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Pipi au travail

Publié à 16:29 par fandeloup Tags : papier moi monde chez travail automne femmes
Pipi au travail

Pipi au travail : mais comment font-ils ?..

Caissières, ouvriers à la chaîne, kiosquiers, chauffeurs routiers ou encore enseignants… pour certaines professions, s’absenter pour uriner pendant les heures de travail n’est pas une évidence.

 

LES KIOSQUIERS.

– Didier Pean, qui passe environ douze heures par jour seul dans son kiosque à journaux du Ve arrondissement de Paris, doit recourir au système D. « J’ai des clients que je connais très bien à qui je peux sans problème confier la caisse pendant cinq minutes, le temps d’aller au café d’en face », confie-t-il.

Mais « si personne ne passe, je fais comme pas mal de mes collègues plus isolés que moi dans leur kiosque : on pisse dans une bouteille et on attend la fin de la journée pour la balancer. » Il relève que les routiers, eux, jettent souvent la bouteille par la fenêtre.

 

LES INSTITS.

Pour les enseignants, avoir une petite vessie peut aussi être problématique. En primaire, « la règle est simple : nous sommes toujours responsables des élèves, de l’entrée dans l’école à la sortie ! », donc « jamais on ne laisserait une classe seule », explique une institutrice des Hauts-de-Seine. « Comme, parfois, une envie pressante peut arriver, on utilise "la porte ouverte"» vers la classe d’à côté, et « on chuchote à un collègue » que l’on doit s’absenter…

En lycée technologique à Paris, une prof d’atelier explique que « les cours durent au minimum trois heures ». Résultat, dit-elle, en cas d’envie, « on est obligé d’utiliser un prétexte bidon comme d’aller voir la direction » et de laisser les étudiants seuls.

 

LES CAISSIÈRES.

– Comme les téléconseillers, qui doivent demander l’autorisation de quitter leur poste, les caissières peuvent aussi se trouver en difficulté. Claudette Montoya, représentante de la CGT chez Carrefour, explique qu’elles « ne peuvent quitter la caisse sans autorisation. Et quand les clients sont là, le responsable refuse », déplore-t-elle.

 

LES OUVRIERS À LA CHAÎNE.

— Chez PSA à Sochaux, Benjamin Barra, qui travaille sur une chaîne de montage, relève de même que « c’est devenu très compliqué pour les salariés de pouvoir aller aux toilettes en dehors des pauses ». « Avant, on avait un moniteur qui avait le temps de remplacer au cas où. Maintenant, il manque du monde, il y a de plus en plus d’absentéisme […] et le moniteur se retrouve de plus en plus souvent en poste », regrette le syndicaliste CGT.

Le sujet des toilettes n’est pas des plus glamour, mais est clairement abordé dans le code du travail : l’employeur doit prévoir au moins un cabinet et un urinoir pour 20 hommes et 2 cabinets pour 20 femmes, ceux-ci devant être « aménagés de manière à ne dégager aucune odeur » et être « équipés de chasse d’eau et pourvus de papier hygiénique ». Il doit aussi faire procéder « au nettoyage et à la désinfection » des toilettes « au moins une fois par jour ».

En cas de manquement, il peut être puni d’une amende de 3 750€, multipliée par le nombre de salariés concernés. L’expérience des toilettes au travail peut tout de même être déplaisante. Selon une enquête d’Initial (loueur d’articles d’hygiène) en automne 2013, un tiers des salariés français n’étaient pas satisfaits de leur dernière visite aux toilettes au travail. Parmi eux, 45 % se plaignaient de la saleté et 41 % de l’odeur.