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Publié à 08:35 par fandeloup Tags : bleu enfant fille annonce 2010 mort femme chez amour bonne homme vie citation
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Meurtre du petit Bastien : 30 ans de prison pour le père, 12 ans pour la mère

La cour d'assises de Melun a condamné le père du petit Bastien, enfermé vivant dans un lave-linge, à trente ans de réclusion pour meurtre, mais aussi la mère à douze ans de prison pour complicité.

Christophe Champenois et Charlène Cotte, les parents du petit Bastien. Christophe Champenois et Charlène Cotte, les parents du petit Bastien.

Quatre jours de débats et quatre heures de délibéré. Et hier à 22 heures, la cour d'assises de Seine-et-Marne a rendu son verdict dans le procès de l'affaire Bastien, l'enfant martyr de la machine à laver. Elle a condamné le père, Christophe Champenois, reconnu coupable de meurtre, à trente ans de réclusion criminelle, dont vingt ans de sûreté, et la mère, Charlène Cotte, coupable de complicité de meurtre et violences, à douze ans de prison.

L'accusée, qui comparaissait libre, a été incarcérée sans verser la moindre larme devant ses proches, effondrés. La cour et les jurés n'ont donc pas suivi l'avocat général qui, hier midi, avait requis la perpétuité à l'encontre du père, accusé d'avoir tué son fils de 3 ans en le plaçant dans le lave-linge, mais un acquittement en faveur de la mère pour la complicité, réclamant par ailleurs cinq ans de prison pour les violences.

Le magistrat avait fait une distinction majeure entre les parents impliqués dans cet effroyable infanticide. Plus tôt donc, il avait développé ses arguments.

Eric de Valroger considère que Charlène Cotte n'était pas complice, au sens juridique, du meurtre de son fils, à Germigny-l'Evêque le 24 novembre 2011.

 Meurtre de Bastien : le père condamné à 30 ans de réclusion, la mère à 12 ans

« Si je devais requérir sur des principes moraux, je l'enverrais à l'échafaud, a-t-il lancé à l'attention des jurés. Vous n'êtes pas ici pour faire de la morale mais pour prendre une décision fondée sur le droit. »

La chambre de l'instruction avait renvoyé la mère devant les assises pour complicité, estimant qu'elle a voulu détourner l'attention de sa fille en faisant un puzzle avec elle pendant que Bastien mourait dans le lave-linge.

« A quoi cela servait-il de détourner l'attention de M. qui n'avait pas la possibilité d'intervenir à son âge (NDLR : 5 ans au moment des faits) ? » a interrogé Eric de Valroger, qui dépeint une femme dominée, immature, une mère indigne. Quant à Christophe Champenois, il l'a qualifié de cruel, rappelant ses paroles à l'annonce du décès de Bastien :

« Comme ça, il ne nous emmerdera plus [...] On aura une alloc en moins. » Puis l'avocat général a enfoncé l'accusé avec cette citation de Victor Hugo :

« Derrière lui, le meurtre laisse un vomissement, qu'un jour il faudra boire. Le jour est venu de boire, M. Champenois. »

Les avocats de la Voix de l'enfant, Enfance et partage et l'Enfant bleu, trois associations parties civiles, ont, eux, estimé que rien n'aurait été possible sans la mère.

« L'enfant a été replacé dans sa matrice originelle, le tambour d'une machine à laver, comme dans le ventre de sa mère. Charlène Cotte le lave quand il sort en sang, comme lors d'une naissance », plaide Yves Crespin pour l'Enfant bleu.

Avocate de la sœur de Bastien, Me Catherine Bahuchet s'est tue durant une bonne minute pour montrer à la cour que Charlène avait eu « cinq fois plus de temps pour sauver Bastien.

En 2010, elle a la force d'enfermer son compagnon dans la chambre quand il veut emmener M. Comment croire qu'elle n'ait pas eu l'énergie de réagir alors qu'elle sait l'issue de Bastien fatale ? »

Puis elle s'emporte, fixant les parents : « Votre fille sait ce que vous avez fait, elle ne peut pas se construire sur vos mensonges ! » Défenseur du père, Me Jean-Christophe Ramadier a livré une plaidoirie lucide et pleine d'humanité, parlant d'un crime qui dépasse l'entendement. Il a tenté d'expliquer que le père de Bastien appelait au secours :

« Quand il menace, la veille, sur la messagerie d'un travailleur social, de jeter son fils par la fenêtre, c'est un appel au secours. Le week-end du 11 novembre, il était chez ses parents avec Bastien, et lui avait fait un câlin. Il adhérait aux services sociaux. Je porte ce dossier comme un fardeau depuis quatre ans. La grandeur d'un homme, c'est aussi sa fragilité, j'en appelle à votre humanité et à la paix. »

Décrivant la vie de sa cliente, « sous perfusion des allocs, du RSA et des Restos du cœur », Me Gérard Zbili, l'avocat de la mère, a essayé de convaincre que l'absence de larmes n'est pas une absence d'affect. Car, durant ces quatre jours, les témoins étaient émus, certains en pleurs. Jamais Charlène Cotte.

« Mon fils, je l'ai aimé, je n'ai pas voulu sa mort. D'habitude, j'arrivais à calmer Monsieur. Ce jour-là, sa haine était plus forte. Bastien sera toujours dans mon cœur. J'ai grandi, si ça devait recommencer, je parlerais, je n'aurais plus peur », a dit l'accusée hier. Des mots d'amour, enfin.