Septembre (poémes)

Septembre

Le faon tend le cou au-dessus de l'eau dormante ;
Un reflet ondulé luit en son oeil de biche
Etonné par le geai sans crainte et qui se niche
Au creux d’un arbre à la coiffure flamboyante.

Rien ne s’entend, nul craquement, épais silence…
Depuis cent ans et plus, les automnes s’avancent
Après les clameurs de l’été, l’insouciance,
A pas lents et avec des gestes d’élégance.

Dans sa musette, odeurs d’humus et de bolets
Aux chapeaux ronds perçant sous des feuilles roussies
De bouleaux droits et de peupliers élancés,
Aux cimes bercées par l’alizé adouci.

La sente morte renaît de l’arbre amaigri
Au pied duquel quelques marrons font un tapis ;
La framboise et la mûre ont été pourchassées ;
De la fraise des bois ne reste qu’un carré.

Le soir est tôt, la nuit le suit, sereinement ;
Claire la lampe en la cuisine des maisons ;
Devant, le vent se manifeste bruyamment
Accompagné de la pluie et qui lui répond.

L’horloge se balance à son pas cadencé,
Son tic-tac régulier paraît plus familier ;
Un éclat de voix fend la lenteur du foyer ;
L’air a fraîchi ; l’ondée ne s’est pas essuyée.

La robe bleue remplacera le tissu clair ;
Le jour de la rentrée excite l’écolier ;
Septembre est là, un peu été, un peu hiver
Et nous laisse le temps encore de rêver…