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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour :
15.10.2017
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Hansel et Gretel Partie III
Alexander Zick
Elle les prit tous deux par la main et les fit entrer dans la maisonnette. Elle leur servit un bon repas, du lait et des beignets avec du sucre, des pommes et des noix. Elle prépara ensuite deux petits lits. Hansel et Gretel s’y couchèrent. Ils se croyaient au Paradis. Mais l’amitié de la vieille n’était qu’apparente. En réalité, c’était une méchante sorcière à l’affût des enfants. Elle n’avait construit la maison de pain que pour les attirer. Quand elle en prenait un, elle le tuait, le faisait cuire et le mangeait. Pour elle, c’était alors jour de fête. La sorcière avait les yeux rouges et elle ne voyait pas très clair. Mais elle avait un instinct très sûr, comme les bêtes, et sentait venir de loin les êtres humains. Quand Hansel et Gretel s’étaient approchés de sa demeure, elle avait ri méchamment et dit d’une voix mielleuse :
- Ceux-là, je les tiens ! Il ne faudra pas qu’ils m’échappent !
À l’aube, avant que les enfants ne se soient éveillés, elle se leva. Quand elle les vit qui reposaient si gentiment, avec leurs bonnes joues toutes roses, elle murmura :
- Quel bon repas je vais faire !
Elle attrapa Hansel de sa main rêche, le conduisit dans une petite étable et l’y enferma au verrou. Il eut beau crier, cela ne lui servit à rien. La sorcière s’approcha ensuite de Gretel, la secoua pour la réveiller et s’écria :
- Debout, paresseuse ! Va chercher de l’eau et prépare quelque chose de bon à manger pour ton frère. Il est enfermé à l’étable et il faut qu’il engraisse. Quand il sera à point, je le mangerai. Gretel se mit à pleurer, mais cela ne lui servit à rien. Elle fut obligée de faire ce que lui demandait l’ogresse. On prépara pour le pauvre Hansel les plats les plus délicats. Gretel, elle, n’eut droit qu’à des carapaces de crabes. Tous les matins, la vieille se glissait jusqu’à l’écurie et disait :
- Hansel, tends tes doigts, que je voie si tu es déjà assez gras.
Mais Hansel tendait un petit os et la sorcière, qui avait de mauvais yeux, ne s’en rendait pas compte. Elle croyait que c’était vraiment le doigt de Hansel et s’étonnait qu’il n’engraissât point. Quand quatre semaines furent passées, et que l’enfant était toujours aussi maigre, elle perdit patience et décida de ne pas attendre plus longtemps.
- Holà ! Gretel, cria-t-elle, dépêche-toi d’apporter de l’eau. Que Hansel soit gras ou maigre, c’est demain que je le tuerai et le mangerai.
Ah, comme elle pleurait, la pauvre petite, en charriant ses seaux d’eau, comme les larmes coulaient le long de ses joues !
- Dieu bon, aide-nous donc ! s’écria-t-elle. Si seulement les bêtes de la forêt nous avaient dévorés ! Au moins serions-nous morts ensemble !
- Cesse de te lamenter ! dit la vieille ; ça ne te servira à rien !
De bon matin, Gretel fut chargée de remplir la grande marmite d’eau et d’allumer le feu.
- Nous allons d’abord faire la pâte, dit la sorcière. J’ai déjà fait chauffer le four et préparé ce qu’il faut. Elle poussa la pauvre Gretel vers le four, d’où sortaient de grandes flammes.
- Faufile-toi dedans ! ordonna-t-elle, et vois s’il est assez chaud pour la cuisson.
Hosemann
Elle avait l’intention de fermer le four quand la petite y serait pour la faire rôtir. Elle voulait la manger, elle aussi. Mais Gretel devina son projet et dit :
- Je ne sais comment faire, comment entre-t-on dans ce four ?
- Petite oie, dit la sorcière, l’ouverture est assez grande, vois, je pourrais y entrer moi-même.
Et elle y passa la tête. Alors Gretel la poussa vivement dans le four, claqua la porte et mit le verrou. La sorcière se mit à hurler épouvantablement. Mais Gretel s’en alla et cette épouvantable sorcière n’eut plus qu’à rôtir. Gretel, elle, courut aussi vite qu’elle le pouvait chez Hansel. Elle ouvrit la petite étable et dit :
- Hansel, nous sommes libres ! La vieille sorcière est morte !
Hansel bondit hors de sa prison, aussi rapide qu’un oiseau dont on vient d’ouvrir la cage. Comme ils étaient heureux ! Comme ils se prirent par le cou, dansèrent et s’embrassèrent ! N’ayant plus rien à craindre, ils pénétrèrent dans la maison de la sorcière. Dans tous les coins, il y avait des caisses pleines de perles et de diamants.
- C’est encore mieux que mes petits cailloux ! dit Hansel en remplissant ses poches.
Et Gretel ajouta :
- Moi aussi, je veux en rapporter à la maison !
Et elle en mit tant qu’elle put dans son tablier.
- Maintenant, il nous faut partir, dit Hansel, si nous voulons fuir cette forêt ensorcelée.
Au bout de quelques heures, ils arrivèrent sur les bords d’une grande rivière.
- Nous ne pourrons pas la traverser, dit Hansel, je ne vois ni passerelle ni pont.
- On n’y voit aucune barque non plus, dit Gretel. Mais voici un canard blanc. Si Je lui demande, il nous aidera à traverser.
Elle cria :
- Petit canard, petit canard, Nous sommes Hansel et Grethel. Il n’y a ni barque, ni gué, ni pont. Fais-nous passer avant qu’il ne soit tard.
Le petit canard s’approcha et Hansel se mit à califourchon sur son dos. Il demanda à sa sœur de prendre place à côté de lui.
- Non, répondit-elle, ce serait trop lourd pour le canard. Nous traverserons l’un après l’autre.
La bonne petite bête les mena ainsi à bon port. Quand ils eurent donc passé l’eau sans dommage, ils s’aperçurent au bout de quelque temps que la forêt leur devenait de plus en plus familière. Finalement, ils virent au loin la maison de leur père. Ils se mirent à courir, se ruèrent dans la chambre de leurs parents et sautèrent au cou de leur père. L’homme n’avait plus eu une seule minute de bonheur depuis qu’il avait abandonné ses enfants dans la forêt. Sa femme était morte. Gretel secoua son tablier et les perles et les diamants roulèrent à travers la chambre. Hansel en sortit d’autres de ses poches, par poignées. C’en était fini des soucis. Ils vécurent heureux tous ensemble.
