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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour : 15.10.2017
124619 articles


Les plus belles fables de La-Fontaine

Fable de La Fontaine

Publié à 23:20 par lusile17 Tags : roman livre
Fable de La Fontaine

Le Renard et le Bouc

 

Capitaine renard allait de compagnie
Avec son ami bouc des plus haut encornés:
Celui-ci ne voyait pas plus loin que son nez;
L'autre était passé maître en fait de tromperie.
La soif les obligea de descendre en un puits :
          Là chacun d'eux se désaltère.
Après qu'abondamment tous deux en eurent pris,
Le renard dit au bouc: « Que ferons-nous, compère ?
Ce n'est pas tout de boire, il faut sortir d'ici.
Lève tes pieds en haut, et tes cornes aussi;
Mets-les contre le mur: le long de ton échine
          Je grimperai premièrement;
          Puis sur tes cornes m'élevant,
          A l'aide de cette machine,
          De ce lieu-ci je sortirai,
          Après quoi je t'en tirerai.
- Par ma barbe, dit l'autre, il est bon; et je loue
          Les gens bien sensés comme toi.
          Je n'aurais jamais, quant à moi,
          Trouvé ce secret, je l'avoue. »
Le renard sort du puits, laisse son compagnon,
          Et vous lui fait un beau sermon
          Pour l'exhorter à patience.
« Si le ciel t'eût, dit-il, donné par excellence
Autant de jugement que de barbes au menton,
          Tu n'aurais pas, à la légère,
Descendu dans ce puits. Or adieu: j'en suis hors;
Tâche de t'en tirer, et fais tous tes efforts;
          Car, pour moi, j'ai certaine affaire
Qui ne me permet pas d'arrêter en chemin.»

 En toute chose il faut considérer la fin.      

 

Jean de La Fontaine, Fable V, Livre III.

Fable de La Fontaine

Publié à 23:02 par lusile17 Tags : roman enfant merci bonne histoire livre chien animal
Fable de La Fontaine

Le Loup, la Mère et l'Enfant

 


Ce loup me remet en mémoire
Un de ses compagnons qui fut encor mieux pris:
          Il y périt. Voici l'histoire:

Un villageois avait à l'écart son logis.
Messer loup attendait chape-chute à la porte:
Il avait vu sortir gibier de toute sorte,
          Veaux de lait, agneaux et brebis,
Régiments de dindons, enfin bonne provende.
Le larron commençait pourtant à s'ennuyer.
          Il entend un enfant crier :
          La mère aussitôt le gourmande,
          Le menace, s'il ne se tait,
De le donner au loup. L'animal se tient prêt,
Remerciant les dieux d'une telle aventure,
Quand la mère, apaisant sa chère géniture,
Lui dit: « Ne criez point; s'il vient, nous le tuerons.
- Qu'est ceci? s'écria le mangeur de moutons :
Dire d'un, puis d'un autre! Est-ce ainsi que l'on traite
Les gens faits comme moi? me prend-on pour un sot?
          Que quelque jour ce beau marmot
          Vienne au bois cueillir la noisette! »
Comme il disait ces mots, on sort de la maison :
Un chien de cour l'arrête; épieux et fourches-fières
          L'ajustent de toutes manières.
« Que veniez-vous chercher en ce lieu? » lui dit-on.
          Aussitôt il conta l'affaire.
          « Merci de moi! lui dit la mère;
Tu mangeras mon fils! L'ai-je fait à dessein
          Qu'il assouvisse un jour ta faim? »
          On assomma la pauvre bête.
Un manant lui coupa le pied droit et la tête:
Le seigneur du village à sa porte les mit;
Et ce dicton picard à l'entour fut écrit:

        

         «Biaux chires leups, n'écoutez mie
          Mère tenchent chen fieux qui crie. »

 

Jean de La Fontaine, Fable XVI, Livre IV.

                       

                               Le Loup, la Mère et l'Enfant Fable de Jean de la Fontaine illustrée par Gustave Doré

 

 

Fable de La Fontaine

Publié à 22:52 par lusile17 Tags : roman bonne fond chez enfants livre soi voyage oiseau
Fable de La Fontaine

 

La Grenouille et le Rat

 

 

 

 

 

