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Date de création : 07.05.2008
Dernière mise à jour : 30.06.2017
122498 articles


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Publié à 23:57 par chouky39 Tags : blog image belle belle image centerblog wallpaper

sacer esto

Publié à 17:15 par chouky39 Tags : homme coeur france dieu nuit mort
sacer esto

Non, Liberté ! non, Peuple, il ne faut pas qu’il meure !
Oh ! certes, ce serait trop simple, en vérité,
Qu’après avoir brisé les lois, et sonné l’heure
Où la sainte pudeur au ciel a remonté ;

Qu’après avoir gagné sa sanglante gageure,
Et vaincu par l’embûche et le glaive et le feu ;
Qu’après son guet-apens, ses meurtres, son parjure,
Son faux serment, soufflet sur la face de Dieu ;

Qu’après avoir traîné la France, au coeur frappée,
Et par les pieds liée, à son immonde char,
Cet infâme en fût quitte avec un coup d’épée
Au cou comme Pompée, au flanc comme César !

Non ! il est l’assassin qui rôde dans les plaines ;
Il a tué, sabré, mitraillé sans remords,
Il fit la maison vide, il fit les tombes pleines,
Il marche, il va, suivi par l’oeil fixe des morts ;

À cause de cet homme, empereur éphémère,
Le fils n’a plus de père et l’enfant plus d’espoir,
La veuve à genoux pleure et sanglote, et la mère
N’est plus qu’un spectre assis sous un long voile noir ;

Pour filer ses habits royaux, sur les navettes
On met du fil trempé dans le sang qui coula ;
Le boulevard Montmartre a fourni ses cuvettes,
Et l’on teint son manteau dans cette pourpre-là ;

Il vous jette à Cayenne, à l’Afrique, aux sentines,
Martyrs, héros d’hier et forçats d’aujourd’hui !
Le couteau ruisselant des rouges guillotines
Laisse tomber le sang goutte à goutte sur lui ;

Lorsque la trahison, sa complice livide,
Vient et frappe à sa porte, il fait signe d’ouvrir ;
Il est le fratricide ! Il est le parricide ! -
Peuples, c’est pour cela qu’il ne doit pas mourir !

Gardons l’homme vivant. Oh ! châtiment superbe !
Oh ! S’il pouvait un jour passer par le chemin,
Nu, courbé, frissonnant, comme au vent tremble l’herbe.
Sous l’exécration de tout le genre humain !

Étreint par son passé tout rempli de ses crimes,
Comme par un carcan tout hérissé de clous,
Cherchant les lieux profonds, les forêts, les abîmes,
Pâle, horrible, effaré, reconnu par les loups ;

Dans quelque bagne vil n’entendant que sa chaîne,
Seul, toujours seul, parlant en vain aux rochers sourds,
Voyant autour de lui le silence et la haine,
Des hommes nulle part et des spectres toujours ;

Vieillissant, rejeté par la mort comme indigne,
Tremblant sous la nuit noire, affreux sous le ciel bleu… -
Peuples, écartez-vous ! cet homme porte un signe :

Laissez passer Caïn ! Il appartient à Dieu.

a mademoiselle louise b

Publié à 15:58 par chouky39 Tags : vie monde homme femme musique dieu nuit fleurs livre pensée hiver
a mademoiselle louise b

L’année en s’enfuyant par l’année est suivie.
Encore une qui meurt ! encore un pas du temps ;
Encore une limite atteinte dans la vie !
Encore un sombre hiver jeté sur nos printemps !
Le temps ! les ans ! les jours ! mots que la foule ignore !
Mots profonds qu’elle croit à d’autres mots pareils !
Quand l’heure tout-à-coup lève sa voix sonore,
Combien peu de mortels écoutent ses conseils !
L’homme les use, hélas ! ces fugitives heures,
En folle passion, en folle volupté,
Et croit que Dieu n’a pas fait de choses meilleures
Que les chants, les banquets, le rire et la beauté !
Son temps dans les plaisirs s’en va sans qu’il y pense.
Imprudent ! est-il sûr de demain ? d’aujourd’hui ?
En dépensant ses jours, sait-il ce qu’il dépense ?
Le nombre en est compté par un autre que lui.
A peine lui vient-il une grave pensée
Quand, au sein d’un festin qui satisfait ses vœux,
Ivre, il voit tout-à-coup de sa tête affaissée
Tomber en même temps les fleurs et les cheveux ;
Quand ses projets hâtifs l’un sur l’autre s’écroulent ;
Quand ses illusions meurent à son côté ;
Quand il sent le niveau de ses jours qui s’écoulent,
Baisser rapidement comme un torrent d’été.
Alors en chancelant il s’écrie, il réclame,
Il dit : Ai-je donc bu toute cette liqueur ?
Plus de vin pour ma soif ! plus d’amour pour mon âme !
Qui donc vide à la fois et ma coupe et mon cœur ?
Mais rien ne lui répond. — Et triste, et le front blême,
De ses débiles mains, de son souffle glacé,
Vainement il remue, en s’y cherchant lui-même,
Ce tas de cendre éteint qu’on nomme le passé !