Jakob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) Grimm
Blanche-Neige Partie I
Il était une fois, en plein hiver, quand les flocons descendaient du ciel comme des plumes et du duvet, une reine qui était assise et cousait devant une fenêtre qui avait un encadrement en bois d’ébène, noir et profond. Et tandis qu’elle cousait négligemment tout en regardant la belle neige au-dehors, la reine se piqua le doigt avec son aiguille et trois petites gouttes de sang tombèrent sur la neige. C’était si beau, ce rouge sur la neige, qu’en le voyant, la reine songea :
- Oh! si je pouvais avoir un enfant aussi blanc que la neige, aussi vermeil que le sang et aussi noir de cheveux que l’ébène de cette fenêtre !
Bientôt après, elle eut une petite fille qui était blanche comme la neige, vermeille comme le sang et noire de cheveux comme le bois d’ébène, et Blanche-Neige fut son nom à cause de cela. Mais la reine mourut en la mettant au monde.
Au bout d’un an, le roi prit une autre femme qui était très belle, mais si fière et si orgueilleuse de sa beauté qu’elle ne pouvait supporter qu’une autre la surpassât. Elle possédait un miroir magique avec lequel elle parlait quand elle allait s’y contempler :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume qui est la femme la plus belle ?
Et le miroir lui répondait :
- Vous êtes la plus belle du pays, Madame.
Alors la reine était contente, car elle savait que le miroir disait la vérité. Blanche-Neige cependant grandissait peu à peu et devenait toujours plus belle. Quand elle eut sept ans, elle était belle comme le jour et bien plus belle que la reine elle même. Et quand la reine, un jour, questionna son miroir :
- Miroir, gentil miroir, dis moi, dans le royaume, quelle est de toutes la plus belle ?
Le miroir répondit:
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige l’est mille fois plus que vous.
La reine sursauta et devint jaune, puis verte de jalousie. À partir de ce moment là, elle ne pouvait plus voir Blanche-Neige sans que le cœur lui chavirât dans la poitrine tant elle la haïssait. La haine poussa dans son cœur, avec la jalousie, comme pousse la mauvaise herbe, ne lui laissant aucun repos ni de jour, ni de nuit.
Franz Jüttner, 1905
Un jour, elle appela un chasseur et lui dit:
- Tu vas prendre l’enfant et l’emmener au loin dans la forêt. Je ne veux plus la voir devant mes yeux. Tu la tueras et tu me rapporteras son foie et ses poumons en témoignage.
Le chasseur obéit et emmena l’enfant. Mais quand il tira son couteau de chasse pour plonger dans le cœur innocent de Blanche-Neige, elle se mit à pleurer et lui dit :
- Oh ! Laisse-moi la vie sauve, mon bon chasseur ! Je m’enfuirai à travers bois et ne reparaîtrai jamais !
Elle était si,belle que le chasseur s’apitoya et lui dit :
- Sauve toi ma pauvre petite !
Il était certain, au dedans de lui-même, que les bêtes sauvages auraient tôt fait de la dévorer . Mais il n’en avait pas moins le cœur soulagé d’un gros poids en évitant ainsi de la tuer de sa main. Comme un marcassin passait par là, il l’abattit et le dépouilla rapportant son foie et ses poumons à la reine, en guise de preuve. Il fallut que le cuisinier les mît au sel et les fît cuire, après quoi la mauvaise femme les mangea, en croyant se repaître du foie et des poumons de Blanche-Neige.
Dans la vaste forêt, la malheureuse fillette était désespérément seule et tellement apeurée qu’elle regardait, pour ainsi dire, derrière chaque feuille sur les arbres, ne sachant que faire ni que devenir. Elle commença à courir, s’écorchant aux épines et sur les pierres pointues, voyant sauter devant elle les bêtes sauvages qui venaient la frôler, mais qui ne lui faisaient pas de mal. Tant que ses petits pieds voulurent bien la porter, elle courut ainsi droit devant, et quand tomba la nuit, n’en pouvant plus, elle eut la chance de voir une toute petite maison où elle entra pour se reposer. Tout était petit dans cette maison en miniature, mais si propre et si charmant que c’est impossible de le dire. Il y avait une petite table qui était déjà mise, avec sa nappe blanche et sept petites assiettes ayant chacune son couvert : le petit couteau, la petite cuiller, la petite fourchette et le petit gobelet. Sept petits lits s’alignaient côte à côte le long du mur, bien faits, et tous avec de beaux draps blancs et frais. Blanche-Neige avait si grand-faim et si terriblement soif qu’elle prit et mangea un petit peu dans chaque petite assiette, puis but une gorgée de vin dans chaque petit gobelet; à chaque place aussi, elle avait pris une bouchée de pain. Après, comme elle était si fatiguée, elle voulut se coucher, mais aucun des petits lits n’était à sa taille. Celui-ci était trop long, celui-là trop court, un autre trop étroit. Elle les essaya tous et le septième enfin lui alla parfaitement. Elle y resta couchée, fit sa prière et s’endormit.
Lire la suite du conte..........
Blanche-Neige Partie II
Franz Jüttner, 1905
Les maîtres du logis ne rentrèrent chez eux que lorsqu’il faisait déjà nuit noire. C’étaient les sept nains qui piochent et creusent les montagnes pour trouver les filons de minerais. Ils allumèrent leur petite bougie et s’aperçurent, avec la lumière que quelqu’un était entré chez eux, parce que tout n’était pas parfaitement en ordre ni exactement comme ils l’avaient laissé en partant.
- Qui s’est assis sur ma chaise ? demanda le premier.
- Qui a mangé dans ma petite assiette ? fit le second.
- Qui a pris un morceau de mon petit pain ? dit le troisième.
- Qui m’a pris un peu de ma petite potée ? s’étonna le quatrième.
- Qui a sali ma petite fourchette ? questionna le cinquième.
- Qui s’est servi de mon petit couteau ? interrogea le sixième.
- Qui a bu dans mon petit gobelet ? s’inquiéta le septième enfin.
Le premier, en regardant un peu partout autour de lui, vit alors qu’il y avait un creux dans son lit et il s’exclama :
- Qui s’est allongé sur mon petit lit?
Les six autres accoururent et s’écrièrent tous, les uns après les autres :
- Dans mon petit lit aussi quelqu’un s’est couché!
Tous, sauf le septième toutefois qui arriva devant son lit et vit Blanche-Neige qui était couchée et qui dormait. Il appela les autres qui se précipitèrent jusqu’à lui et poussèrent des cris de surprise et d’admiration et levant haut leur petit bougeoir pour éclairer Blanche-Neige.
- Ô mon dieu! Ô mon dieu! s’exclamaient-ils tous, la belle enfant ! Comme elle est mignonne ! Comme elle est jolie !