 « Tel, comme dit Merlin, cuide engeigner autrui
          Qui souvent s'engeigne soi-même. »
J'ai regret que ce mot soit trop vieux aujourd'hui:
Il m'a toujours semblé d'une énergie extrême.
Mais afin d'en venir au dessein que j'ai pris,
Un rat plein d'embonpoint, gras, et des mieux nourris,
Et qui ne connaissait l'avent ni le carême,
Sur le bord d'un marais égayait ses esprits.
Une grenouille approche, et lui dit en sa langue
« Venez me voir chez moi; je vous ferai festin. »
          Messire rat promit soudain :
Il n'était pas besoin de plus longue .harangue.
Elle allégua pourtant les délices du bain,
La curiosité, le plaisir du voyage,
Cent raretés à voir le long du marécage :
Un jour il conterait à ses petits-enfants
Les beautés de ces lieux, .les mœurs des habitants,
Et le gouvernement de la chose publique
                    Aquatique.
Un point, sans plus, tenait le galand empêché :
Il nageait quelque peu, mais il fallait de l'aide.
La grenouille à cela trouve un très bon remède:
Le rat fut à son pied par la patte attaché;
          Un brin de jonc en fit l'affaire.
Dans le marais entrés, notre bonne commère
S'efforce de tirer son hôte au fond de l'eau,
Contre le droit des gens, contre la foi jurée;
Prétend qu'elle en fera gorge-chaude et curée;
C'était, à son avis, un excellent morceau.
Déjà dans son esprit la galande le croque.
Il atteste les dieux; la perfide s'en moque:
Il résiste; elle tire. En ce combat nouveau,
Un milan, qui dans l'air planait, faisait la ronde,
Voit d'en haut le pauvret se débattant sur l'onde.
Il fond dessus, l'enlève, et par même moyen
          La grenouille et le lien.
          Tout en fut: tant et si bien,
          Que de cette double proie
          L'oiseau se donne au cœur joie,
          Ayant de cette façon
          A souper chair et poisson.

          La ruse la mieux ourdie
          Peut nuire à son inventeur;
          Et souvent la perfidie
          Retourne sur son auteur.

 

Jean de La Fontaine, Fable XI, Livre IV.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:47 par lusile17 Tags : roman chez livre soi
Fable de La Fontaine

 

Le Loup, la Chèvre et le Chevreau

 

 

La bique allant remplir sa traînante mamelle,
          Et paître l'herbe nouvelle,
          Ferma sa porte au loquet,
          Non sans dire à son biquet:
          « Gardez-vous, sur votre vie,
          D'ouvrir que l'on ne vous die,
          Pour enseigne et mot du guet :
          Foin du loup et de sa race! »
               Comme elle disait ces mots,
               Le loup de fortune passe;
               Il les recueille à propos,
               Et les garde en sa mémoire.
               La bique, comme on peut croire,
               N'avait pas vu le glouton.
Dès qu'il la voit partie, il contrefait son ton
               Et d'une voix papelarde
Il demande qu'on ouvre, en disant : « Foin du loup! »
         Et croyant entrer tout d'un coup.
Le biquet soupçonneux par la fente regarde :
« Montrez-moi patte blanche, ou je n'ouvrirai point »,
S'écria-t-il d'abord.
Patte blanche est un point
Chez les loups, comme on sait, rarement en usage.
Celui-ci, fort surpris d'entendre ce langage,
Comme il était venu s'en retourna chez soi.
Où serait le biquet s'il eût ajouté foi
          Au mot du guet que de fortune
          Notre loup avait entendu?

Deux sûretés valent mieux qu'une,
Et le trop en cela ne fut jamais perdu.

 

Jean de La Fontaine, Fable XV, Livre IV.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:44 par lusile17 Tags : roman livre homme
Fable de La Fontaine

 

Le petit Poisson et le Pêcheur

 

Petit poisson deviendra grand,
          Pourvu que Dieu lui prête vie;
          Mais le lâcher en attendant,
          Je tiens pour moi que c'est folie:
Car de le rattraper il n'est pas trop certain.

Un carpeau, qui n'était encore que fretin,
Fut pris par un pêcheur au bord d'une rivière.
« Tout fait nombre, dit l'homme en voyant son butin;
Voilà commencement de chère et de festin:
          Mettons-le en notre gibecière. »
Le pauvre carpillon lui dit en sa manière :
« Que ferez-vous de moi? je ne saurais fournir
          Au plus qu'une demi-bouchée.
          Laissez-moi carpe devenir :
          Je serai par vous repêchée;
Quelque gros. partisan m'achètera bien cher:
          Au lieu qu'il vous en faut chercher
          Peut-être encor cent de ma taille
Pour faire un plat: quel plat? croyez-moi, rien qui vaille.
- Rien qui vaille? Eh bien! soit, repartit le pêcheur:
Poisson, mon bel ami, qui faites le prêcheur,
Vous irez dans la poêle; et vous avez beau dire,
     Dès ce soir on vous fera frire. »

Un Tiens vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l'auras :
          L'un est sûr, l'autre ne l'est pas.

