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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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horreur

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214, ces fantassins de la cause animale

Leurs images des mauvais traitements des animaux dans plusieurs abattoirs français ont placé leur lutte contre la consommation de viande sur le devant de la scène, y compris en Suisse.

Mais qui sont ces militants résolus à bouleverser les habitudes alimentaires et à déboulonner les totems gastronomiques comme le foie gras? Dans une autre vie, le modeste QG lyonnais de L214 abritait une boutique de jeux guerriers.

Tirs «lasers», paintball, jeux de rôles… Seul subsiste de cette époque l'enseigne peinte sur la devanture, derrière laquelle s'empilent aujourd'hui brochures, affiches et livres pour la défense de la cause animale. Une grande table entre les cartons.

Trois militantes affairées à répondre aux courriels et à poster sur internet de nouvelles images dénonciatrices. Et, assis non loin d’une pile de tracts pour la prochaine marche du 4 juin en France, les deux piliers de cette association vilipendée par les patrons d’abattoirs et les industriels de la viande: Brigitte Gothière et Sébastien Arsac.

Les gens ne peuvent pas comprendre ces meurtres alimentaires prémédités à l’arme blanche. Compagnons à la ville, parents de deux enfants, ces deux enseignants en disponibilité (ils font toujours partie de l’Education nationale mais n’ont pas de poste) ont, en quelques années, tissé leur toile en important dans l’Hexagone les virulentes campagnes contre les mauvais traitements infligés aux animaux déjà testées dans les pays anglo-saxons, notamment aux Etats-Unis.

La méthode?

Montrer ce que les «carnivores» ne veulent pas voir: les poussins broyés vivants; les oies et les canards gavés par des pompes pneumatiques; les agneaux qui paniquent à l’approche de la mort, les bovins qui ne succombent pas aux chocs électriques censés les étourdir… (Mise en garde: ces images choquent).

A plusieurs reprises, Sébastien a sorti ces images à ses risques et périls, après s’être fait embaucher ou grâce à des complicités internes: «Pourquoi croyez-vous que les abattoirs, y compris lorsqu’ils prônent la transparence, ne montrent jamais d’images de mise à mort?, interroge-t-il.

C’est simple: les gens sont comme nous. Ils ne peuvent pas comprendre ces meurtres alimentaires prémédités. A l’arme blanche…» Soixante milliards d’animaux tués L214 est plus qu’une organisation militante. Le combat contre la consommation carnée est sa raison d’être.

Au sens strict. Porté ce matin par Brigitte, le sweat-shirt associatif «Ethiques et animaux» est la face officielle de la lutte. Le reste est affaire de solidarité , de prise de conscience, de disruption de notre alimentation. Direction Paris, salle Jean Damme, près des anciennes Halles inondée jadis de sang animal.

Isis, une volontaire parisienne, se réjouit de l’affluence à la soirée «Régime vegan et sport». A l’intérieur, au moins 300 personnes, pour la plupart de moins de 40 ans, et toutes végétaliennes.

Ni viande, ni poisson, ni oeufs, ni matière animale dans les vêtements. Les chiffres pleuvent. Soixante milliards d’animaux terrestres tués par an dans le monde, soit 1900 par seconde. Non au «culte de la viande» Xavier, athlète confirmé, est végétarien depuis 1996, végétalien depuis 2014. A son actif: douze marathons.

«La vérité? Je franchis à chaque fois la ligne d’arrivée devant les mangeurs de bidoche» se réjouit-t-il. Applaudissements. Xavier parle performances, éthique corporelle, nouvelle société: «Pour nous, c’est une évidence totale. On est des fantassins d’une armée qui dit non. Non à l’industrie agroalimentaire.

Non au culte de la viande. Non à la gastronomie qui impose la mort à table». Avec son sigle tiré du Code rural français, L214 peut passer pour une secte résolue à conquérir nos estomacs. Ce que Pierre Perrin dénonce. Président de la Fédération de la boucherie en Rhône-Alpes, cet artisan «travaille» la viande depuis 1976 et a ses habitudes au «Carnegie Hall», le restaurant des abattoirs de Lyon-Corbas.

A l’intérieur?

Trois carcasses de boeufs suspendues dans un frigo transparent, en attente d’être découpées. «Personne, parmi nous, ne soutient la maltraitance animale, argumente ce boucher. Un mauvais abattage se traduit par une mauvaise qualité de viande: trop nerveuse, pas assez tendre.

Mais je n’aime pas le double jeu: ces activistes sont des intégristes du régime végétalien. Ils s’en prennent en fait à notre chaîne alimentaire, à notre mode de vie, à nos valeurs.» (Mise en garde: ces images choquent).