Leur joie était si grande qu’ils ne voulurent pas la réveiller et la laissèrent dormir dans le lit où elle était. Le septième nain s’en alla dormir avec ses compagnons, une heure avec chacun et la nuit fut passée. Au jour, quand Blanche-Neige se réveilla elle eut grand peur en voyant les sept nains ; mais ils se montrèrent très amicaux avec elle et lui demandèrent :
- Comment t’appelles-tu ?
- Je m’appelle Blanche-Neige, leur répondit-elle.
- Comment es-tu venue dans notre maison ?
Elle leur raconta que sa marâtre avait voulu la faire mourir, mais que le chasseur lui avait laissé la vie sauve et qu’elle avait couru toute la journée sans s’arrêter, jusqu’au moment qu’elle avait trouvé leur maisonnette.
- Veux-tu prendre soin de notre ménage ? lui demandèrent les nains. Tu ferais la cuisine, les lits, la lessive, la couture, le tricot, et si tu tiens tout bien propre et bien en ordre, nous pourrions te garder avec nous et tu ne manquerais de rien.
- Oh! oui, de tout mon cœur! dit Blanche-Neige.
Et elle resta avec eux. Elle leur faisait le ménage et leur tenait la petite maison bien propre et bien en ordre, et les nains s’en allaient le matin chercher dans la montagne les minéraux et l’or. Ils ne revenaient qu’à la nuit, et il fallait alors que leur repas fût prêt. Toute la journée Blanche-Neige restait seule, et les gentils petits nains l’avertirent prudemment et lui dirent :
- Tiens-toi bien sur tes gardes à cause de ta belle-mère. Elle ne tardera pas à savoir que tu es ici. Ne laisse donc entrer personne !
Lire la suite du conte........
Blanche-Neige Partie III
Franz Jüttner, 1905
La reine, en effet, quand elle crut avoir mangé le foie et les poumons de Blanche-Neige, ne douta plus dans sa pensée d’être de nouveau la première et la plus belle du royaume. Elle s’en alla devant son miroir et lui parla :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Alors le miroir répondit:
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est belle plus que vous, et mille fois au moins !
Elle frémit, car elle savait que le miroir ne pouvait pas dire un mensonge, et elle sut ainsi que le chasseur l’avait trompée et que Blanche-Neige vivait toujours. Alors elle se mit à réfléchir et à réfléchir encore au moyen de la supprimer, car si la reine n’était pas la plus belle de tout le pays, la jalousie la dévorait et ne la laissait pas en repos. Et pour finir, elle se barbouilla le visage et se rendit méconnaissable en s’habillant comme une vieille colporteuse :
- De beaux articles à vendre ! Rien que du beau, je vends !
Blanche-Neige vint regarder à la fenêtre et cria :
- Bonjour, ma bonne dame, qu’est-ce que vous vendez ?
- Du bel article, du bon article, répondit-elle, du lacet de toutes les couleurs!
En même temps elle en tirait un pour montrer: un beau lacet tressé de soie multicolore. Cette brave femme, pensa Blanche-Neige, je peux la laisser entrer ! Elle déverrouilla la porte et la fit entrer pour lui acheter le beau lacet multicolore qu’elle voulait mettre à son corset.
Franz Jüttner, 1905
- Mais mon enfant, de quoi as-tu l’air ? s’exclama la vieille. Viens ici, que je lace proprement !
Blanche-Neige, sans méfiance, vint se placer devant la vieille et la laissa lui mettre le nouveau lacet. Mais la vieille passa si vite le lacet et le serra si fort que Blanche-Neige ne put plus respirer, suffoqua et tomba comme morte.
- Et voilà pour la plus belle ! ricana la vieille qui sortit précipitamment.
Le soir venu les sept nains rentrèrent à la maison. Quel ne fut pas leur effroi en voyant leur chère Blanche-Neige qui gisait sur le sol, inerte et immobile comme si elle était morte ! Ils la redressèrent tout d’abord, et en voyant comme elle était sanglée dans son corset, ils se hâtèrent d’en couper le lacet. Le souffle lui revint petit à petit et elle se ranima peu à peu. Lorsque les nains apprirent ce qui lui était arrivé, ils lui dirent :
- Cette vieille colporteuse n’était nulle autre que la maudite reine. À l’avenir, garde-toi bien et ne laisse entrer nul être vivant quand nous n’y sommes pas!
La méchante femme, de son côté, aussitôt rentrée chez elle s’en alla devant son miroir et le questionna :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Et le miroir répondit comme devant :
- Dame la reine, ici, vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est plus belle que vous, et mille fois au moins !
Son sang s’arrêta quand elle entendit ces paroles qui lui révélaient que Blanche-Neige, une fois encore, avait pu échapper à la mort. À présent, pensa-t-elle, je vais composer quelque chose à quoi tu n’échapperas pas ! Recourant alors aux artifices des sorcières qu’elle connaissait bien, elle fabriqua un peigne empoisonné. Ensuite elle se grima et s’habilla en vieille femme, mais avec un autre air que la fois précédente. Ainsi travestie, elle passa les sept montagnes pour aller jusque chez les sept nains, frappa à la porte et cria :
- Beaux articles à vendre ! Beaux articles !
Blanche-Neige regarda dehors et cria :
- Allez vous-en plus loin ! Je ne dois laisser entrer personne dans la maison !
- Il n’est pas défendu de regarder ! répondit la fausse vieille en tirant le peigne empoisonné pour le lui faire voir à travers la fenêtre.
La petite le trouva si beau qu’elle ne put pas résister et qu’elle ouvrit la porte pour acheter le peigne à cette vieille femme.
- Et à présent laisse-moi faire, lui dit la vieille, je vais te peigner un peu comme il faut!
La pauvre Blanche-Neige, sans réfléchir, laissa faire la vieille, qui lui passa le peigne dans les cheveux. Mais à peine avait-elle commencé que le poison foudroya Blanche-Neige, qui tomba de tout son long et resta là, sans connaissance.
- Et voilà pour toi, merveille de beauté ! ricana la vieille qui s’éloigna bien vite.
Par bonheur, la nuit ne tarda pas à venir et les sept nains à rentrer. En voyant Blanche-Neige étendue sur le sol, ils pensèrent tout de suite à l’affreuse marâtre, cherchèrent ce qu’elle avait bien pu faire et trouvèrent le peigne empoisonné. Dès qu’ils l’eurent ôté de ses cheveux, Blanche-Neige revint à elle et leur raconta ce qu’il lui était arrivé. De nouveau, ils la mirent en garde et lui recommandèrent de ne jamais plus ouvrir la porte à qui que ce soit. Quand à la reine, aussitôt de retour, elle alla s’asseoir devant son miroir et demanda :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Et le miroir répondit encore comme devant :
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais Blanche-Neige sur les monts là-bas, chez les sept nains, est plus belle que vous, et mille fois au moins !