 

Jean de La Fontaine, Fable III, Livre V.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:40 par lusile17 Tags : roman belle livre
Fable de La Fontaine

 

La Poule aux oeufs d'or

 

L'avarice perd tout en voulant tout gagner.
          Je ne veux, pour le témoigner,
Que celui dont la poule, à ce que dit la fable,
          Pondait tous les jours un œuf d'or.
Il crut que dans son corps elle avait un trésor:
Il la tua, l'ouvrit, et la trouva semblable
A celles dont les œufs ne lui rapportaient rien,
S'étant lui-même ôté le plus beau de son bien.
          Belle leçon pour les gens chiches!
Pendant ces derniers temps, combien en a-t-on vus,
Qui du soir au matin sont pauvres devenus,
          Pour vouloir trop tôt être riches!

 

Jean de La Fontaine, Fable XIII, Livre V.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:30 par lusile17 Tags : livre
Fable de La Fontaine

Le Vieillard et l'âne 

 

Un vieillard sur son âne aperçut, en passant,
          Un pré plein d'herbe et fleurissant:
Il y lâche sa bête, et le grison se rue
          Au travers de l'herbe menue,
          Se vautrant, grattant, et frottant,
          Gambadant, chantant, et broutant,
          Et faisant mainte place nette.
          L'ennemi vient sur l'entrefaite.
          « Fuyons, dit alors le vieillard.
          - Pourquoi? répondit le paillard :
Me fera-t-on porter double bât, double charge?
Non pas, dit le vieillard, qui prit d'abord. le large.
Et que m'importe donc, dit l'âne, à qui je sois?
          Sauvez-vous, et me laissez paître.
          Notre ennemi, c'est notre maître :
          Je vous le dis en bon françois. »

 

Jean de La Fontaine, Fable VIII, Livre VI.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:19 par lusile17 Tags : homme livre
Fable de La Fontaine

Le Gland et la Citrouille

 

 Dieu fait bien ce qu'il fait. Sans en chercher la preuve
En tout cet univers, et l'aller parcourant,
          Dans les citrouilles je la treuve.

          Un villageois, considérant
Combien ce fruit est gros et sa tige menue:
« A quoi songeait, dit-il, l'auteur de tout cela?
Il a bien mal placé cette citrouille-là.
          Hé parbleu! je l'aurais pendue
          A l'un des chênes que voilà;
          C'eût été justement l'affaire:
          Tel fruit, tel arbre, pour bien faire.
C'est dommage, Garo, que tu n'es point entré
Au conseil de celui que prêche ton curés:
Tout en eût été mieux; car pourquoi, par exemple,
Le gland, qui n'est pas gros comme mon petit doigt,
          Ne pend-il pas en cet endroit?
          Dieu s'est mépris: plus je contemple
Ces fruits ainsi placés, plus il semble à Garo
          Que l'on a fait un quiproquo. »
Cette réflexion embarrassant notre homme :
« On ne dort point, dit-il, quand on a tant d'esprit. »
Sous un chêne aussitôt il va prendre son somme.
Un gland tombe: le nez du dormeur en pâtit.
Il s'éveille; et, portant la main sur son visage,
Il trouve encor le gland pris au poil du menton.
Son nez meurtri le force à changer de langage.
« Oh! oh! dit-il, je saigne! et que serait-ce donc
S'il fût tombé de l'arbre une masse plus lourde,
          Et que ce gland eût été gourde?
Dieu ne l'a pas voulu: sans doute il eut raison,
          J'en vois bien à présent la cause. »
          En louant Dieu de toute chose,
          Garo retourne à la maison.

 

Jean de La Fontaine, Fable IV, Livre IX.