II

Ainsi nous allons tous. — Mais vous dont l’âme est forte,
Vous dont le cœur est grand, vous dites : — Que m’importe
Si le temps fuit toujours,
Et si toujours un souffle emporte quand il passe,
Pêle-mêle à travers la durée et l’espace,
Les hommes et les jours ! —
Car vous avez le goût de ce qui seul peut vivre ;
Sur Dante et sur Mozart, sur la note et le livre,
Votre front est courbé.
Car vous avez l’amour des choses immortelles ;
Rien de ce que le temps emporte sur ses ailes
Des vôtres n’est tombé !
Quelquefois, quand l’esprit vous presse et vous réclame,
Une musique en feu s’échappe de votre âme,
Musique aux chants vainqueurs,
Au souffle pur, plus doux que l’aile des zéphires,
Qui palpite et qui fait vibrer comme des lyres
Les fibres de nos cœurs !
Dans ce siècle où l’éclair reluit sur chaque tête,
Où le monde, jeté de tempête en tempête,
S’écrie avec frayeur,
Vous avez su vous faire, en la nuit qui redouble,
Une sérénité qui traverse sans trouble
L’orage extérieur !
Soyez toujours ainsi ! l’amour d’une famille ;
Le centre autour duquel tout gravite et tout brille ;
La sœur qui nous défend ;
Prodigue d’indulgence et de blâme économe ;
Femme au cœur grave et doux ; sérieuse avec l’homme,
Folâtre avec l’enfant !
Car pour garder toujours la beauté de son âme,
Pour se remplir le cœur, riche ou pauvre, homme ou femme,
De pensers bienveillants,
Vous avez ce qu’on peut, après Dieu, sur la terre,
Contempler de plus saint et de plus salutaire,

Un père en cheveux blancs !

a celle qui est violee

a celle qui est violee

Tu me parles du fond d’un rêve
Comme une âme parle aux vivants.
Comme l’écume de la grève,
Ta robe flotte dans les vents.

Je suis l’algue des flots sans nombre,
Le captif du destin vainqueur ;
Je suis celui que toute l’ombre
Couvre sans éteindre mon cœur.

Mon esprit ressemble à cette île,
Et mon sort à cet océan ;
Et je suis l’habitant tranquille
De la foudre et de l’ouragan.

Je suis le proscrit qui se voile,
Qui songe, et chante loin du bruit,
Avec la chouette et l’étoile,
La sombre chanson de la nuit.

Toi, n’es-tu pas, comme moi-même,
Flambeau dans ce monde âpre et vif,
Ame, c’est-à-dire problème,
Et femme, c’est-à-dire exil ?

Sors du nuage, ombre charmante.
O fantôme, laisse-toi voir !
Sois un phare dans ma tourmente,
Sois un regard dans mon ciel noir !

Cherche-moi parmi les mouettes !
Dresse un rayon sur mon récif,
Et, dans mes profondeurs muettes,
La blancheur de l’ange pensif !

Sois l’asile qui passe et se mêle
Aux grandes vagues en courroux.
Oh ! viens ! tu dois être bien belle,
Car ton chant lointain est bien doux ;

Car la nuit engendre l’aurore ;
C’est peut-être une loi des cieux
Que mon noir destin fasse éclore
Ton sourire mystérieux !

Dans ce ténébreux monde où j’erre,
Nous devons nous apercevoir,
Toi, toute faite de lumière,
Moi, tout composé de devoir !

Tu me dis de loin que tu m’aimes,
Et que, la nuit, à l’horizon,
Tu viens voir sur les grèves blêmes
Le spectre blanc de ma maison.

Là, méditant sous le grand dôme,
Près du flot sans trêve agité,
Surprise de trouver l’atome
Ressemblant à l’immensité,

Tu compares, sans me connaître,
L’onde à l’homme, l’ombre au banni,
Ma lampe étoilant ma fenêtre
A l’astre étoilant l’infini !