Quand le miroir eut ainsi parlé, la reine trembla de rage et de fureur et s’écria :
- Il faut que Blanche-Neige meure, même si je dois y laisser ma vie
Blanche-Neige Partie IV
Franz Jüttner, 1905
Alors, elle alla s’enfermer dans une chambre secrète où personne n’entrait jamais, et là, elle confectionna un terrible poison avec lequel elle fit une pomme empoisonnée ! Extérieurement, elle était très belle, bien blanche avec des joues rouges, et si appétissante que nul ne pouvait la voir sans en avoir envie. Mais une seule bouchée, et c’était la mort. Lorsque ses préparatifs furent achevés avec la pomme, la reine se brunit la figure et se costuma en paysanne, puis se rendit chez les sept nains en passant les sept montagnes. Quand elle eut frappé à la porte, Blanche-Neige passa la tête par la fenêtre et lui dit :
- Je ne peux laisser entrer personne au monde. Les sept nains me l’ont défendu.
- Cela m’est égal, dit la paysanne, je saurai bien me débarrasser quand même de mes pommes. Tiens, je vais t’en donner une !
- Non, merci, dit Blanche-Neige. Je ne dois rien accepter non plus.
- Aurais-tu peur du poison ? dit la paysanne. Regarde, je coupe la pomme en deux ; la moitié rouge, c’est pour toi, et la blanche, je la mange moi.
La pomme avait été faite si astucieusement que la moitié rouge était seule empoisonnée. Blanche-Neige avait grande envie de cette belle pomme, et quand elle vit la paysanne croquer à belles dents dans sa moitié de pomme, elle ne put pas résister et tendit le bras pour prendre l’autre moitié. Mais à peine la première bouchée fut-elle dans sa bouche qu’elle tomba morte sur le plancher. La reine l’examina avec des regards cruels et partit d’un grand éclat de rire, en s’écriant cette fois avec satisfaction :
- Blanche comme neige, rouge comme sang, noire comme le bois d’ébène, ce coup-ci les nains ne pourront plus te ranimer !
Et dès qu’elle fut devant son miroir, elle le questionna :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi dans le royaume quelle est de toutes la plus belle ?
Alors et enfin, le miroir répondit :
- Vous êtes la plus belle du pays, Madame !
Et là, son cœur envieux fut apaisé autant que peut être apaisé un cœur envieux. Les nains, quand ils revinrent le soir à la maison, trouvèrent Blanche-Neige étendue sur le plancher. Mais cette fois elle n’avait plus de souffle et elle était vraiment morte. Ils la relevèrent, ils cherchèrent bien partout s’ils ne trouvaient pas quelque chose d’empoisonné, ils lui défirent son corset, ils peignèrent ses cheveux, ils la lavèrent avec de l’eau, puis avec du vin. Mais rien de tout cela n’y fit. Morte elle était, la chère petite, et morte elle resta. Ils la couchèrent sur une civière, et tous les sept, ils restèrent à côté et la pleurèrent pendant trois jours. Puis ils pensèrent à l’enterrer. Mais elle était encore aussi fraîche que si elle eût été vivante et elle avait encore toutes ses couleurs et ses belles joues rouges.
- Nous ne pouvons pas l’enfouir comme cela dans la terre noire! dirent-ils.
Alors ils lui firent faire un cercueil de verre afin qu’on pût la voir de tous les côtés, puis ils l’y couchèrent et écrivirent dessus son nom en lettres d’or, en grandes, belles lettres capitales, sous lesquelles ils écrivirent encore qu’elle était une princesse, fille de roi. Ensuite, ils portèrent le cercueil en haut de la montagne. Depuis ce moment là il y eut toujours l’un des sept nains qui y resta pour la garder. Et les bêtes y venaient aussi et pleuraient Blanche-Neige : d’abord ce fut une chouette, puis un corbeau, et une colombe en dernier.
Longtemps, longtemps Blanche-Neige resta là, dans son cercueil de verre, sans changer du tout. Le temps passa et passa, mais elle était toujours aussi fraîche, aussi blanche que neige, aussi vermeille que le sang, aussi noire de cheveux que l’ébène poli, et elle avait l’air de dormir.
Et puis un jour, il arriva qu’un prince, qui s’était égaré dans la forêt, passa la nuit dans la maison des nains. Il vit sur la montagne le cercueil dans lequel était exposée Blanche-Neige, qu’il admira beaucoup, et il lut aussi ce qui était écrit dessus en grandes lettres d’or. Alors il dit aux nains :
- Laissez-moi emporter le cercueil : je vous donnerai en échange ce que vous voudrez.
- Pour tout l’or du monde, tu ne pourras nous l’acheter ! répondirent-ils.
- Alors donnez-le moi, reprit le prince, parce que je ne puis pas vivre sans admirer Blanche-Neige, et je la traiterai et la vénérerai comme ma bien aimée, comme ce que j’ai de plus cher au monde !
Les bons nains, en entendant ses paroles, s’émurent de compassion pour lui et lui donnèrent le cercueil. Le prince le fit prendre par ses serviteurs, qui le chargèrent sur leurs épaules et l’emportèrent. Mais voilà qu’ils trébuchèrent contre une racine en la portant, et la secousse fit rendre à Blanche-Neige le morceau de pomme qui lui était resté dans le gosier. Ainsi libérée, elle ouvrit les yeux soulevant le couvercle de verre et se redressa, ayant retrouvé la vie.
Franz Jüttner
- Ô mon dieu, mais où suis-je? s’exclama-t-elle.
- Tu es près de moi ! lui répondit le prince tout heureux, avant de lui raconter ce qui s’était passé. Puis il dit :
- Je t’aime et tu m’es plus chère que tout au monde. Viens, accompagne-moi au château de mon père : tu seras mon épouse.
Alors Blanche-Neige s’éprit de lui et elle l’accompagna, et leurs noces furent célébrées dans la magnificence et la somptuosité. Mais à ce grand mariage princier, la reine terrible et maudite marâtre de Blanche-Neige fut invitée aussi. Quand elle se fut richement habillée et parée elle alla devant son miroir pour lui poser sa question :
- Miroir, gentil miroir, dis-moi, dans le royaume qui est la femme la plus belle ?
Et le miroir lui répondit :
- Dame la reine, ici vous êtes la plus belle, mais la nouvelle reine est mille fois plus belle.
