de votre succès!
Je lui dit:
- . . . Mais . . . vous n'y êtes pour rien!
Et puis,
à la réflexion,
je me suis dit qu'il y était
tout de même pour quelque chose!
Alors, j'ai rectifié.
Je lui ai dit:
- Monsieur . . . je vous félicite de mon succès!
Raymond Devos.
Publié à 12:00 par rene
CAEN
J'avais dit, "pendant les vacances, je ne fais rien!...
rien!... je ne veux rien faire ".
Je ne savais pas où aller.
Comme j'avais entendu dire : " A quand les vacances?...
A quand les vacances?..." Je me dis: " Bon!... Je vais
aller à Caen... Et puis Caen!... ça tombait bien, je n'avais
rien à y faire. " Je boucle la valise... je vais pour prendre
le car... je demande à l'employé:
- Pour Caen, quelle heure?
- Pour où?
- Pour Caen!
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne
sais pas où?
- Comment? Vous ne savez pas où est Caen?
- Si vous ne me le dites pas!
- Mais je vous ai dit Caen!
-Oui!... mais vous ne m'avez pas dit où!
- Monsieur... je vous demande une petite minute
d'attention! Je voudrais que vous me donniez l'heure des
départs des cars qui partent pour Caen!
- !!...
- Enfin!... Caen!... dans le Calvados!...
- C'est vague!
- ... En Normandie!...
- Ma parole! Vous débarquez!
- Ah!... là où a eu lieu le débarquement!... En Normandie!
A Caen...
- Là!
- Prenez le car.
- Il part quand?
- Il part au quart.
- !!... Mais (regardant sa montre)... le quart est passé!
- Ah! Si le car est passé, vous l'avez raté.
- !!... Alors... et le prochain?
- Il part à Sète.
- Mais il va à Caen?
- Non il va à Sète.
- Il Mais, moi, je ne veux pas aller à Sète... Je veux aller
à Caen!
- D'abord, qu'est-ce que vous allez faire à Caen?
- Rien !... rien !... Je n'ai rien à y faire!
- Alors Si vous n'avez rien à faire à Caen, allez à Sète.
- !!... Qu'est-ce que vous voulez que j'aille faire à Sète?
- Prendre le car!
- Pour où?
- Pour Caen.
- Comment voulez-vous que je vous dise quand, si je ne
sais pas où!...
- Comment!... Vous ne savez pas où est Caen?
- Mais si, je sais où est Caen!... Ça fait une demi-heure que
je vous dis que c'est dans le Calvados!... Que c'est là
où je veux passer mes vacances, parce que je n'ai rien à y
faire!
- Ne criez pas!... Ne criez pas!... on va s'occuper de vous.
Il a téléphoné au Dépot.
Mon vieux!... (regardant sa montre):
A vingt-deux, le car était là.
Les flics m'ont embarqué à sept...
Et je suis arrivé au quart.
Où j'ai passé la nuit!
Raymond Devos.
Publié à 12:00 par rene
PRETER L'OREILLE
"Mesdames et messieurs,
si vous voulez bien me prêter une oreille attentive..."
Quelle phrase!
Voulez-vous me prêter l'oreille?
Il paraît que quand on prête l'oreille,
on entend mieux.
C'est faux!
Il m'est arrivé de prêter l'oreille à un sourd,
il n'entendait pas mieux!
Il y a des phrases comme ça...
Par exemple, j'ai ouï dire qu'il y a des choses
qui entrent par une oreille
et qui sortent par l'autre.
Je n'ai jamais rien vu entrer par une oreille
et encore moins en sortir!
Il n'y a qu'en littérature qu'on voit ça.
Dans Rabelais, nous lisons que
Gargamelle a mis Gargantua au monde
par l'oreille gauche.
Ce qui sous-entend que par l'oreille droite...
il devait se passer des choses!
Des cris et des chuchotements!
De quoi vous faire dresser l'oreille!
Alors, on me dit:
- Mais monsieur, quand on parler de choses qui entrent
par une oreille et qui ressortent par l'autre,
on ne parle pas de choses vues
mais de choses entendues.
J'entends bien!
Un son peut entrer par une oreille
mais il n'en sort pas!
Par exemple, un air peut très bien entrer
dans le pavillon de l'oreille.
Une fois entré, il n'en sort plus!
Je prends un air au hasard,
un air qui me traverse... la tête:
Viens dans mon joli pavillon!
Eh bien, dès qu'il est entré dans le pavillon,
il n'en sort plus, c'est fini!
C'est ce qu'on appellle une rengaine.
Une rengaine, c'est un air qui commence
par vous entrer par une oreille
et qui finit par vous sortir par...
les yeux!
Raymond Devo
Publié à 12:00 par rene
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Les antipodes
Deux pommes observent le monde du haut de leur pommier.
- Regarde-moi tous ces gens, dit l'une. Ils se battent, ils se volent, ils manifestent,
personne n'a l'air de vouloir s'entendre avec son voisin.
Un de ces jours, c'est nous qui dirigerons !
- Qui ça, nous, répond l'autre, les rouges ou les vertes ?
- Vous restez toujours auprès de votre mari quand il écrit ?
- Oui, ses romans d'horreur sont tellement terrifiants qu'il a peur de rester tout seul !
Agenouillée devant son petit lit, Josette fait sa prière du soir :
- Petit Jésus, faites que maman, papa et grand-mère soient toujours en bonne santé,
que je travaille bien à l'école... et que les vitamines soient dans les gâteaux
au lieu d'être dans les épinards !
Publié à 12:00 par rene
Le visage en feu
J'arrive à un carrefour,
le feu était au rouge.
Il n'y avait pas de voitures,
je passe!
Seulement, il y avait
un agent qui faisait le guet
Il me siffle.
Il me dit
- Vous êtes passé au rouge!
- Oui ! Il n'y avait pas de voitures!
- Ce n'est pas une raison!
Je dis:
- Ah si! Quelquefois, le feu est au vert . . .
Il y a des voitures et . .
je ne peux pas passer!
Stupeur de l'agent!
Il est devenu tout rouge.
Je lui dis:
- Vous avez le visage en feu!
Il est devenu tout vert!
Alors, je suis passé!
Raymond Devo