Parfois, comme au fond d’une tombe,
Je te sens sur mon front fatal,
Bouche de l’Inconnu d’où tombe
Le pur baiser de l’Idéal.

A ton souffle, vers Dieu poussées,
Je sens en moi, douce frayeur,
Frissonner toutes mes pensées,
Feuilles de l’arbre intérieur.

Mais tu ne veux pas qu’on te voie ;
Tu viens et tu fuis tour à tour ;
Tu ne veux pas te nommer joie,
Ayant dit : Je m’appelle amour.

Oh, fais un pas de plus ! viens, entre,
Si nul devoir ne le défend ;
Viens voir mon âme dans son antre,
L’esprit lion, le cœur enfant ;

Viens voir le désert où j’habite,
Seul sous mon plafond effrayant ;
Sois l’ange chez le cénobite,
Sois la clarté chez le voyant.

Change en perles dans mes décombres
Toutes mes gouttes de sueur !
Viens poser sur mes œuvres sombres
Ton doigt d’où sort une lueur !

Du bord des sinistres ravines
Du rêve et de la vision,
J’entrevois les choses divines… —-
Complète l’apparition !

Viens voir le songeur qui s’enflamme
A mesure qu’il se détruit,
Et de jour en jour dans son âme
A plus de mort et moins de nuit !

Viens ! viens dans ma brume hagarde,
Où naît la foi, d’où l’esprit sort,
Où confusément je regarde
Les formes obscures du sort.

Tout s’éclaire aux lueurs funèbres ;
Dieu, pour le penseur attristé,
Ouvre toujours les ténèbres
De brusques gouffres de clarté.

Avant d’être sur cette terre,
Je sens que jadis j’ai plané ;
J’étais l’archange solitaire,
Et mon malheur, c’est d’être né.

Sur mon âme, qui fut colombe,
Viens, toi qui des cieux as le sceau.
Quelquefois une plume tombe
Sur le cadavre d’un oiseau.

Oui, mon malheur irréparable,
C’est de pendre aux deux éléments,
C’est d’avoir en moi, misérable,
De la fange et des firmaments !

Hélas ! hélas ! c’est d’être un homme ;
C’est de songer que j’étais beau,
D’ignorer comment je me nomme,
D’être un ciel et d’être un tombeau !

C’est d’être un forçat qui promène
Son vil labeur sous le ciel bleu ;
C’est de porter la hotte humaine
Où j’avais vos ailes, mon Dieu !

C’est de traîner de la matière ;
C’est d’être plein, moi, fils du jour,
De la terre du cimetière,

Même quand je m’écrie : Amour !

a celle qui est restee en france

a celle qui est restee en france

Mets-toi sur ton séant, lève tes yeux, dérange
Ce drap glacé qui fait des plis sur ton front d’ange,
Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi.

Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi,
Ce livre qui contient le spectre de ma vie,
Mes angoisses, mon aube, hélas ! de pleurs suivie,
L’ombre et son ouragan, la rose et son pistil,
Ce livre azuré, triste, orageux, d’où sort-il ?
D’où sort le blême éclair qui déchire la brume ?
Depuis quatre ans, j’habite un tourbillon d’écume ;
Ce livre en a jailli. Dieu dictait, j’écrivais ;
Car je suis paille au vent. Va ! dit l’esprit. Je vais.
Et, quand j’eus terminé ces pages, quand ce livre
Se mit à palpiter, à respirer, à vivre,
Une église des champs, que le lierre verdit,
Dont la tour sonne l’heure à mon néant, m’a dit :
Ton cantique est fini ; donne-le-moi, poëte.
? Je le réclame, a dit la forêt inquiète ;
Et le doux pré fleuri m’a dit : ? Donne-le-moi.
La mer, en le voyant frémir, m’a dit : ? Pourquoi
Ne pas me le jeter, puisque c’est une voile !
? C’est à moi qu’appartient cet hymne, a dit l’étoile.

? Donne-le-nous, songeur, ont crié les grands vents.
Et les oiseaux m’ont dit : ? Vas-tu pas aux vivants
Offrir ce livre, éclos si loin de leurs querelles ?
Laisse-nous l’emporter dans nos nids sur nos ailes ! —
Mais le vent n’aura point mon livre, ô cieux profonds !
Ni la sauvage mer, livrée aux noirs typhons,
Ouvrant et refermant ses flots, âpres embûches ;
Ni la verte forêt qu’emplit un bruit de ruches ;
Ni l’église où le temps fait tourner son compas ;
Le pré ne l’aura pas, l’astre ne l’aura pas,
L’oiseau ne l’aura pas, qu’il soit aigle ou colombe,
Les nids ne l’auront pas ; je le donne à la tombe.

