Les Alpes s'écroulent, déstabilisées par le réchauffement climatique

Le massif du Mont-Blanc observé depuis le Brévent, le 16 juillet 2014

Le réchauffement climatique ne fait pas seulement fondre les glaciers: il fait aussi tomber les montagnes.

Depuis vingt ans, le dégel du "ciment de glace" qui lie les Alpes provoque des écroulements en pagaille. 2015 devrait être une année record.

Les Alpes seraient-elles assises sur une bombe à retardement? Avec au moins 150 écroulements recensés dans le massif du Mont-Blanc depuis le début de l'été, le niveau atteint lors de la canicule de 2003 est en effet déjà dépassé, pointe Ludovic Ravanel, chargé de recherche CNRS au laboratoire Edytem (Environnements, Dynamiques et Territoires de la Montagne).

Une illustration très concrète du réchauffement climatique, à quelques semaines de l'ouverture de la conférence pour le climat COP21. En effet, le rôle du réchauffement climatique dans ces écroulements est clairement établi depuis quelques années.

La dégradation du permafrost (ou pergélisol), c'est-à-dire des terrains gelés depuis des décennies ou des millénaires, joue un rôle central dans ce phénomène.

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Le "ciment des montagnes" fond "Il ne faut pas voir les hautes montagnes comme quelque chose d'extrêmement solide. Souvent, c'est simplement un enchevêtrement d'éléments rocheux dont la stabilité est permise par la présence de glace", explique Ludovic Ravanel. "Si l'on fait fondre le ciment des montagnes, des pans entiers de versants peuvent se déstabiliser."

A partir de photos, le chercheur a ainsi reconstitué 150 ans d'évolution des parois rocheuses des aiguilles de Chamonix et mis en lumière la concomitance des écroulements avec les années de fortes chaleurs. Et depuis 2007, un réseau d'observation permet de recenser tous les écroulements sur les deux tiers du massif du Mont-Blanc: 650 événements de 100 à 45 000 m3 ont ainsi été comptabilisés.

"Un catalogue de données unique au monde", souligne le chercheur savoyard. Des écroulements (le terme s'applique au-delà de 100 mètres cubes de roche) survenus en août dernier à la Tour Ronde et à l'Aiguille du Tacul ont justement été filmés par des observateurs, et diffusés par la société de prévention des risques La Chamoniarde.