Durant la saison des amours, les élans qui vivent dans les forêts autour d'Anchorage sont particulièrement agressifs :

Un écureuil, sur la bruyère, se lave avec de la lumière. Une feuille morte descend, doucement portée par le vent. Et le vent balance la feuille juste au-dessus de l’écureuil ; Le vent attend, pour la poser légèrement sur la bruyère, que l’écureuil soit remonté sur le chêne de la clairière où il aime à se balancer comme une feuille de lumière

Dans la clairière, entre les hêtres roux, un petit lac donne des rendez-vous. Une biche y passe à petits pas légers, le cèpe y naît, l'écureuil y surgit. Le hérisson y roule son défi. Ces doigts futés qui courent dans mon cou, ces rires clairs venus on ne sait d'où, ce vent narquois, et soudain, étonnée, La biche, là, devant moi qui m'étonne, n'est-ce pas vous, mes moqueuses, les fées ?

Quand automne en saison revient, la forêt met sa robe rousse et les glands tombent sur la mousse où dansent en rond les lapins. Les souris font de grands festins pendant que les champignons poussent. Ah ! que la vie est douce, douce quand automne en saison revient

La beauté est partout ... Il suffit parfois de bien regarder et d'écouter

Écoutez par un clair de lune le brame d'un cerf de terre parmi les ombres nocturnes qui se fond dans la clairière. Écoutez cette noble sérénade d'un beau cervidé amoureux d'une biche aux yeux de jade     qui pour ce nomade s'émeut .Écoutez le chanter de ses bois si jeunes et gantés de velours. Des baisers sur son joli minois en prémices des jeux d'amour .Écoutez ce silence des amants qui s'assoupissent sur la terre lorsque l'écho de cris aimants les couvrent des hautes fougères

Fut une nuit , se déroula un hérisson,se hissant sous sa boule de piquants ,se hérissa tel un bouquet de buissons  et partit errant , trottinant , picotant .Mal en fut que cette rencontre inopinée  avec un escargot glissant en colimaçon .Chacun fut piqué et bavant de curiosité. Mais nez à nez leur bravoure en perdit la raison qu'ils s'enfermèrent dans leur maison

Aux yeux de chaque maman scarabée, son petit est une gazelle

L'animal ne peut être mesuré par la mesure de l'homme.

Ils vivent, parfaitement élaborés, dans un monde plus ancien et plus achevé que le notre, doués de sens étendus que nous avons perdus ou jamais atteints, parlant un langage auquel nous sommes sourds.

Ils ne sont ni nos frères ni nos subalternes, ils forment d'autres peuples, prit comme nous dans le filet de la vie et du temps, prisonniers comme nous de la splendeur créatrice de la Terre

La Prière Du Chevreuil

Brave et Vaillant

Qu'à dieu ne veuille

Et que sèche mon sang

Sur le seuil

Des prairies Éternelles "

Je suis le dernier des chevreuils et mon regard oblique

Se perd dans les ténèbres aux étranges mosaïques,poursuivit sans répit par les armées de la nuit ,jusque dans le cœur sombre de la forêt des ombres.

Je suis le dernier des chevreuils et le vent dans les feuilles ne m'apporte rien de bon sinon la course des démons.

On n'entend plus dans la plaine que le sang battre dans mes veines

Les tambours de l'hallali les aboiements et puis les cris

A mes oreilles sifflent les balles

Dans le froid mouillé les cymbales

Des chasseurs aux sombres desseins annonçant l'heure de ma fin.

Je sens dans la course des chiens

Le parfum de ma dernière heure ,encouragés par le festin qu'annonce l'odeur de ma peur

Je suis le dernier des chevreuils et chaque soir je suis au seuil du culte de la mise à mort des plus faibles par les plus forts.

Je suis le dernier des chevreuils et mon regard vitreux se perd dans le flot rouge des rivières que ne lavent pas les prières.

Je suis le dernier des chevreuils et se reflète dans mon œil Le feu que crachent les fusils ,traçant mon chemin dans la nuit.

La lune est le dernier témoin de ma douleur et je sais bien que si rien ne peut m'arrêter rien non plus ne peut me sauver.

Je suis le dernier des chevreuils et si mes forces m'abandonnent que mes ancêtres me pardonnent, je sens le parfum de la mort

Vienne le jour vienne l'aurore, matin blanc et manteau de neige, au firmament dirais que n'ai-je été le dernier des chevreuils

Brave et vaillant, qu'à dieu ne veuille et que sèche mon sang sur le seuil des prairies éternelles.

Je suis le dernier des chevreuils je n'ai pas le droit de tomber .Je suis chargé de préserver l'esprit des anciens et des morts.

Les porter jusqu'à l'age d'or après les frontières de la mort dans le marais ou s'enchevêtrent les âmes de tous mes ancêtres.

J'implore que s'arrête à l'instant le feu, les flammes et le néant, pitié pour tous ceux de mon rang ^pitié pour tous ceux de mon sang.

Je sens la nuit qui se referme ,la mort et son visage blême et j'entends sonner l'hallali

Le requiem de l'oubli. Mon corps n'est plus qu'une souffrance et ma course inutile danse

Et si mes forces m'abandonnent que mes ancêtres me pardonnent.