II

Autrefois, quand septembre en larmes revenait,
Je partais, je quittais tout ce qui me connaît,
Je m’évadais ; Paris s’effaçait ; rien, personne !
J’allais, je n’étais plus qu’une ombre qui frissonne,
Je fuyais, seul, sans voir, sans penser, sans parler,
Sachant bien que j’irais où je devais aller ;
Hélas ! je n’aurais pu même dire : Je souffre !
Et, comme subissant l’attraction d’un gouffre,
Que le chemin fût beau, pluvieux, froid, mauvais,
J’ignorais, je marchais devant moi, j’arrivais.
Ô souvenirs ! ô forme horrible des collines !
Et, pendant que la mère et la sœur, orphelines,
Pleuraient dans la maison, je cherchais le lieu noir
Avec l’avidité morne du désespoir ;
Puis j’allais au champ triste à côté de l’église ;
Tête nue, à pas lents, les cheveux dans la bise,
L’œil aux cieux, j’approchais ; l’accablement soutient ;
Les arbres murmuraient : C’est le père qui vient !
Les ronces écartaient leurs branches desséchées ;
Je marchais à travers les humbles croix penchées,
Disant je ne sais quels doux et funèbres mots ;
Et je m’agenouillais au milieu des rameaux
Sur la pierre qu’on voit blanche dans la verdure.
Pourquoi donc dormais-tu d’une façon si dure
Que tu n’entendais pas lorsque je t’appelais ?

Et les pêcheurs passaient en traînant leurs filets,
Et disaient : Qu’est-ce donc que cet homme qui songe ?
Et le jour, et le soir, et l’ombre qui s’allonge,
Et Vénus, qui pour moi jadis étincela,
Tout avait disparu que j’étais encor là.
J’étais là, suppliant celui qui nous exauce ;
J’adorais, je laissais tomber sur cette fosse,
Hélas ! où j’avais vu s’évanouir mes cieux,
Tout mon cœur goutte à goutte en pleurs silencieux ;
J’effeuillais de la sauge et de la clématite ;
Je me la rappelais quand elle était petite,
Quand elle m’apportait des lys et des jasmins,
Ou quand elle prenait ma plume dans ses mains,
Gaie, et riant d’avoir de l’encre à ses doigts roses ;
Je respirais les fleurs sur cette cendre écloses,
Je fixais mon regard sur ces froids gazons verts,
Et par moments, ô Dieu, je voyais, à travers
La pierre du tombeau, comme une lueur d’âme !

Oui, jadis, quand cette heure en deuil qui me réclame
Tintait dans le ciel triste et dans mon cœur saignant,
Rien ne me retenait, et j’allais ; maintenant,
Hélas !… ? Ô fleuve ! ô bois ! vallons dont je fus l’hôte,
Elle sait, n’est-ce pas ? que ce n’est pas ma faute
Si, depuis ces quatre ans, pauvre cœur sans flambeau,
Je ne suis pas allé prier sur son tombeau !

III

Ainsi, ce noir chemin que je faisais, ce marbre
Que je contemplais, pâle, adossé contre un arbre,
Ce tombeau sur lequel mes pieds pouvaient marcher,
La nuit, que je voyais lentement approcher,
Ces ifs, ce crépuscule avec ce cimetière,
Ces sanglots, qui du moins tombaient sur cette pierre,
Ô mon Dieu, tout cela, c’était donc du bonheur !

Dis, qu’as-tu fait pendant tout ce temps-là ? ? Seigneur,
Qu’a-t-elle fait ? — Vois-tu la vie en vos demeures ?
À quelle horloge d’ombre as-tu compté les heures ?
As-tu sans bruit parfois poussé l’autre endormi ?
Et t’es-tu, m’attendant, réveillée à demi ?
T’es-tu, pâle, accoudée à l’obscure fenêtre
De l’infini, cherchant dans l’ombre à reconnaître
Un passant, à travers le noir cercueil mal joint,
Attentive, écoutant si tu n’entendais point
Quelqu’un marcher vers toi dans l’éternité sombre ?
Et t’es-tu recouchée ainsi qu’un mât qui sombre,
En disant : Qu’est-ce donc ? mon père ne vient pas !
Avez-vous tous les deux parlé de moi tout bas ?