Franz Jüttner
Un juron échappa à l’horrible femme qui fut prise d’effroi, d’un tel effroi qu’elle ne savait plus que devenir. Pour commencer, son idée fut de ne pas aller du tout aux fêtes du mariage. Mais elle ne put y tenir et il fallut qu’elle y allât, dévorée par la jalousie pour voir cette jeune reine. Lorsqu’elle fit son entrée, elle reconnut immédiatement Blanche-Neige, et la peur qu’elle en eut la cloua sur place, sa terreur l’empêcha de bouger. Mais on lui avait préparé des souliers de fer qui étaient sur le feu, à rougir. On les lui apporta avec des tenailles et on les mit devant elle, l’obligeant à s’en chausser et à danser dans ces escarpins de fer rouge jusqu’à sa mort, qui suivit bientôt.
Jakob (1785-1863) et Wilhelm (1786-1859) Grimm
LES CONTES ET LIVRES DE PERRAULT |
12 janvier 1628: Naissance à Paris de Charles et de son frère jumeau François qui mourra six mois plus tard.
Son père Pierre Perrault, originaire de Tours est avocat au parlement de Paris. Avec sa mère Pâquette Leclerc, il forme une puissante famille de la bourgeoisie d'offices devenues noblesse de robe et imprégnée de jansénisme.
Charles est le cadet d'une famille de deux soeurs et quatre frères qui se sont illustrés sous le règne de Louis XIV: Jean est avocat, Pierre est receveur général avant de devenir premier commis de Colbert, Nicolas est théologien et vibrant défenseur du jansénisme, Claude est médecin et architecte.
1637: Charles commence ses études au collège de Beauvais à Paris et y rencontre Beaurain.
1643: Perrault ne termine pas sa classe de philosophie au collège. Il est entré en conflit avec ses maîtres pour avoir osé lire et défendre "Le Discours de la méthode" de Descartes, ouvrage alors jugé "téméraire et condamnable". Avec son camarade Beaurain, il fuit le collège et apprend, à son rythme et selon ses désirs. Au bout de quatre ans, les deux autodidactes deviennent très cultivés. Perrault confie dans ses Mémoires : "Si je sais quelque chose, je le dois particulièrement aux troisou quatre années d'étude que je passai ainsi".
1647: Il débute ses études de droit.
1648 : Il fait une traduction burlesque du livre VI de l'Énéide, en collaboration avec son ami Beaurain.
1649: Il commence à écrire avec deux de ses frères un poème : Les murs de Troie ou l'origine du burlesque.
1651: Après sa licence de droit, il devient avocat à l'âge de 23 ans.Il écrit deux poésies galantes et précieuses: Dialogue de l'amour et de l'amitié et Le miroir ou la métamorphose d'Orante.
1653: Publication du poème Les Murs de Troie ou l'origine du burlesque qui attaque avec verve, l’Antiquité.
1654: Charles renonce au barreau et devient le commis dans l’administration de la Recette Générale des finances alors dirigée par son frère aîné Pierre. Grand travailleur, aimable, spirituel, il est fort apprécié de la Cour. Son caractère et ses écrits pour louer le roi lui assureront une ascension sociale rapide
1659: Publication duPortrait d'Iris, du Portrait de la voix d'Iris et d'une Ode pour célébrer le traité des Pyrénées, traité qui mit fin à la guerre qui opposait depuis 1635 la France aux Habsbourg d'Espagne.
1660: Publication du Dialogue de l'amour et de l'amitié et d'une Ode pour célébrer le mariage de Louis XIV avec Marie-Thérèse d'Autriche.
1661: Ode pour célébrer la naissance du Dauphin Louis, unique fils de Louis XIV.
1663: Charles est nommé secrétaire de la Petite Académie fondée par Colbert. Elle deviendra la future Académie des Inscriptions et des Belles Lettres. Perrault est plus particulièrement chargé du mécénat royal et du contrôle des oeuvres littéraires. La même année, il devient commis de Colbert. Il écrit un Discours sur l'acquisition de Dunkerque par le Roi.
1665: Il est promu à la fonction de premier commis des bâtiments du roi. Il s'occupe, entre autres projets, de celui de l'aménagement du Louvre. Louis XIV préféra ses propositions à celles du Bernin pour la Colonnade du Louvre. Son frère Claude en sera l'architecte. Charles fait renoncer à Colbert, son projet d'interdire au public l'accès du jardin des Tuileries.
1667: Charles fait construire l'Observatoire du Roi d'après les plans de son frère Claude.
1668: Il publie deux poèmes: La Peinture et Le Parnasse poussé à bout.
1669: Il publie Courses de têtes et de bagues faites par le Roi et par les Princes et Seigneurs.
1671: Nommé à l'Académie française, il en devient le chancelier. Il introduit la tradition du discours de réception à l'Académie, institue les jetons de présence, l'élection des nouveaux membres et prend part à la fondation de l’Académie des Beaux-Arts.
1672: Il épouse Marie Guichon, de vingt quatre ans sa benjamine.
1673: Il devient aussi bibliothécaire de l'Académie française. Il y est considéré comme le porte parole de Colbert.
1673-1678: Il a quatre enfants, une fille et trois garçons
1674: Il publie une Critique de l'Opéra
1678: Sa femme meurt des suites de sa dernière couche.
1679: Il publie une Harangue faite au Roi après la prise de Cambrai.
1680: Il se retire de sa fonction de premier commis du roi des bâtiments, au profit du fils de Colbert.
1681: Il publie un Poème à la Louange de Monsieur Brun.
1682: Il publie Le Banquet des Dieux pour la Naissance de Monsieur le Duc de Bourgogne.
1683: Mort de Colbert, l'ascension sociale de Perrault et ses responsabilités sont stoppées net avec la nomination de Louvois, ancien adversaire de Colbert, comme chancelier de Louis XIV. Il est destitué de ses fonctions et ne perçoit plus de pension. Racine et Boileau arrivent à persuader Louvois de le rayer de la liste des membres de la Petite Académie. Il est remplacé par Félibien. Elle comprenait alors trois autres membres, Charpentier, l’abbé Tallemant et Quinault. Charles Perrault se retrouve en «retraire forcée» et décide de se retirer de la vie publique pour se consacrer à l'éducation de ses enfants et à sa passion, l'écriture
1685: Publication de "Aux Nouveaux Convertis" composé à l'occasion de la révocation de l'Édit de Nantes.
1686: Publication de Saint Paulin, dédié à Bossuet et d'une Épître chrétienne sur la pénitence.
1687:Publication de Le siècle de Louis Le Grand. Avec la lecture du 27 janvier, de son poème à la gloire du roi, Perrault expose devant les académiciens l'idée contenue dans ces deux vers: «Que l'on peut comparer, sans crainte d'être injuste, le siècle de Louis, au beau siècle d'Auguste.» Il lance ainsi la première querelle des anciens et des modernes en pensant que les modernes sont supérieurs aux anciens.
