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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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témoignage

témoignage

Il est parti … Voilà, je me décide enfin à l’écrire, ce texte qui scellera à jamais le coffre des souvenirs… Lupin est parti.

Lupin est mort le 15 septembre 2015. Que dire? Comment expliquer?

Avec du recul, et froidement, tout d’abord, je vais vous raconter par où nous sommes passés. Je ne voulais pas rentrer dans les « détails » et pourtant je vais le faire, parce que je sais que cela pourra aider certains d’entre vous à vous rendre compte qu’on vit, nous, vétérinaires, la même chose que vous, avec nos propres animaux .

Et si cela permet de soulager ne fut ce qu’un peu la peine d’un seul d’entre vous, cela me permettrait peut-être de me consoler moi aussi. Lupin souffrait donc d’une cardiopathie, que l’on avait mise en évidence depuis quelques mois.

Et, avec les médicaments (des dizaines de comprimés, qu’il détestait avaler … donc c’était pénible), il était stable. Il a passé un bel été 2015 dans le jardin de la maison de campagne familiale, dans SON jardin, avec mes parents et mes enfants.

Il a supporté la chaleur, il trottinait encore dans les champs. Bref, c’était un vieux chien malade du cœur, mais un vieux chien heureux et sans souffrance.

Mais le 11 septembre (date décidément sacrément merdique), suite à une chute et à une baisse de forme, on lui a diagnostiqué en plus un hémangiosarcome du foie (une tumeur très très agressive et dont le pronostic est évidemment très mauvais).

Le 12 et le 13 septembre, nous avons encore passé un weekend à Paris, avec lui et les enfants. Il a encore été lever la patte sur tous les arbres qu’il avait croisés pendant nos 8 ans de vie là bas.

Le lundi 14 septembre, il n’avait pas très faim et semblait fatigué, à nouveau. La nuit du 14 au 15 septembre, il s’est mit à vomir, toute la nuit. Rapidement, j’ai refait un bilan sanguin : ses paramètres hépatiques étaient explosés! Si je ne faisais rien, il allait passer par des jours nauséeux, ictériques, … jusqu’à l’agonie.

J’aurais pu le gaver de médicaments, le mettre sous perfusion, pour « diluer » tout cela, aider son foie malade, … Au lieu de ça, j’ai pris mon courage à deux mains, et je lui ai fait une injection double dose d’un anti-nauséeux et d’un corticoïde.

J’ai été chercher les enfants tôt à l’école et à la crèche. La semaine avait été pourrie question météo mais des éclaircies s’annonçaient pour l’après midi. Nous sommes partis : lui, ma maman, mes enfants et moi, à notre maison de campagne familiale. Et nous avons passé deux bonnes heures dans le » jardin de Lupin », là où notre belle hd’amour à commencé.

Il a pu encore s’y promener, aller fouiller dans les fourrés, y observer les enfants sur leurs balançoires. On a tous mangé des marshmallows, lui y compris! Enfin, moi, j’ai fait semblant d’en manger.

Comme Lupin était nauséeux, ses dents grinçaient. J’ai pris des photos, beaucoup, des vidéos, comme pour immortaliser l’instant suspendu. Je retenais mes larmes à chaque fois que je croisais son regard car j’avais déjà planifié, comme un bon petit soldat, la suite de la journée.

Nous sommes tous rentrés sur Bruxelles et mes parents ont – heureusement – géré le bain et le repas du soir des enfants. Et là, j’ai fait la chose la plus douloureuse et à la fois la plus libératrice que je n’aie jamais été amené à faire.

Avec l’aide de mon mari, nous avons euthanasié Lupin. Dans le calme, mais avec tellement de larmes, mon mari lui a mis son cathéter dans la veine puis j’ai injecté la dose létale.

Il est parti, il est mort, doucement, paisiblement dans mes bras. Il ne reviendra jamais plus. Le soir même, nous sommes retournés à la maison de campagne pour l’enterrer dans son jardin qu’il aimait tant.

Il repose sous un Saule pleureur, tout près du Bouleau qui abrite la cabane des enfants, pas loin de leur balançoire… Il sera à jamais proche de nous.

 

Voilà l’histoire, telle que je la raconte avec du recul. Mais quand je me plonge dans mes sentiments, que je suis bien obligée d’enfouir au quotidien avec mon travail, mes enfants, mon mari, ma famille, … je pleurs encore tellement. J’ai toujours su qu’un jour nous devrions passer par là, mais je n’imaginais pas à quel point ce serait dur. Dur de tenir ma parole. Parce que je me suis toujours promis de ne jamais le laisser souffrir, parce que j’aurais peut-être pu le garder encore quelques jours avec moi, sous perfusion, avec d’autres médicaments, encore et encore.

Mais est-ce que Lupin aurait vraiment été lui même sous perfusion, gavés de dizaines de pilules qu’il avait en horreur, alors que je le savais condamné à au maximum quelques jours de plus?

Est ce que cela vaut la peine de les garder, uniquement pour pouvoir se shooter avec leur odeur un peu plus longtemps?

La réponse n’est certainement pas oui ou non. Je sais que Lupin aurait eu peur, sous perfusion. Je sais qu’il aurait détesté que je lui enfonce encore et encore, des cachetons dans le fond de la gorge. Je n’ai pas voulu lui imposer cette peur et ce déclin. Je suis maintenant certaine que c’était notre réponse à nous.

Mais qu’est ce qu’il me manque! Et comme il manque aux enfants! Quand le petit me dit de sa petite voix « Lupin, il est morrrrrt« , mon dieu, que ça fait mal! Subir sa propre peine et devoir expliquer aux enfants, sans leur faire peur, sans les traumatiser (alors que moi je ne crois pas en grand chose après la mort) … ça fait vraiment réfléchir, et ça fait vieillir.

Alors me voilà aujourd’hui, j’ai tenu mes promesses, je ne t’aurai pas laissé le temps d’être mal, de souffrir, de décliner, d’avoir peur. J’ai agis, j’ai pris mes responsabilités envers toi, comme je me l’étais toujours promis. J’ai agis « un peu trop tôt », pour éviter de regretter de l’avoir fait « un peu trop tard ».

Mais tu me manques. Tu nous manques. La maison sans toi, ce n’est pas pareil. Tous les matins, je descends, j’ouvre la porte du salon, et il est vide. Tu as été le plus merveilleux des chiens. Un rêve au quotidien. Tu étais le plus adorable des « grands frères poilus » avec les enfants. Tu as été mon confident durant 15 années et je ne remercierai jamais assez le hasard ou le ciel (je ne sais pas) de t’avoir mis sur mon chemin, un après midi d’automne, à la SPA, quand j’étais encore étudiante.

Tu as été mon premier coup de coeur. Tu étais là, bien avant mon amour pour mon mari, et bien avant mon amour de maman. Je sais qu’un jour j’irai mieux. Il n’y a aucune raison pour que je sois différente des autres. Je me demande même en fait si j’ai réellement envie d’aller mieux et de « faire mon deuil », parce que cela voudrait dire que tu seras un peu « oublié »?

Je sais qu’un jour, un autre petit compagnon à 4 pattes te succèdera. Mais ce ne sera jamais pareil, parce que tu étais, tu es et tu resteras à jamais le premier, celui qui m’a appris ce que c’était que de se connaître par coeur, de se comprendre sans parler et de s’apprivoiser.

TEMOIGNAGE