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Date de création : 13.04.2009
Dernière mise à jour : 15.10.2017
124619 articles


Les plus belles fables de La-Fontaine

Fable de La Fontaine

Publié à 19:32 par lusile17 Tags : voyage livre
Fable de La Fontaine

Le pot de terre et le pot de fer 

 

Le pot de fer proposa
Au pot de terre un voyage.
Celui-ci s'en excusa,
Disant qu'il ferait que sage
De garder le coin du feu,
Car il lui fallait si peu,
Si peu, que la moindre chose
De son débris serait cause:
Il n'en reviendrait morceau.
« Pour vous, dit-il, dont la peau
Est plus dure que la mienne,
Je ne vois rien qui vous tienne.
- Nous vous mettrons à couvert,
Repartit le pot de fer:
Si quelque matière dure
Vous menace d'aventure,
Entre deux je passerai,
Et du coup vous sauverai. »
Cette offre le persuade.
Pot de fer son camarade
Se met droit à ses côtés.
Mes gens s'en vont à trois pieds,
Clopin-clopant comme ils peuvent,
L'un contre l'autre jetés
Au moindre hoquet qu'ils treuvent.
Le pot de terre en souffre; il n'eut pas fait cent pas
Que par son compagnon il fut mis en éclats,
Sans qu'il eût lieu de se plaindre.

Ne nous associons qu'avecque nos égaux,
Ou bien il nous faudra craindre
Le destin d'un de ces pots.

 

Jean de La Fontaine, Fable II, Livre V.

Fable de La Fontaine

Publié à 19:24 par lusile17 Tags : livre animal chiens
Fable de La Fontaine

 Le Liévre et la tortue

 

Rien ne sert de courir1; il faut partir à point
Le lièvre et la tortue en sont un témoignage.
« Gageons, dit celle-ci, que vous n'atteindrez point
Sitôt que moi ce but. - Sitôt? :E:tes-vous sage?
          Repartit l' animal léger :
          Ma commère, il vous faut purger
          Avec quatre grains d'ellébore.
          - Sage ou non, je parie encore. »
          Ainsi fut fait; et de tous deux
          On mit près du but les enjeux:
          Savoir quoi, ce n'est pas l'affaire,
          Ni de quel juge l'on convint.
Notre lièvre n'avait que quatre pas à faire,
J'entends de ceux qu'il fait lorsque, prêt à être atteint,
Il s'éloigne des chiens, les renvoie aux calendes,
          Et leur fait arpenter les landes.
Ayant, dis-je, du temps de reste pour brouter,
          Pour dormir et pour écouter
     D'où vient le vent, il laisse la tortue
          Aller son train de sénateur.

          Elle part, elle s'évertue,
          Elle se hâte avec lenteur.
Lui cependant méprise une telle victoire,
          Tient la gageure à peu de gloire,
          Croit qu'il y va de son honneur
     De partir tard. II broute, il se repose,
          II s'amuse à toute autre chose
     Qu'à la gageure. A la fin, quand il vit
Que l'autre touchait presque au bout de la carrière,
II partit comme un trait; mais les élans qu'il fit
Furent vains : la tortue arriva la première.
« Eh bien! lui cria-t-elle, avais-je pas raison?
          De quoi vous sert votre vitesse?
          Moi l'emporter! et que serait-ce
          Si vous portiez une maison? »

 

Jean de La Fontaine, Fable X, Livre VI.

Fable de La Fontaine

Publié à 19:01 par lusile17 Tags : image fond histoire livre argent animal
Fable de La Fontaine

 Le Loup et le Renard

 

Mais d'où vient qu'au renard Ésope accorde un point,
C'est d'exceller en tours pleins de matoiserie?
J'en cherche la raison, et ne la trouve point.
Quand le loup a besoin de défendre sa vie,
          Ou d'attaquer celle d'autrui,
          N'en sait-il pas autant que lui?
Je crois qu'il en sait plus; et j'oserais peut-être
Avec quelque raison contredire mon maître,
Voici pourtant un cas où tout l'honneur échut
A l'hôte des terriers. Un soir il aperçut.
La lune au fond d'un puits: l'orbiculaire image
          Lui parut un ample fromage.
          Deux seaux alternativement
          Puisaient le liquide élément :
Notre renard, pressé par une faim canine,
S'accommode en celui qu'au haut de la machine.
          L'autre seau tenait suspendu.
          Voilà l'animal descendu,
          Tiré d'erreur, mais fort en peine,
          Et voyant sa perte prochaine:
Car comment remonter, si quelque autre affamé,
          De la même image charmé,
          Et succédant à sa misère,
Par le même chemin ne le tirait d'affaire?
Deux jours s'étaient passés sans qu'aucun vînt au puits.
Le temps, qui toujours marche, avait, pendant deux nuits,
          Échancré, selon l'ordinaire,
De l'astre au front d'argent la face circulaire.
     Sire renard était désespéré.
     Compère loup, le gosier altéré,
     Passe par là. L'autre dit: « Camarade,
Je veux vous régaler: voyez-vous cet objet?
C'est un fromage exquis: le dieu Faune l'a fait;
          La vache Io donna le lait.
          Jupiter, s'il était malade,
Reprendrait l'appétit en tâtant d'un tel mets.
          J'en ai mangé cette échancrure;
Le reste vous sera suffisante pâture.
Descendez dans un seau que j'ai là mis exprès.
Bien qu'au moins mal qu'il pût il ajustât l'histoire,
          Le loup fut un sot de le croire;
Il descend, et son poids emportant l'autre part,
          Reguinde en haut maître renard.