Que de fois j’ai choisi, tout mouillés de rosée,
Des lys dans mon jardin, des lys dans ma pensée !
Que de fois j’ai cueilli de l’aubépine en fleur !
Que de fois j’ai, là-bas, cherché la tour d’Harfleur,
Murmurant : C’est demain que je pars ! et, stupide,
Je calculais le vent et la voile rapide,
Puis ma main s’ouvrait triste, et je disais : Tout fuit !
Et le bouquet tombait, sinistre, dans la nuit !
Oh ! que de fois, sentant qu’elle devait m’attendre,
J’ai pris ce que j’avais dans le cœur de plus tendre
Pour en charger quelqu’un qui passerait par là !

Lazare ouvrit les yeux quand Jésus l’appela ;
Quand je lui parle, hélas ! pourquoi les ferme-t-elle ?
Où serait donc le mal quand de l’ombre mortelle
L’amour violerait deux fois le noir secret,
Et quand, ce qu’un dieu fit, un père le ferait ?

IV

Que ce livre, du moins, obscur message, arrive,
Murmure, à ce silence, et, flot, à cette rive !
Qu’il y tombe, sanglot, soupir, larme d’amour !
Qu’il entre en ce sépulcre où sont entrés un jour
Le baiser, la jeunesse, et l’aube, et la rosée,
Et le rire adoré de la fraîche épousée,
Et la joie, et mon cœur, qui n’est pas ressorti !
Qu’il soit le cri d’espoir qui n’a jamais menti,
Le chant du deuil, la voix du pâle adieu qui pleure,
Le rêve dont on sent l’aile qui nous effleure !
Qu’elle dise : Quelqu’un est là ; j’entends du bruit !
Qu’il soit comme le pas de mon âme en sa nuit !

Ce livre, légion tournoyante et sans nombre
D’oiseaux blancs dans l’aurore et d’oiseaux noirs dans l’ombre,
Ce vol de souvenirs fuyant à l’horizon,
Cet essaim que je lâche au seuil de ma prison,
Je vous le confie, air, souffles, nuée, espace !
Que ce fauve océan qui me parle à voix basse,
Lui soit clément, l’épargne et le laisse passer !
Et que le vent ait soin de n’en rien disperser,
Et jusqu’au froid caveau fidèlement apporte
Ce don mystérieux de l’absent à la morte !

Ô Dieu ! puisqu’en effet, dans ces sombres feuillets,
Dans ces strophes qu’au fond de vos cieux je cueillais,
Dans ces chants murmurés comme un épithalame
Pendant que vous tourniez les pages de mon âme,
Puisque j’ai, dans ce livre, enregistré mes jours,
Mes maux, mes deuils, mes cris dans les problèmes sourds,
Mes amours, mes travaux, ma vie heure par heure ;
Puisque vous ne voulez pas encor que je meure,
Et qu’il faut bien pourtant que j’aille lui parler ;
Puisque je sens le vent de l’infini souffler
Sur ce livre qu’emplit l’orage et le mystère ;
Puisque j’ai versé là toutes vos ombres, terre,
Humanité, douleur, dont je suis le passant ;
Puisque de mon esprit, de mon cœur, de mon sang,
J’ai fait l’âcre parfum de ces versets funèbres,
Va-t’en, livre, à l’azur, à travers les ténèbres !
Fuis vers la brume où tout à pas lents est conduit !
Oui, qu’il vole à la fosse, à la tombe, à la nuit,
Comme une feuille d’arbre ou comme une âme d’homme !
Qu’il roule au gouffre où va tout ce que la voix nomme !
Qu’il tombe au plus profond du sépulcre hagard,
À côté d’elle, ô mort ! et que là, le regard,
Près de l’ange qui dort, lumineux et sublime,
Le voie épanoui, sombre fleur de l’abîme !

V

Ô doux commencements d’azur qui me trompiez,
Ô bonheurs ! je vous ai durement expiés !
J’ai le droit aujourd’hui d’être, quand la nuit tombe,
Un de ceux qui se font écouter de la tombe,
Et qui font, en parlant aux morts blêmes et seuls,
Remuer lentement les plis noirs des linceuls,
Et dont la parole, âpre ou tendre, émeut les pierres,
Les grains dans les sillons, les ombres dans les bières,
La vague et la nuée, et devient une voix
De la nature, ainsi que la rumeur des bois.
Car voilà, n’est-ce pas, tombeaux ? bien des années,
Que je marche au milieu des croix infortunées,
Échevelé parmi les ifs et les cyprès,
L’âme au bord de la nuit, et m’approchant tout près,
Et que je vais, courbé sur le cercueil austère,
Questionnant le plomb, les clous, le ver de terre
Qui pour moi sort des yeux de la tête de mort,
Le squelette qui rit, le squelette qui mord,
Les mains aux doigts noueux, les crânes, les poussières,
Et les os des genoux qui savent des prières !