Les Académiciens le soutiennent, Boileau s’indigne et Racine le tourne en ridicule.
1688 - 1690 - 1691 - 1697:Perrault rassemble ses argumentsdans "Parallèle des Anciens et des Modernesen ce qui regarde les arts et la Science" où il défend les thèses selon laquelle les modernes sont supérieurs ou égaux aux anciens. Il met Quinault bien au-dessus de Racine et Lebrun bien au-dessus de Raphael ! La polémique ne peut qu'enfler.
1688: Publication d'une Ode à Monseigneur le Dauphin sur la prise de Philisbourg.
1690: Publication d'un recueil d'Estampes commentées par Perrault : Le Cabinet des Beaux Arts.
1691: Début de la publication des contes en vers avec la marquise de Saluces ou la patience de Grisélidis. Le genre des contes de fées est à la mode dans les salons mondains : les membres de la haute société assistent aux veillées populaires et prennent note des histoires qui s'y racontent. Boccace avait déjà écrit une première version de la Belle au Bois dormant.
Publication d'une Ode Au Roi, sur la prise de Mons.
1692: Publication de La Création du Monde et d'un poème humoristique: La Chasse.
1693: Un deuxième conte Des souhaits ridicules, est publié dans la revue le "mercure galant". Publication de Dialogues d'Hector et d'Andromaque.
1694: Publication de Peau d'âne complété Des souhaits ridicules et de La marquise de Saluces ou la patience de Grisélidis, tous trois précédés d'une préface. Ses contes ne sont pas critiqués par les classiques puisque leur forme est en vers et qu'ils sont signés du nom de son fils PierrePerrault.
«Si Peau d'Âne m'était conté
J'y prendrais un plaisir extrême.»
Jean de La Fontaine, Fables, le Pouvoir des fables.
Charles Perrault écrit la préface du dictionnaire de l'Académie française.
Publication de L'Apologie des Femmes en réponse aux sarcastiques "Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin" de Boileau. Il acquiert ainsi à la cause des modernes, toutes les femmes du royaume. Il publie aussi Le Triomphe de sainte Geneviève et L'Idylle à Monsieur de la Quintinie.
1696: Publication de La belle au bois dormant dans le mercure galant.
1696 - 1700: Publication "Des Hommes illustresqui ont paru en France pendant ce siècle, avec leur portrait au naturel" ouvrage composé de cent portraits et éloges pour démontrer que les modernes n'ont vraiment rien à envier aux anciens.
1697: Publication d'un poème: Adam, ou la création de l'homme.
Première édition par Claude Barbin des contes en prose sous le titre "Les Contes de ma mère l'Oyedes Histoires ou contes du temps passé". Recueil de huit contes merveilleux issus du folklore national signé du nom de son jeune fils de dix-neuf ans, Pierre Perrault d'Armancour, précédé d'une dédicace à Elisabeth Charlotte d'Orléans, petite nièce de Louis XIV
Charles venait d'acquérir le domaine d'Armancour pour son troisième fils Pierre qui aspirait à devenir le secrétaire de "Mademoiselle" Elisabeth Charlotte d'Orléans. La dédicace des contes signés du fils, avait pour but de confirmer la sympathie de "Mademoiselle" pour Pierre.
Ces Récits issus de la tradition populaire orale, transmis essentiellement par les femmes, nourris en partie de l'imaginaire médiéval légendaire, chevaleresque et courtois, de textes narratifs de la Renaissance italienne, sont totalement étrangers à la tradition littéraire de l'Antiquité. Leur publication sert le combat que mène Perrault en faveur des Modernes. Par leur style simple et naïf, par leur douceur et le fait qu'ils soient écrits en prose, les contes correspondent à l'image que les Modernes se font de la langue française et s'opposent à l'académisme des Anciens.
Perrault consacre ainsi le genre littéraire des contes de fées: récits appartenant au genre merveilleux et fondés sur un schéma narratif immuable. La prétendue destination des Contes aux enfants par des moralités rajoutées après chaque histoire pour expliquer les valeurs illustrées, est une subversion du genre. Ce procédé répond à une idéologie: la langue des contes est alors considérée comme la langue des nourrices, et donc, métaphoriquement, comme la langue maternelle de la France préférée au grec et au latin.Issus du folklore populaire français, les contes adaptés littérairement par Perrault n'appartiennent aucunement à la littérature enfantine, mais à une littérature orale, mouvante, destinée aux adultes des communautés villageoises, faits pour être lus le soir, à la veillée.
Le passage des contes à la culture de salon du XVII e siècle, implique pour Perrault un processus de transformation paradoxalement aussi profond que peu visible. Le Petit Chaperon rouge des versions orales dévorait la chair de sa mère-grand et s'abreuvait de son sang. Cendrillon jetait du sel dans la cendre en faisant croire qu'elle avait des poux pour qu'elle puisse être tranquille. Les Contes de Perrault sont le résultat d'une censure assez nette de tous les éléments et des motifs qui, dans la version originale, peuvent choquer ou simplement ne pas êtrecompris par un public mondain. Perrault ne se contente pas de retrancher ce que les contes pouvaient avoir de vulgaire. Il transforme le récit et l'adapte à la société de son temps, ajoutant des glaces et des parquets au logis de Cendrillon, restituant l'action du Petit Poucet à l'époque de la grande famine de 1693.
Parallèlement, il les teinte d'un humour spirituel, agrémente le récit de plaisanteries destinées à ne pas prendre le merveilleux des contes trop au sérieux, déclarant par exemple que l'ogresse de La Belle au bois dormant veut manger la petite Aurore à la sauce Robert, que Le prince et sa belle "ne dormirent pas beaucoup" après leurs retrouvailles, ou encore que les bottes du Chat botté n'étaient pas très commodes pour marcher sur les tuiles des toits.
Il adapte son style pour rappeler l'origine orale des contes et leur vivacité, en multipliant les archaïsmes et les tournures vieillies, utilisant le dialogue, le présent de narration ou le jeu des formulettes comme «Anne ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?» ou «Ma mère-grand, comme vous avez de grands bras».
Intégrant les éléments populaires du conte à une trame romanesque, Perrault transforme le conte populaire, en réalisant un des chefs-d'œuvre de la littérature universelle et sauve de l'oubli huit récits traditionnels, aujourd'hui encore célébrissimes : Riquet à la houppe, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge, La Barbe-bleue, Cendrillon ou La Petite Pantoufle de vair, le Maître Chat ou le Chat Botté, le Petit Poucet, les Fées.