Ne nous en moquons point : nous nous laissons séduire
          Sur aussi peu de fondement;
          Et chacun croit fort aisément
          Ce qu'il craint et ce qu'il désire

 

Jean de La Fontaine, Fable VI, Livre XI.

Fable de La Fontaine

Publié à 14:11 par lusile17 Tags : livre bonne chien tendresse chiens
Fable de La Fontaine

Le loup et le chien

 

Un loup n'avait que les os et la peau,
          Tant les chiens faisaient bonne garde.
Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau,
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.
          L'attaquer, le mettre en quartiers,
          Sire loup l'eût fait volontiers;
          Mais il fallait livrer bataille,
          Et le mâtin était de taille
          A se défendre hardiment.
          Le loup donc l'aborde humblement,
     Entre en propos, et lui fait compliment
          Sur son embonpoint, qu'il admire.
          « Il ne tiendra qu'à vous, beau sire,
D'être aussi gras que moi, lui répartit le chien.
          Quittez les bois, vous ferez bien:
          Vos pareils y sont misérables,
          Cancres, hères, et pauvres diables,
Dont la condition est de mourir de faim.
Car quoi? rien d'assuré; point de franche lippée;
          Tout à la pointe de l'épée.
Suivez-moi, vous aurez un bien meilleur destin. »
     Le loup reprit: « Que me faudra-t-il faire? 
- Presque rien, dit le chien : donner la chasse aux gens
          Portants bâtons, et mendiants;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire? : 
          Moyennant quoi votre salaire
Sera forces reliefs de toutes les façons,
          Os de poulets, os de pigeons,
          Sans parler de mainte caresse. »
Le loup déjà se forge une félicité 
          Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le cou du chien pelé.
« Qu'est-ce là? lui dit-il. - Rien. - Quoi? rien? - Peu de chose.
- Mais encor? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché? dit le loup: vous ne courez donc pas
     Où vous voulez? - Pas toujours; mais qu'importe?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
          Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. »
Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encor.

images/le_loup_et_le_chien_illustration_dore

Jean de La Fontaine, Fable V, Livre I.

 

Fable de La Fontaine

Publié à 14:04 par lusile17 Tags : roman amis livre
Fable de La Fontaine

 Le renard et la cigogne

 

Compère le renard se mit un jour en frais,
Et retint à dîner commère la cigogne.
Le régal fut petit et sans beaucoup d'apprêts:
          Le galand, pour toute besogne,
Avait un brouet clair; il vivait chichement.
Ce brouet fut par lui servi sur une assiette :
La cigogne au long bec n'en put attraper miette,
Et le drôle eut lapé le tout en un moment.
     Pour se venger de cette tromperie,
A quelque temps de là, la cigogne le prie.
« Volontiers, lui dit-il; car avec mes amis
          Je ne fais point cérémonie. »
     A l'heure dite, il courut au logis
          De la cigogne son hôtesse;
          Loua très fort sa politesse;
          Trouva le dîner cuit à point :
Bon appétit surtout; renards n'en manquent point.
Il se réjouissait à l'odeur de la viande
Mise en menus morceaux, et qu'il croyait friande.
         On servit, pour l'embarrasser,
En un vase à long col et d'étroite embouchure.
Le bec de la cigogne y pouvait bien passer;
Mais le museau du sire était d'autre mesure.
Il lui fallut à jeun retourner au logis,
Honteux comme un renard qu'une poule aurait pris,
     Serrant la queue, et portant bas l'oreille.          

 Trompeurs, c'est pour vous que j'écris:
          Attendez-vous à la pareille.  

 

Jean de La Fontaine, Fable XVIII, Livre I.