Fable de La Fontaine

Publié à 22:15 par lusile17 Tags : chez nuit homme chat livre argent
Fable de La Fontaine

Le savetier et le financier

 

Un savetier chantait du matin jusqu'au soir;
          C'était merveilles de le voir,
Merveilles de l'ouïr; il faisait des passages,
          Plus content qu'aucun des sept sages.
Son voisin, au contraire, étant tout cousu d'or,
          Chantait peu, dormait moins encor.
          C'était un homme de finance.
Si, sur le point du jour, parfois il sommeillait,
Le savetier alors en chantant l'éveillait;
           Et le financier se plaignait
           Que les soins de la Providence
N'eussent pas au marché fait vendre le dormir,
           Comme le manger et le boire.
           En son hôtel il fait venir
Le chanteur, et lui dit: « Or çà, sire Grégoire,
Que gagnez-vous par an? - Par an? Ma foi, Monsieur,
          Dit, avec un ton de rieur,
Le gaillard savetier, ce n'est point ma manière
De compter de la sorte; et je n'entasse guère
     Un jour sur l'autre, il suffit qu'à la fin
          J'attrape le bout de l'année;
          Chaque jour amène son pain.
- Eh bien, que gagnez-vous, dites-moi, par journée?
- Tantôt plus, tantôt moins: le mal est que toujours
(Et sans cela nos gains seraient assez honnêtes),
Le mal est que dans l'an s'entremêlent des jours
     Qu'il faut chômer; on nous ruine en fêtes;
L'une fait tort à l'autre; et Monsieur le curé
De quelque nouveau saint charge toujours son prône. »
Le financier, riant de sa naïveté,
Lui dit: « Je vous veux mettre aujourd'hui sur le trône.
Prenez ces cent écus; gardez-les avec soin,
          Pour vous en servir au besoin. »
Le savetier crut voir tout l'argent que la terre
          Avait, depuis plus de cent ans,
          Produit pour l'usage des gens.
Il retourne chez lui; dans sa cave il enserre
          L'argent et sa joie à la fois.
          Plus de chant : il perdit la voix,
Du moment qu'il gagna ce qui cause nos peines.
          Le sommeil quitta son logis;
          Il eut pour hôtes les soucis,
          Les soupçons, les alarmes vaines;
Tout le jour il avait l'œil au guet; et la nuit,
          Si quelque chat faisait du bruit,
Le chat prenait l'argent. A la fin le pauvre homme
S'en courut chez celui qu'il ne réveillait plus:
« Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme,
          Et reprenez vos cent écus. » 

 

  Jean de La Fontaine, Fable II, Livre VIII.

 
   

 

 

Fable de La Fontaine

Publié à 22:00 par lusile17 Tags : chez roman enfants homme chat livre animal
Fable de La Fontaine

Le chat ,la belette et le petit lapin

 

Du palais d'un jeune lapin
          Dame belette, un beau matin,
          S'empara : c'est une rusée.
Le maître étant absent, ce lui fut chose aisée.
Elle porta chez lui ses pénates, un jour
Qu'il était allé faire à l'Aurore sa cour
          Parmi le thym et la rosée.
Après qu'il eut brouté, trotté, fait tous ses tours,
Jannot lapin retourne aux souterrains séjours.
La belette avait mis le nez à la fenêtre.
« O Dieux hospitaliers! que vois-je ici paraître?
Dit l'animal chassé du paternel logis.
          O là, Madame la belette,
          Que l'on déloge sans trompette,
Ou je vais avertir tous les rats du pays. »
La dame au nez pointu répondit que la terre
          Était au premier occupant.
          « C'était un beau sujet de guerre,
Qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant.
          Et quand ce serait un royaume,
Je voudrais bien savoir, dit-elle, quelle loi
          En a pour toujours fait l'octroi
A Jean, fils ou neveu de Pierre ou de Guillaume,
          Plutôt qu'à Paul, plutôt qu'à moi. »
Jean lapin allégua la coutume et l'usage :
« Ce sont, dit-il, leurs lois qui m'ont de ce logis
Rendu maître et seigneur, et qui, de père en fils,
L'ont de Pierre à Simon, puis à moi Jean, transmis.
« Le premier occupant », est-ce une loi plus sage?
          - Or bien, sans crier davantage,
Rapportons-nous, dit-elle, à Raminagrobis. »
C'était un chat vivant comme un dévot ermite,
          Un chat faisant la chattemite,
Un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras,
          Arbitre expert sur tous les cas.
          Jean Lapin pour juge l'agrée.
          Les voilà tous deux arrivés
          Devant Sa Majesté fourrée.
Grippeminaud leur dit : « Mes enfants, approchez,
Approchez, je suis sourd, les ans en sont la cause. »
L'un et l'autre approcha ne craignant nulle chose.
Aussitôt qu'à portée il vit les contestants,
          Grippeminaud, le bon apôtre,
Jetant des deux côtés la griffe en même temps,
Mit les plaideurs d'accord en croquant l'un et l'autre.

Ceci ressemble fort aux débats qu'ont parfois
Les petits souverains se rapportants aux rois.  

 

 Jean de La Fontaine, Fable XVI, Livre VII.