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Conte de Grimm

Publié à 18:27 par lusile17 Tags : chez cheval homme bonne femme belle fille rouge
 Conte de Grimm

Cendrilon - Jacob et Wilhelm Grimm

 

Le lendemain matin, il vint trouver le vieil homme avec la pantoufle et lui dit :

— Nulle ne sera mon épouse que celle dont le pied chaussera ce soulier d’or.

Alors les deux sœurs se réjouirent, car elles avaient le pied joli. L’aînée alla dans sa chambre pour essayer le soulier en compagnie de sa mère. Mais elle ne put y faire entrer le gros orteil, car la chaussure tait trop petite pour elle ; alors sa mère lui tendit un couteau en lui disant :

— Coupe-toi ce doigt ; quand tu seras reine, tu n’auras plus besoin d’aller à pied.

Alors la jeune fille se coupa l’orteil, fit entrer de force son pied dans le soulier et, contenant sa douleur, s’en alla trouver le fils du roi. Il la prit pour fiancée, la mit sur son cheval et partit avec elle. Mais il leur fallut passer devant la tornbe ; les deux pet îts pigeons s’y trouvaient, perchés sur le noisetier, et ils crièrent :

" Ro cou-cou, roucou-cou et voyez là,

Dans la pantoufle, du sang il y a:

Bien trop petit était le soulier;

Encore au logis la vraie fiancée "

Alors il regarda le pied et vit que le sang en coulait. Il fit faire demi-tour à son cheval, ramena la fausse fiancée chez elle, dit que ce n’était pas la véritable jeune fille et que l’autre sœur devait essayer le soulier. Celle-ci alla dans sa chambre, fit entrer l’orteil, mais son talon était trop grand. Alors sa mère lui tendit un couteau en disant:

— Coupe-toi un bout de talon; quand tu seras reine, tu n’auras plus besoin d’aller à pied.

La jeune fille se coupa un bout de talon, fit entrer de force son pied dans le soulier et, contenant sa douleur, s’en alla trouve le fils du roi. Il la prit alors pour fiancée, la mit sur son cheval et partit avec elle. Quand ils passèrent devant le noisetier, les deux petits pigeons s’y trouvaient perchés et crièrent :

Roucou-cou, Roucou-cou et voyez là,

Dans la pantoufle, du sang il y a :

Bien trop petit était le soulier ;

Encore au logis la vraie fiancée."

Le prince regarda le pied et vit que le sang coulait de la chaussure et teintait tout de rouge les bas blancs. Alors il fit faire demi-tour à son cheval, et ramena la fausse fiancée chez elle.

Ce n’est toujours pas la bonne, dit-il, n’avez-vous point d’autre fille ?

-Non, dit le père, il n’y a plus que la fille de ma défunte femme, une misérable Cendrillon malpropre, c’est impossible qu’elle soit la fiancée que vous cherchez.

Le fils du roi dit qu’il fallait la faire venir, mais la mère répondit :

-Oh non ! la pauvre est bien trop sale pour se montrer.

Mais il y tenait absolument et on dut appeler Cendrillon. Alors elle se lava d’abord les mains et le visage, puis elle vint s’incliner devant le fils du roi, qui lui tendit le soulier d’or. Elle s’assit sur un escabeau, retira son pied du lourd sabot de bois et le mit dans la pantoufle qui lui allait comme un gant. Et quand elle se redressa et que le fils du roi vit sa figure, il reconnut la belle jeune fille avec laquelle il avait dansé et s’écria :

— Voilà la vraie fiancée !

 

La belle-mère et les deux sœurs furent prises de peur et devinrent blêmes de rage.