On passe sa journée à tuer Juste à côté, deux ex-employés des abattoirs essaient de faire le tri dans les arguments. La pancarte de «Cibevial», sur le portail, cache les clôtures de métal où sont parquées les bêtes avant d’être assommées, puis tuées: «L’industrie de la viande n’est pas ce qu’on croit, reconnaît l’un d’eux.

Entre la belle image du steak et des petits légumes vantée par les publicités et ce qui passe ici, il y a un gouffre. On ne reste jamais indemne quand on passe sa journée à tuer. Même des animaux». Alors? «Mieux réglementer? Mieux surveiller? «D’accord, rétorque Pierre Perrin. Mais je n’ai pas envie qu’on utilise la compassion pour contrôler mon alimentation.»

L’ode à la ruralité avec l’accent du sud-ouest, c’est l’apparence. Les images d’oies torturées, c’est la réalité Retour à Lyon, dans les locaux de L214. Café et biscuits. Oui, l’association milite bien pour une nouvelle société. «Nos familles nous acceptent et ont parfois changé leurs habitudes alimentaires pour nous, précise Brigitte Gothière.

On se bat aussi pour le libre-choix dans les cantines scolaires afin que les enfants aient accès à un menu végétarien. Lequel, de surcroit, est le plus laïque. Pourquoi? Parce que nous allons dans le mur en fermant les yeux sur les tueries alimentaires de masse.» Avec internet, le déni est plus difficile Sébastien, lui, pointe l’hypocrisie.

Ces affiches gentillettes montrant un passant qui fait traverser des canetons sous le slogan «Ne laissons pas une tranche de foie gras nous faire oublier cela»?

Refusées, car elles s’en prenaient violemment au gavage et aux sacro-saintes habitudes culinaires. Suivent les accusations. Contre les industriels contraints de reconnaître leurs manquements aux normes.

Contre les ministres de l’Agriculture qui promettent à chaque fois des «audits» puis lâchent prise, une fois l’émotion retombée. «Avec et le poids de nos images, le déni est devenu de plus en plus difficile.

On est audible car les gens sont choqués. L’ode à la ruralité avec l’accent du sud-ouest, c’est l’apparence. Les images d’oies torturées, c’est la réalité». Démanteler l’industrie de la viande Et l’antispécisme?

Quid de ce lien controversé entre les dénonciations des abattoirs-voyous, et la défense de «l’éthique animale»? «L214 n’a pas d’agenda caché. Notre objectif est bel et bien le démantèlement de l’industrie alimentaire dévoyée» répliquent les animateurs du collectif. Brigitte Gothière l’admet.

La couverture du dernier «L214 Mag» montrant une vache, la tête posée sur un tapis herbeux, cache bien une déclaration de guerre. Guerre aux chevreaux transportés, contorsionnés, dans des caisses pour des dindes.

Guerre à l’élevage intensif, toujours défendu par les syndicats agricoles, alors que «les gens et de nombreux paysans n’en veulent pas»: «C’est frontal, admet-elle. Nous sommes pour le bien-être animal car nous pensons qu’il en va de l’avenir de nos sociétés. On n’est pas bienvenu.

Mais le fait est que les lignes bougent. Des grands chefs-cuisiniers plaident maintenant pour des ingrédients plus naturels. La cuisine végétarienne sera celle de la prochaine décennie. Nous sommes une avant-garde».

A l’international: l’animalisme mondialisé Demain, un parti antispéciste paneuropéen? Pas impossible au vu des initiatives convergentes pour la défense des animaux, dont L214 a pris la tête en France.

Coté suisse, le Comité pour l’égalité animale multiplie depuis deux ans les pétitions, y compris pour les menus véganes dans les cantines scolaires. Les inspirateurs de ces militants résolus à éliminer toute trace animale dans leurs modes de vie? L’Anglais Donald Watson, fondateur en 1944 de la Vegan Society au Royaume-Uni, et le philosophe new-yorkais Gary Francione, théoricien du droit des animaux.

Leur livre de chevet? Faut-il manger les animaux?, du journaliste américain Jonathan Safran Foer, dont L214 assure la diffusion. Et pour le monde francophone, les ouvrages d’Aymeric Caron. La mondialisation du mouvement antispéciste est coordonnée par l’Association internationale végane.

Fait étonnant, l’une des associations les plus en pointe se trouve en Israël, où l’armée propose menus et uniformes véganes. Sans surprise, le mouvement est aussi très puissant en Inde, pays des vaches sacrées, et dans les pays bouddhistes.A l’inverse, cette force de frappe activiste suscite aussi des interrogations, comme celles posées par Eric Denecé et Jamil Abou Assi dans leur livre Ecoterrorisme (Ed. Tallandier).