Perrault reste pourtantle plus méconnu des classiques: très peu connaît sa version des contes : chez Perrault, le petit chaperon rouge et sa grand-mère finissent mangées par le loup : la version postérieure où le chasseur les sort du ventre est de Grimm. De même, c'est dans Disney que le baiser du prince réveille la Belle au Bois Dormant : chez Perrault, elle se réveille toute seule. De plus, la postérité a préféré ne garder que ce que Perrault appelait le «conte tout sec», en oubliant les moralités. 1698: Publication d'un Portrait de Bossuet et d'un essai A Monsieur de Callières sur la négociation de la Paix.
1699: Début de la rédaction des Mémoires de ma vie, autobiographie écrite à l'intention de ses enfants. Traduction des Fables de Faërne.
1700: mort de son plus jeune fils, Pierre. Réconciliation entre Perrault et Boileau sur le principeque les modernes devaient la plupart de leurs qualités à l'imitation des anciens mais que le Siècle de Louis le Grand est supérieur à celui d'Auguste, non seulement dans les sciences et les arts mais dans certains cas en lettres. En fait chacun reste sur ses convictions fondamentales, Perrault continue à penser que les modernes sont supérieurs aux anciens et Boileau considère que les modernes ne peuvent être remarquables que quand ils imitent les anciens.
1701: Publication d'une Ode au Roi Philippe V, allant en Espagne.
1702: Publication d'une Ode pour le Roi de Suède.
1703: Publication d'une satyre, Le Faux Bel Esprit et Le Roseau du Nouveau Monde un poème sur la canne à sucre.
Le 16 mai Charles Perrault meurt à Paris à l'âge de 75 ans
CITATIONS
"Tire la chevillette, la bobinette cherra."
Le Petit Chaperon rouge
"Anne, ma soeur Anne, ne vois-tu rien venir?" Et la soeur Anne lui répondait : "Je ne vois rien que le soleil qui poudroie et l'herbe qui verdoie."
Barbe-Bleue
"Il flairait à droite et à gauche, disant qu'il sentait la chair fraîche."
Le Petit Poucet
"Le conte de Peau d'Ane est difficile à croire,
Mais tant que dans le monde on aura des enfants,
Des mères et des mères-grands,
On en gardera la mémoire."
Peau d'Ane
"Pour moi, j'ose poser en fait
Qu'en de certains moments l'esprit le plus parfait
Peut aimer sans rougir jusqu'aux marionnettes."
Peau d'Ane
"Aux jeunes gens pour l'ordinaire
L'industrie et le savoir-faire
Valent mieux que des biens acquis"
Les souhaits ridicules
Il était une fois un pauvre bûcheron
Qui las de sa pénible vie,
Avait, disait-il, grande envie
De s'aller reposer aux bords de l'Achéron;
Représentant, dans sa douleur profonde,
Que depuis qu'il était au monde,
Le Ciel cruel n'avait jamais
Voulu remplir un seul de ses souhaits.
Un jour que, dans le bois, il se mit à se plaindre,
A lui, la foudre en main, Jupiter s'apparut.
On aurait peine à bien dépeindre
La peur que le bonhomme en eut :
"Je ne veux rien, dit-il, en se jetant par terre,
Point de souhaits, point de Tonnerre,
Seigneur, demeurons but à but.
-- Cesse d'avoir aucune crainte :
Je viens, dit Jupiter, touché de ta complainte,
Te faire voir le tort que tu me fais.
Ecoute donc : je te promets,
Moi qui du monde entier suis le souverain maître,
D'exaucer pleinement les trois premiers souhaits
Que tu voudras former sur quoi que ce puisse être.
Vois ce qui peut te rendre heureux.
Vois ce qui peut te satisfaire;
Et comme ton bonheur dépend tout de tes voeux,
Songes-y bien avant que de les faire."
A ces mots Jupiter dans les cieux remonta,
Et le gai bûcheron, embrassant sa falourde,
Pour retourner chez lui sur son dos la jeta.
Cette charge jamais ne lui parut moins lourde.
"Il ne faut pas, disait-il en trottant,
Dans tout ceci, rien faire à la légère;
Il faut, le cas est important,
En prendre avis de notre ménagère.
Çà dit-il, en entrant sous son toit de fougère,
Faisons, Fanchon, grand feu, grand chère,
Nous sommes riches à jamais,
Et nous n'avons qu'à faire des souhaits."
Là-dessus tout au long le fait il lui raconte.
A ce récit, l'épouse vive et prompte
Forma dans son esprit mille vastes projets;
Mais considérant l'importance
De s'y conduire avec prudence :
"Blaise, mon cher ami, dit-elle à son époux,
Ne gâtons rien par notre impatience;
Examinons bien entre nous
Ce qu'il faut faire en pareille occurrence;
Remettons à demain notre premier souhait
Et consultons notre chevet.
Je l'entends bien ainsi, dit le bonhomme Blaise.
Mais va tirer du vin derrière ces fagots."
A son retour il but, et goûtant à son aise
Près d'un grand feu la douceur du repos,
Il dit, en s'appuyant sur le dos de sa chaise :
"Pendant que nous avons une si bonne braise,
Qu'une aune de boudin viendrait bien à propos !"
A peine acheva-t-il de prononcer ces mots,
Que sa femme aperçut, grandement étonnée,
Un boudin fort long, qui partant
D'un des coins de la cheminée,
S'approchait d'elle en serpentant.
Elle fit un cri dans l'instant;
Mais jugeant que cette aventure
Avait pour cause le souhait
Que par bêtise toute pure
Son homme imprudent avait fait,
Il n'est point de pouille et d'injure
Que de dépit et de courroux
Elle ne dit au pauvre époux.
"Quand on peut, disait-elle, obtenir un empire,
De l'or, des perles, des rubis,
Des diamants, de beaux habits,
Est-ce alors du boudin qu'il faut que l'on désire ?
-- Hé bien, j'ai tort, dit-il, j'ai mal placé mon choix,
J'ai commis une faute énorme,
Je ferai mieux une autre fois.
-- Bon, bon, dit-elle, attendez-moi sous l'orme,
Pour faire un tel souhait, il faut être bien boeuf !"
L'époux plus d'une fois, emporté de colère,
Pensa faire tout bas le souhait d'être veuf,
Et peut-être, entre nous, ne pouvait-il mieux faire :
"Les hommes, disait-il, pour souffrir sont bien nés !
Peste soit du boudin et du boudin encore;
Plût à Dieu, maudite pécore,
Qu'il te pendît au bout du nez !"
Les souhaits ridicules
La prière aussitôt du Ciel fut écoutée,
Et dès que le mari la parole lâcha,
Au nez de l'épouse irritée
L'aune de boudin s'attacha.