Hélas ! j’ai fouillé tout. J’ai voulu voir le fond.
Pourquoi le mal en nous avec le bien se fond,
J’ai voulu le savoir. J’ai dit : Que faut-il croire ?
J’ai creusé la lumière, et l’aurore, et la gloire,
L’enfant joyeux, la vierge et sa chaste frayeur,
Et l’amour, et la vie, et l’âme, — fossoyeur.

Qu’ai-je appris ? J’ai, pensif, tout saisi sans rien prendre ;
J’ai vu beaucoup de nuit et fait beaucoup de cendre.
Qui sommes-nous ? que veut dire ce mot : Toujours ?
J’ai tout enseveli, songes, espoirs, amours,
Dans la fosse que j’ai creusée en ma poitrine.
Qui donc a la science ? où donc est la doctrine ?
Oh ! que ne suis-je encor le rêveur d’autrefois,
Qui s’égarait dans l’herbe, et les prés, et les bois,
Qui marchait souriant, le soir, quand le ciel brille,
Tenant la main petite et blanche de sa fille,
Et qui, joyeux, laissant luire le firmament,
Laissant l’enfant parler, se sentait lentement
Emplir de cet azur et de cette innocence !

Entre Dieu qui flamboie et l’ange qui l’encense,
J’ai vécu, j’ai lutté, sans crainte, sans remord.
Puis ma porte soudain s’ouvrit devant la mort,
Cette visite brusque et terrible de l’ombre.
Tu passes en laissant le vide et le décombre,
Ô spectre ! tu saisis mon ange et tu frappas.
Un tombeau fut dès lors le but de tous mes pas.

VI

Je ne puis plus reprendre aujourd’hui dans la plaine
Mon sentier d’autrefois qui descend vers la Seine ;
Je ne puis plus aller où j’allais ; je ne puis,
Pareil à la laveuse assise au bord du puits,
Que m’accouder au mur de l’éternel abîme ;
Paris m’est éclipsé par l’énorme Solime ;
La haute Notre-Dame à présent, qui me luit,
C’est l’ombre ayant deux tours, le silence et la nuit,
Et laissant des clartés trouer ses fatals voiles ;
Et je vois sur mon front un panthéon d’étoiles ;
Si j’appelle Rouen, Villequier, Caudebec,
Toute l’ombre me crie : Horeb, Cédron, Balbeck !
Et, si je pars, m’arrête à la première lieue,
Et me dit : Tourne-toi vers l’immensité bleue !
Et me dit : Les chemins où tu marchais sont clos.
Penche-toi sur les nuits, sur les vents, sur les flots !
À quoi penses-tu donc ? que fais-tu, solitaire ?
Crois-tu donc sous tes pieds avoir encor la terre ?
Où vas-tu de la sorte et machinalement ?
Ô songeur ! penche-toi sur l’être et l’élément !
Écoute la rumeur des âmes dans les ondes !
Contemple, s’il te faut de la cendre, les mondes ;
Cherche au moins la poussière immense, si tu veux
Mêler de la poussière à tes sombres cheveux,
Et regarde, en dehors de ton propre martyre,
Le grand néant, si c’est le néant qui t’attire !
Sois tout à ces soleils où tu remonteras !
Laisse là ton vil coin de terre. Tends les bras,
Ô proscrit de l’azur, vers les astres patries !
Revois-y refleurir tes aurores flétries ;
Deviens le grand œil fixe ouvert sur le grand tout.
Penche-toi sur l’énigme où l’être se dissout,

Sur tout ce qui naît, vit, marche, s’éteint, succombe,
Sur tout le genre humain et sur toute la tombe !

Mais mon cœur toujours saigne et du même côté.
C’est en vain que les cieux, les nuits, l’éternité,
Veulent distraire une âme et calmer un atome.
Tout l’éblouissement des lumières du dôme
M’ôte-t-il une larme ? Ah ! l’étendue a beau
Me parler, me montrer l’universel tombeau,
Les soirs sereins, les bois rêveurs, la lune amie ;
J’écoute, et je reviens à la douce endormie.