 

Fable de La Fontaine

Publié à 13:54 par lusile17 Tags : roman fond livre animal chiens
Fable de La Fontaine

 

       Le loup et l'agneau

 

La raison du plus fort est toujours la meilleure :
          Nous l'allons montrer tout à l'heure.  

         Un agneau se désaltérait
          Dans le courant d'une onde pure.
Un loup survient à jeun, qui cherchait aventure,
     Et que la faim en ces lieux attirait.
« Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?
          Dit cet animal plein de rage :
Tu seras châtié de ta témérité.
- Sire, répond l'agneau, que Votre Majesté
          Ne se mette pas en colère;
          Mais plutôt qu'elle considère
          Que je me vas désaltérant
                    Dans le courant,
          Plus de vingt pas au-dessous d'Elle;
Et que par conséquent, en aucune façon,
          Je ne puis troubler sa boisson.
- Tu la troubles, reprit cette bête cruelle;
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
- Comment l'aurais-je fait si6 je n'étais pas né?
     Reprit l'agneau; je tète encor ma mère.
          - Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
- Je n'en ai point. - C'est donc quelqu'un des tiens;
     Car vous ne m'épargnez guère,
     Vous, vos bergers, et vos chiens.
On me l'a dit: il faut que je me venge. »
Là-dessus, au fond des forêts
Le loup l'emporte et puis le mange,
Sans autre forme. de procès.  

 

 Jean de La Fontaine, Fable X, Livre I.

Fable de La Fontaine

Publié à 13:48 par lusile17 Tags : roman livre chez amis
Fable de La Fontaine

  Le rat des villes et le rat des champs

 

Autrefois le rat de ville
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'ortolans.

Sur un tapis de Turquie
Le couvert se trouva mis.
Je laisse à penser la vie
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête :
Rien ne manquait au festin;
Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle
Ils entendirent du bruit:
Le rat de ville détale;
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire:
Rats en campagne aussitôt;
Et le citadin de dire :
« Achevons tout notre rôt.

- C'est assez, dit le rustique;
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique
De tous vos festins de roi;

Mais rien ne vient m'interrompre:
Je mange tout à loisir.
Adieu donc. Fis du plaisir
Que la crainte peut corrompre! »

 

Jean de La Fontaine, Fable IX, Livre I.

                 images/le_rat_de_ville_et_le_rat_des_champs_illustration_granville

Fable de La Fontaine

Publié à 12:50 par lusile17 Tags : animal belle livre
Fable de La Fontaine

 

 La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf

 

Une grenouille vit un boeuf
          Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf,
Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille,
     Pour égaler l'animal en grosseur,
          Disant: « Regardez bien, ma sœur;
Est-ce assez ? dites-moi; n'y suis-je point encore?
Nenni. - M'y voici donc? - Point du tout. - M'y voilà ?
- Vous n'en approchez point. » La chétive pécore
S'enfla si bien qu'elle creva.
Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
     Tout petit prince a des ambassadeurs,
           Tout marquis veut avoir des pages.

images/la_grenouille_qui_veut_se_faire_aussi_grosse_que_le_boeuf_illustration_dore

Jean de La Fontaine, Fable III, Livre I.

 

Fable de La Fontaine

Publié à 12:32 par lusile17 Tags : roman livre femme enfants mort peinture
Fable de La Fontaine

 LA MORT ET LE BÛCHERON
 

Un pauvre bûcheron, tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans,
Gémissant et courbé, marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
« Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos. »
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
          Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la Mort. Elle vient sans tarder,
          Lui demande ce qu'il faut faire.
          « C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois; tu ne tarderas guère. »

              Le trépas vient tout guérir;
              Mais ne bougeons d'où nous sommes:
              Plutôt souffrir que mourir,
              C'est la devise des hommes.

 

Jean de La Fontaine, Fable XVI, Livre I.

 

Fable de La Fontaine

Publié à 12:25 par lusile17 Tags : oiseau animaux
Fable de La Fontaine

La Colombe et la Fourmi

 

L'autre exemple est tiré d'animaux plus petits.
Le long d'un clair ruisseau buvait une colombe
Quand sur l'eau se penchant une fourmi y tombe
Et dans cet océan l'on eût vu la fourmi
S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La colombe aussitôt usa de charité :
Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la fourmis arrive.
Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain croquant qui marchait les pieds nus.
Ce croquant, par hasard, avait une arbalète.
Dès qu'il voit l'oiseau de Vénus,
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,
La fourmi le pique au talon.
Le vilain retourne la tête :
La colombe l'entend, part, et tire de long
Le soupé du croquant avec elle s'envole :
Point de pigeon pour une obole.

 

 Jean de La Fontaine