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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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un mafieux dégaine sa plume

un mafieux dégaine sa plume

Livre : un mafieux dégaine sa plume

Giuseppe Grassonelli, ex-parrain sicilien détenu depuis 1992, publie Malerba, un récit de ses meurtres et de sa rédemption primé en Italie. Nous l’avons rencontré en prison.

Alessandra Benedetti

La clé tourne, la porte blindée s’ouvre, laissant passer un homme élégant. Giuseppe Grassonelli est rasé de près, vêtu d’une chemise rose ajustée, un pull fuchsia noué autour des épaules.

Ce Sicilien de 50 ans est condamné à perpétuité, sans remise de peine possible, pour avoir tué, dans les années 1980, plusieurs mafieux. A la prison de Sulmona (Abruzzes), sur la côte est de l’Italie, il est considéré comme « hautement dangereux ».

Etonnamment, seul son regard, noir, perçant, évoque parfois la dureté. Giuseppe Grassonelli est un détenu peu ordinaire. Car il a aussi co-écrit, Malerba ( mauvaise herbe) –, un récit, à paraître le 6 mai en France chez JC Lattès. Il semble ému quand nous le rencontrons, peu habitué aux visites. Ses sœurs et sa mère, restées en Sicile, ne viennent que deux fois par an, le voyage coûte cher.

Une des dernières personnes extérieures qu’il a rencontrée, c’est Carmelo Sardo, le journaliste avec qui il signe son livre. Cela fait plus d’un an, et ce fut le début d’un succès littéraire inédit.

Quelques mois auparavant, la sœur du détenu avait confié un manuscrit à Sardo : le journal de bord de ce parrain, membre de la Stidda, organisation partie en guerre contre Cosa nostra, la mafia sicilienne. Joueur de poker et trafiquant de cocaïne, il y raconte comment il a basculé dans la grande criminalité le jour où des membres de sa famille ont été assassinés par des tueurs de Cosa nostra.

Animé par le seul désir de vengeance, il va abattre plusieurs autres parrains avant d’être arrêté en 1992. Le Giuseppe Grassonelli des années 1980, insouciant et sûr de lui.

– DR Il cite Hegel, Kant… Carmelo Sardo, lui, travaille depuis longtemps sur ce milieu. Et il est originaire de la même ville que Grassonelli : Porto Empedocle. Au début, il trouve l’histoire de Grassonelli classique. A Sulmona, il est pourtant saisi par l’intelligence du criminel qu’il rencontre, et qui a entamé une seconde vie. Issu d’un milieu où la culture est considérée comme une perte de temps, entré en prison analphabète, il vient d’être diplômé de l’université de Naples, en philosophie et littérature , avec félicitations du jury.

Grassonelli cite les philosophes allemands Hegel et Kant ou Leonardo Sciascia, un intellectuel sicilien célèbre pour son engagement anti-mafia. « C’était la seule manière de redonner du sens à ma vie », explique le détenu. En juin 2014, Malerba paraît en Italie. Dans la petite salle anonyme où nous le rencontrons, Grassonelli parle beaucoup, de Camus, de Stendhal… de la littérature russe, d’Anna Karénine, qui lui a permis de comprendre les femmes, de Guerre et Paix, le premier livre sur lequel il mit la main dans une cellule de la prison d’Asinara, une île au large de la Sardaigne.

A l’époque, Grassonelli est jugé dans le cadre d’un procès retentissant. A la barre, une centaine de mafieux. Certains collaborent. Grassonelli, lui, refuse d’aider l’Etat, qu’il juge lié à la mafia. 22 heures d’isolement par jour Condamné à perpétuité, il est soumis au régime strict dicté par l’article de loi 41 bis, créé pour ce type de détenus : 22 heures d’isolement par jour. « J’ai cru devenir fou », raconte-t-il.

Ce sont les livres où il s’est réfugié pour passer le temps qui le sauvent. Aussi, quand en septembre dernier, Malerba a été récompensé par le prix Sciascia-Racalmare, il s’est senti heureux, comme si la société l’avait compris, à défaut de lui pardonner. Le jury populaire qui a décidé de le primer a été touché par ce parcours mêlant réflexions sur l’ignorance, violence et rédemption.

Et ce, malgré la démission d’un juré, dégoûté par la reconnaissance accordée à un criminel « qui ne s’est jamais repenti ». Grassonelli répond : « Malerba n’efface pas mes crimes, il interroge surtout sur comment l’instruction peut combattre la violence. » Cette réflexion est devenue aujourd’hui son espace de liberté. Il sourit et ajoute : « Mieux vaut manier la plume que le pistolet. »