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Dernière mise à jour : 04.08.2023
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Peine de mort :

Publié à 20:09 par fandeloup Tags : vie société mort air horreur
Peine de mort :

Peine de mort : un condamné américain agonise pendant deux heures.

AMÉRIQUES Un condamné à mort a succombé au terme d'une agonie sans précédent qui a duré deux heures ce mercredi dans l'Arizona. En pleine polémique sur l'injection létale comme méthode d'exécution, le débat est relancé aux Etats-Unis.

Il était condamné à mort, mais pas à souffrir. Joseph Wood, 55 ans, condamné pour le double meurtre de son ancienne petite amie et du père de celle-ci en 1989, a été déclaré mort près de deux heures après le début de l'injection, au lieu d'une dizaine de minutes habituellement. Il a "haleté", "grogné", "suffoqué et cherché sa respiration pendant environ une heure et quarante minutes", a dénoncé son avocat Dale Baich.

Ce dernier est même allé jusqu'à déposer une motion en urgence devant la Cour suprême pour qu'elle arrête l'exécution, alors que le prisonnier était encore en vie plus d'une heure après l'injection.

"L'Arizona semble avoir rejoint plusieurs autres Etats irresponsables dans une horreur qui était absolument prévisible", a fustigé Me Baich, rejoint immédiatement par un vacarme de dénonciations. Nouvelle polémique autour de la peine capitale

"Les Américains en ont marre de cette barbarie", a tonné Diann Rust-Tierney, de la Coalition nationale pour abolir la peine de mort. "Nous sommes tout simplement incapables de mettre en œuvre la peine capitale de manière humaine", a-t-elle dit, en parlant du "calvaire" du condamné. L'experte de la Fordham University Deborah Denno, spécialiste de l'injection létale, a évoqué une exécution "inacceptable", "choquante" car elle était "entièrement prévisible et évitable".

La gouverneure de l'Arizona Jan Brewer a de son côté défendu la légalité de l'exécution tout en se déclarant inquiète de sa durée et a ordonné une enquête.

"Une chose est certaine, le prisonnier Wood est mort de manière légale et n'a pas souffert selon des témoignages et des conclusions médicales", a estimé la gouverneure.

>>>En 2009, l'exécution ratée relance le débat sur la peine de mort Mystères autour de l'injection létale

Au cours des dernières 24 heures, Joseph Wood avait déposé plusieurs recours devant les tribunaux de l'Arizona et jusqu'au plus haut niveau de la justice américaine, pour contester le voile du secret qui entoure la procédure d'injection létale dans cet Etat, comme dans nombre d'autres pratiquant la peine capitale.

Comme de nombreux condamnés avant lui, il avait dénoncé les risques de souffrances inconstitutionnelles qu'il risquait d'encourir lors de son exécution, en l'absence d'informations sur les produits utilisés, leur origine, leur méthode de fabrication et sur les qualifications des personnels chargés de les injecter.

Ses ultimes appels ont été rejetés, la Cour suprême les ayant repoussés par deux fois en moins de 24 heures, comme elle l'avait fait pour ses recours précédents.

Dans les 32 Etats où la peine de mort est en vigueur, les autorités ont recours à des préparateurs en pharmacie non homologués pour fabriquer les produits d'injection, depuis le refus des fabricants européens d'en fournir à des fins d'exécution.

26 exécutions dont 3 "frappes" en 2014 Fin avril, c'est en Oklahoma (sud) qu'un prisonnier avait succombé dans d'apparentes souffrances 43 minutes après l'injection d'un cocktail de trois produits. Les exécutions avaient été suspendues dans tout le pays puis avaient repris, peu à peu, sauf en Oklahoma, malgré les protestations et les multiples procédures judiciaires.

>>> Peine de mort : reprise des exécutions aux Etats-Unis "C'est la troisième frappe, c'est l'indication claire qu'il faut changer les choses au plus haut niveau", a réagi Richard Dieter, directeur du Centre d'information sur la peine capitale, après cette 26e exécution de 2014.

Les injections létales, "un acte brutal et sauvage" pour le juge Alex Kozinski La cour d'appel de San Francisco avait donné de nouveaux espoirs aux condamnés et aux abolitionnistes ce lundi, en suspendant temporairement l'exécution de Joseph Wood, estimant qu'il ne pouvait être mis à mort tant que persisterait le secret de la procédure.

Son président, Alex Kozinski, pourtant partisan de la peine de mort, n'a pas caché tout le mal qu'il pensait des exécutions par injections létales dans l'arrêt rendu le 21 juillet dernier dans cette affaire. Il a ainsi affirmé qu'elles n'étaient qu'un moyen "de masquer la brutalité des exécutions en leur donnant un air serein et paisible." "Mais les exécutions ne sont rien de tel.

Ce sont des événements brutaux et sauvages et rien de ce que l'Etat peut faire ne masquera ça, poursuit-il. Si nous, en tant que société, souhaitons continuer les exécutions, nous devons être prêts à faire face au fait que l'Etat commet une brutalité horrible en notre nom."

Ce juge américain écrit que, si l'Etat veut continuer à "exécuter des prisonniers", il devrait revenir à des "moyens plus primitifs". "La guillotine" qui est le meilleur moyen selon lui, est malgré tout "incompatible avec leur philosophie" tandis que le "peloton d'exécution est le moyen le plus prometteur".

"Si nous ne pouvons pas supporter un peloton d'exécution, alors nous ne devrions plus faire d'exécutions du tout" conclut-il.