VII

Des fleurs ! oh ! si j’avais des fleurs ! si Je pouvais
Aller semer des lys sur ces deux froids chevets !
Si je pouvais couvrir de fleurs mon ange pâle !
Les fleurs sont l’or, l’azur, l’émeraude, l’opale !
Le cercueil au milieu des fleurs veut se coucher ;
Les fleurs aiment la mort, et Dieu les fait toucher
Par leur racine aux os, par leur parfum aux âmes !
Puisque je ne le puis, aux lieux que nous aimâmes,
Puisque Dieu ne veut pas nous laisser revenir,
Puisqu’il nous fait lâcher ce qu’on croyait tenir,
Puisque le froid destin, dans ma geôle profonde,
Sur la première porte en scelle une seconde,
Et, sur le père triste et sur l’enfant qui dort,
Ferme l’exil après avoir fermé la mort,
Puisqu’il est impossible à présent que je jette
Même un brin de bruyère à sa fosse muette,
C’est bien le moins qu’elle ait mon âme, n’est-ce pas ?
Ô vent noir dont j’entends sur mon plafond le pas !
Tempête, hiver, qui bats ma vitre de ta grêle !
Mers, nuits ! et je l’ai mise en ce livre pour elle !

Prends ce livre ; et dis-toi : Ceci vient du vivant
Que nous avons laissé derrière nous, rêvant.
Prends. Et, quoique de loin, reconnais ma voix, âme !
Oh ! ta cendre est le lit de mon reste de flamme ;
Ta tombe est mon espoir, ma charité, ma foi ;
Ton linceul toujours flotte entre la vie et moi.
Prends ce livre, et fais-en sortir un divin psaume !
Qu’entre tes vagues mains il devienne fantôme !
Qu’il blanchisse, pareil à l’aube qui pâlit,
À mesure que l’œil de mon ange le lit,
Et qu’il s’évanouisse, et flotte, et disparaisse,
Ainsi qu’un âtre obscur qu’un souffle errant caresse,
Ainsi qu’une lueur qu’on voit passer le soir,
Ainsi qu’un tourbillon de feu de l’encensoir,
Et que, sous ton regard éblouissant et sombre,
Chaque page s’en aille en étoiles dans l’ombre !

VIII

Oh ! quoi que nous fassions et quoi que nous disions,
Soit que notre âme plane au vent des visions,
Soit qu’elle se cramponne à l’argile natale,
Toujours nous arrivons à ta grotte fatale,
Gethsémani ! qu’éclaire une vague lueur !
Ô rocher de l’étrange et funèbre sueur !
Cave où l’esprit combat le destin ! ouverture
Sur les profonds effrois de la sombre nature !
Antre d’où le lion sort rêveur, en voyant
Quelqu’un de plus sinistre et de plus effrayant,
La douleur, entrer, pâle, amère, échevelée !
Ô chute ! asile ! ô seuil de la trouble vallée
D’où nous apercevons nos ans fuyants et courts,
Nos propres pas marqués dans la fange des jours,
L’échelle où le mal pèse et monte, spectre louche,
L’âpre frémissement de la palme farouche,
Les degrés noirs tirant en bas les blancs degrés,
Et les frissons aux fronts des anges effarés !

Toujours nous arrivons à cette solitude,
Et, là, nous nous taisons, sentant la plénitude !

Paix à l’ombre ! Dormez ! dormez ! dormez ! dormez !
Êtres, groupes confus lentement transformés !
Dormez, les champs ! dormez, les fleurs ! dormez, les tombes !
Toits, murs, seuils des maisons, pierres des catacombes,
Feuilles au fond des bois, plumes au fond des nids,
Dormez ! dormez, brins d’herbe, et dormez, infinis !
Calmez-vous, forêt, chêne, érable, frêne, yeuse !
Silence sur la grande horreur religieuse,
Sur l’océan qui lutte et qui ronge son mors,
Et sur l’apaisement insondable des morts !
Paix à l’obscurité muette et redoutée,
Paix au doute effrayant, à l’immense ombre athée,
À toi, nature, cercle et centre, âme et milieu,
Fourmillement de tout, solitude de Dieu !
Ô générations aux brumeuses haleines,
Reposez-vous ! pas noirs qui marchez dans les plaines !
Dormez, vous qui saignez ; dormez, vous qui pleurez !
Douleurs, douleurs, douleurs, fermez vos yeux sacrés !
Tout est religion et rien n’est imposture.
Que sur toute existence et toute créature,
Vivant du souffle humain ou du souffle animal,
Debout au seuil du bien, croulante au bord du mal,
Tendre ou farouche, immonde ou splendide, humble ou grande,
La vaste paix des cieux de toutes parts descende !
Que les enfers dormants rêvent les paradis !
Assoupissez-vous, flots, mers, vents, âmes, tandis
Qu’assis sur la montagne en présence de l’Être,
Précipice où l’on voit pêle-mêle apparaître
Les créations, l’astre et l’homme, les essieux
De ces chars de soleil que nous nommons les cieux,
Les globes, fruits vermeils des divines ramées,
Les comètes d’argent dans un champ noir semées,
Larmes blanches du drap mortuaire des nuits,
Les chaos, les hivers, ces lugubres ennuis,
Pâle, ivre d’ignorance, ébloui de ténèbres,
Voyant dans l’infini s’écrire des algèbres,
Le contemplateur, triste et meurtri, mais serein,
Mesure le problème aux murailles d’airain,
Cherche à distinguer l’aube à travers les prodiges,
Se penche, frémissant, au puits des grands vertiges,
Suit de l’œil des blancheurs qui passent, alcyons,
Et regarde, pensif, s’étoiler de rayons,
De clartés, de lueurs, vaguement enflammées,
Le gouffre monstrueux plein d’énormes fumées.

