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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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horreur

Publié à 10:47 par fandeloup Tags : nuit homme femme mort fille enfant fleur
horreur

Ezanville : «Il a tapé ma mère... Après elle était morte»

 Quelques jours après la mort d’Amina, une marche silencieuse avait réuni une centaine de personnes.

Quelques jours après la mort d’Amina, une marche silencieuse avait réuni une centaine de personnes.

La petite fille serre une peluche dans ses bras et balance ses pieds sous sa chaise d’enfant. S., cinq ans, a assisté peu de temps auparavant à la mort de sa maman, battue sous les coups de son père le 13 octobre 2013 à Ezanville, lorsqu’elle est auditionnée par les gendarmes.

Une audition « Mélanie », réalisée dans une salle spécialement dédiée à cet effet et entièrement filmée, que la cour d’assises du Val-d’Oise a visionné, alors qu’elle juge depuis ce mardi matin Bouillé K. pour meurtre.

« Il a tapé ma mère et après il a mis un coup de pied… Elle est tombée par terre. Après elle était morte. » La fillette évoque les coups assenés « avec les chaussures qui font mal », alors que sa maman est au sol.

La vidéo dure une dizaine de minutes, pendant lesquelles l’enfant confie aussi que son père allume le feu à la cuisinière, fait chauffer une casserole, avant de s’en prendre encore à la victime.

« Il a touché sur la joue et sur la tête. » Le gendarme lui demande si c’est la première fois. « Il y a eu plein de fois », dit-elle, parlant notamment de ce jour où il a obligé sa femme à se déshabiller et à rejoindre la salle de bain pour la corriger, demandant à sa fille de la frapper aussi. « Je n’étais pas d’accord », dit la petite fille . « Je ne voulais pas. Je n’aurais pas dû. » « C’est la première fois que je vois une femme avec autant de lésions sur le corps » La cour a entendu peu avant la voisine à qui elle a été confiée avec sa petite sœur après le drame.

« Elle m’a dit, assez froidement : Mon papa va aller en prison. Il a défoncé maman. Ces mots, de la part d’une enfant de cinq ans, je m’en souviendrai toujours », témoigne-t-elle. Elle cite encore la petite : « Papa et maman se disputent tous les jours. C’est un secret, il ne faut pas le dire. »

Ce qui n’est pas un secret, c’est l’acharnement de l’accusé la nuit des faits.

« J’ai 18 ans d’ancienneté. C’est la première fois que je vois une femme avec autant de lésions sur l’ensemble du corps », lâche à la barre le directeur d’enquête de la gendarmerie.

« Le professeur qui a pratiqué l’autopsie m’a dit qu’en 32 ans de carrière il n’avait jamais vu cela non plus. » Une scène qu’un des pompiers n’a pas surmontée.

« Il est tombé en larmes, confie à la barre son chef d’agrès. Il m’a dit qu’il n’était pas fait pour accumuler ce genre d’interventions. Il a arrêté les pompiers. »

L’accusé encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Les nerfs à fleur de peau, décrit tout au long du dossier comme un homme impulsif et violent, incapable de maîtriser la frustration, il reconnaît avoir porté les coups, tout en niant avoir voulu tuer sa femme. Selon lui, les problèmes survenus dans son couple trouvent leur origine dans son appartenance à un groupe religieux musulman, qui l’a amené à passer sept ans en Egypte pour apprendre le Coran.

« Une secte » selon lui, dont il s’est extirpé avant de se retrouver, avec sa femme rencontrée via ce groupe, complètement isolé. Il a multiplié ensuite les sorties nocturnes et la consommation d’alcool, finissant par s’en prendre à son épouse.

Décrite comme douce, gentille et effacée, Amina n’avait pas le droit de regarder les séries télé et devait demander l’autorisation pour chacun de ses gestes, y compris sortir les poubelles. Sa voisine ne l’avait jamais vue.Le procès se termine vendredi.