Ce prodige imprévu grandement le fâcha.
Fanchon était jolie, elle avait bonne grâce,
Et pour dire sans fard la vérité du fait,
Cet ornement en cette place
Ne faisait pas un bon effet;
Si ce n'est qu'en pendant sur le bas du visage,
Il l'empêchait de parler aisément.
Pour un époux merveilleux avantage,
Et si grand qu'il pensa dans cet heureux moment
Ne souhaiter rien davantage.
"Je pourrais bien, disait-il à part soi,
Après un malheur si funeste,
Avec le souhait qui me reste,
Tout d'un plein saut me faire roi.
Rien n'égale, il est vrai, la grandeur souveraine;
Mais encore faut-il songer
Comment serait faite la reine,
Et dans quelle douleur ce serait la plonger
De l'aller placer sur un trône
Avec un nez plus long qu'une aune.
Il faut l'écouter sur cela,
Et qu'elle-même elle soit la maîtresse
De devenir une grande Princesse
En conservant l'horrible nez qu'elle a,
Ou de demeurer Bûcheronne
Avec un nez comme une autre personne,
Et tel qu'elle l'avait avant ce malheur-là."
La chose bien examinée,
Quoiqu'elle sût d'un sceptre et la force et l'effet,
Et que, quand on est couronnée,
On a toujours le nez bien fait;
Comme au désir de plaire il n'est rien qui ne cède,
Elle aima mieux garder son bavolet
Que d'être reine et d'être laide.
Ainsi le bûcheron ne changea point d'état,
Ne devint point grand potentat,
D'écus ne remplit point sa bourse :
Trop heureux d'employer le souhait qui restait,
Faible bonheur, pauvre ressource,
A remettre sa femme en l'état qu'elle était.
Bien est donc vrai qu'aux hommes misérables,
Aveugles, imprudents, inquiets, variables,
Pas n'appartient de faire des souhaits,
Et que peu d'entre eux sont capables
De bien user des dons que le Ciel leur a fait
Charles Perrault
Les fées
Il était une fois une veuve qui avait deux filles : l'aînée lui ressemblait si fort d'humeur et de visage, que, qui la voyait, voyait la mère. Elles étaient toutes deux si désagréables et si orgueilleuses, qu'on ne pouvait vivre avec elles. La cadette, qui était le vrai portrait de son père pour la douceur et l'honnêteté, était avec cela une des plus belles filles qu'on eût su voir. Comme on aime naturellement son semblable, cette mère était folle de sa fille aînée, et, en même temps avait une aversion effroyable pour la cadette. Elle la faisait manger à la cuisine et travailler sans cesse.
Il fallait, entre autres choses, que cette pauvre enfant allât, deux fois le jour, puiser de l'eau à une grande demi-lieue du logis, et qu'elle rapportât plein une grande cruche. Un jour qu'elle était à cette fontaine, il vint à elle une pauvre femme qui lui pria de lui donner à boire.
-" Oui-dà, ma bonne mère, " dit cette belle fille ; et, rinçant aussitôt sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui présenta, soutenant toujours la cruche, afin qu'elle bût plus aisément. La bonne femme, ayant bu, lui dit : " Vous êtes si belle, si bonne et si honnête, que je ne puis m'empêcher de vous faire un don ; car c'était une fée qui avait pris le forme d'une pauvre femme de village, pour voir jusqu'où irait l'honnêteté de cette jeune fille. Je vous donne pour don, poursuivit la fée, qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse. "
Lorsque cette belle fille arriva au logis, sa mère la gronda de revenir si tard de la fontaine. " Je vous demande pardon, ma mère, dit cette pauvre fille, d'avoir tardé si longtemps " ; et, en disant ces mots, il lui sortit de la bouche deux roses, deux perles et deux gros diamants. " Que vois-je là ! dit sa mère toute étonnée ; je crois qu'il lui sort de la bouche des perles et des diamants. D'où vient cela, ma fille ? (Ce fut là la première fois qu'elle l'appela sa fille.) La pauvre enfant lui raconta naïvement tout ce qui lui était arrivé, non sans jeter une infinité de diamants. " Vraiment, dit la mère, il faut que j'y envoie ma fille. Tenez, Fanchon, voyez ce qui sort de la bouche de votre sœ ur quand elle parle ; ne seriez-vous pas bien aise d'avoir le même don ? Vous n'avez qu'à aller puiser de l'eau à la fontaine, et, quand une pauvre femme vous demandera à boire, lui en donner bien honnêtement. - Il me ferait beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine ! - Je veux que vous y alliez, reprit la mère, et tout à l'heure. "
Les fées
Elle y alla, mais toujours en grondant. Elle prit le plus beau flacon d'argent qui fut au logis. Elle ne fut pas plus tôt arrivée à la fontaine, qu'elle vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue, qui vint lui demander à boire. C'était la même fée qui avait apparu à sa sœ ur, mais qui avait pris l'air et les habits d'une princesse, pour voir jusqu'où irait la malhonnêteté de cette fille. " Est-ce que je suis ici venue, lui dit cette brutale orgueilleuse, pour vous donner à boire ? Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprès pour donner à boire à Madame ! J'en suis d'avis : buvez à même si vous voulez. - Vous n'êtes guère honnête, reprit la fée, sans se mettre en colère. Eh bien ! puisque vous êtes si peu obligeante, je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapaud. "
D'abord que sa mère l'aperçut, elle lui cria : " Eh bien ! ma fille ! - Eh bien ! ma mère ! lui répondit la brutale, en jetant deux vipères et deux crapauds. - O ciel, s'écria la mère, que vois-je là ? C'est sa sœ ur qui est en cause : elle me le paiera " ; et aussitôt elle courut pour la battre. La pauvre enfant s'enfuit et alla se sauver dans la forêt prochaine. Le fils du roi, qui revenait de la chasse, al rencontra et, la voyant si belle, lui demanda ce qu'elle faisait là toute seule et ce qu'elle avait à pleurer ! " Hélas, Monsieur, c'est ma mère qui m'a chassée du logis. " Le fils du roi, qui vit sortir de sa bouche cinq ou six perles et autant de diamants, lui pria de lui dire d'où cela lui venait. Elle lui conta toute son aventure. Le fils du roi en devint amoureux ; et, considérant qu'un tel don valait mieux que tout ce qu'on pouvait donner en mariage à une autre, l'emmena au palais du roi son père, où il l'épousa.
Pour sa sœ ur, elle se fit tant haïr, que sa propre mère la chassa de chez elle ; et la malheureuse, après avoir bien couru sans trouver personne qui voulut la recevoir, alla mourir au coin d'un bois.
Charles Perrault