 

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a aug v

Publié à 15:35 par chouky39 Tags : moi belle dieu fille nuit
a aug v

Et, toi, son frère, sois le frère de mes fils.
Cœur fier, qui du destin relèves les défis,
Suis à côté de moi la voie inexorable.
Que ta mère au front gris soit ma sœur vénérable !
Ton frère dort couché dans le sépulcre noir ;
Nous, dans la nuit du sort, dans l’ombre du devoir,
Marchons à la clarté qui sort de cette pierre.
Qu’il dorme, voyant l’aube à travers sa paupière !
Un jour, quand on lira nos temps mystérieux,
Les songeurs attendris promèneront leurs yeux
De toi, le dévouement, à lui, le sacrifice.
Nous habitons du sphinx le lugubre édifice ;
Nous sommes, cœurs liés au morne piédestal,
Tous la fatale énigme et tous le mot fatal.
Ah ! famille ! ah ! douleur ! ô sœur ! ô mère ! ô veuve !
O sombres lieux, qu’emplit le murmure du fleuve !
Chaste tombe jumelle au pied du coteau vert !
Poëte, quand mon sort s’est brusquement ouvert,
Tu n’as pas reculé devant les noires portes,
Et, sans pâlir, avec le flambeau que tu portes,
Tes chants, ton avenir que l’absence interrompt,
Et le frémissement lumineux de ton front,
Trouvant la chute belle et le malheur propice,
Calme, tu t’es jeté dans le grand précipice !
Hélas ! c’est par les deuils que nous nous enchaînons.
O frères, que vos noms soient mêlés à nos noms !
Dieu vous fait des rayons de toutes nos ténèbres,
Car vous êtes entrés sous nos voûtes funèbres ;
Car vous avez été tous deux vaillants et doux ;
Car vous avez tous deux, vous rapprochant de nous
À l’heure où vers nos fronts roulait le gouffre d’ombre,
Accepté notre sort dans ce qu’il a de sombre,
Et suivi, dédaignant l’abîme et le péril,

Lui, la fille au tombeau, toi, le père à l’exil !

a andré chenier

Publié à 15:32 par chouky39 Tags : fond nature livre bleu oiseaux
a andré chenier

Oui, mon vers croit pouvoir, sans se mésallier,
Prendre à la prose un peu de son air familier.
André, c’est vrai, je ris quelquefois sur la lyre.
Voici pourquoi. Tout jeune encor, tâchant de lire
Dans le livre effrayant des forêts et des eaux,
J’habitais un parc sombre où jasaient des oiseaux,
Où des pleurs souriaient dans l’œil bleu des pervenches ;
Un jour que je songeais seul au milieu des branches,
Un bouvreuil qui faisait le feuilleton du bois
M’a dit : — Il faut marcher à terre quelquefois.
La nature est un peu moqueuse autour des hommes ;
Ô poëte, tes chants, ou ce qu’ainsi tu nommes,
Lui ressembleraient mieux si tu les dégonflais.
Les bois ont des soupirs, mais ils ont des sifflets.
L’azur luit, quand parfois la gaîté le déchire ;
L’Olympe reste grand en éclatant de rire ;
Ne crois pas que l’esprit du poëte descend
Lorsque entre deux grands vers un mot passe en dansant.
Ce n’est pas un pleureur que le vent en démence ;
Le flot profond n’est pas un chanteur de romance ;
Et la nature, au fond des siècles et des nuits,
Accouplant Rabelais à Dante plein d’ennuis,
Et l’Ugolin sinistre au Grandgousier difforme,

Près de l’immense deuil montre le rire énorme.

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Publié à 15:05 par chouky39 Tags : image belle belle image

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