Pierrots-Colombines et Arlequins
Publié à 19:03 par lusile17
Arlequin
Crépuscule
Frôlée par les ombres des morts
Sur l'herbe où le jour s'exténue
L'arlequine s'est mise nue
Et dans l'étang mire son corps
Un charlatan crépusculaire
Vante les tours que l'on va faire
Le ciel sans teinte est constellé
D'astres pâles comme du lait
Sur les tréteaux l'arlequin blême
Salue d'abord les spectateurs
Des sorciers venus de Bohême
Quelques fées et les enchanteurs
Ayant décroché une étoile
Il la manie à bras tendu
Tandis que des pieds un pendu
Sonne en mesure les cymbales
L'aveugle berce un bel enfant
La biche passe avec ses faons
Le nain regarde d'un air triste
Grandir l'arlequin trismégiste
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
Publié à 19:01 par lusile17
- ARLEQUINE -
Poème de Rose Gaucher
- Peinture de Raoul Giordan -
Ma divine Arlequine
Je te contemple
Et je devine
Dans ce lieu envoûté
Sous ton loup de feutrine
Tes yeux d’ambre baissés
Et la tête penchée
Sur un violon magique
Aux cordes de soie fine.
Tes doigts de porcelaine
Faisant glisser l’archer,
Font parfois s’envoler
En volutes de fumée
Des notes féeriques
D’étranges mélopées.
Et mon regard s’imprègne
De cette superbe toile
Où la lune découpée
Comme un arc sacré
Attend sa belle étoile…
D’où viens-tu Arlequine
Au costume chamarré
A la cape brochée
Et poignets de satin ?
Attends-tu Arlequin
Ton amour et ta muse
Dans la senteur diffuse
De ce brûle-parfum
Aux puissantes effluves… ?
Est-ce un songe dérisoire
Le reflet d’un miroir
Qui t’emporte hors du temps,
L’espace d’un instant
Au cœur d’une Préhistoire ?
Ou l’empreinte du passé
Sur la grotte ornée
De fresques millénaires
Laissées par un rêveur
Habile et solitaire
Aux rêves envolés
D’une citée éphémère ?
Que fais-tu, esseulée,
Musicienne sur la stèle
D’un royaume sans roi,
Ou des dieux immortels
Ont brisé leurs autels ?
Pleures-tu en silence
Le cœur en désarroi ?
Ou joues-tu, sibylline,
Dans la fumée qui danse
Des complaintes de Chine ?
Dehors, c’est l’inconscience,
Dehors, c’est le néant.
Dedans, c’est le présent
Et tu attends, sereine,
Que ton Peintre revienne
Te prendre par la main
Et t’emporter enfin
Pour te garder, unique,
Sur sa toile magique…
Publié à 18:22 par lusile17
Arlequin
Le costume d'Arlequin
Aux environs de Venise, cette belle cité qu'on a si justement appelée la reine de l'Adriatique, vivait, il y a plusieurs siècles, un écolier modèle, qui se nommait Arlequin.
Il était l'orgueil de ses parents et donnait l'exemple à ses camarades par sa bonne tenue et son excellente conduite. Il avait toujours les meilleurs places dans toutes les compositions, et les premiers prix dans les concours. Personne ne songeait à en être jaloux, parce que le brillant élève demeurait modeste au milieu de ses succès, autant qu'il se montrait obligeant pour chacun.
L'usage alors était de donner un vêtement neuf à tous les enfants, à l'occasion du Carnaval, cette fête joyeuse par excellence, qui est, à Venise, particulièrement brillante.
Les écoliers attendaient ce jour avec impatience pour réaliser les petits rêves de vanité qu'ils avaient pu caresser pendant toute une année. On était fier de parler à l'avance de ce costume nouveau, et d'en discuter la forme et la couleur avec ses camarades.
Seul, quand ses camarades s'entretenaient de tous ces heureux projets, Arlequin gardait le silence.
A la fin, un de ses amis, étonné de ce mutisme, lui demanda :
"Et toi, Arlequin, tu ne nous dis pas quelle sera la couleur de ton habit !
- Moi, répondit l'enfant simplement, je n'en aurai pas cette année ; nous ne sommes pas assez riches, et mes parents trouvent que cela coûterait trop cher.
- Ah ! pauvre Arlequin !" s'écria l'écolier.
Aussitôt, il lui vint une généreuse idée qu'il s'empressa de communiquer à tous ses petits compagnons, à l'insu d'Arlequin.
"Ne trouvez-vous pas, dit-il, que ce serait triste pour nous si, dans cette belle fête du Carnaval, nous voyions notre meilleur camarade se tenir à l'écart et ne pas prendre part à nos jeux, sous le prétexte qu'il n'a pas d'habit ?"
Tous furent de son avis.
"Eh bien ! continua le jeune garçon, je propose que chacun prenne un morceau au costume qu'on doit lui faire, pour l'apporter à Arlequin. Il aura ainsi ce qu'il faut pour qu'on lui en confectionne un.
- Oui ! Oui !" s'écrièrent tous les petits Vénitiens. Le projet était accepté.
Le lendemain, tous les écoliers arrivaient, rayonnants de bonheur, présenter leur offrande à Arlequin.
Or on sait que dans les pays du chaud soleil, on aime non seulement les étoffes légères, mais aussi les couleurs voyantes. Le peuple de Venise ne faisait pas exception à cette règle ; mais les écoliers, agissant dans tout l'élan de leur coeur, n'avaient pas songé à cette diversité de nuances. Qu'on juge de leur confusion en voyant combien tous ces morceaux dissemblables rendaient leur cadeau bizarre.
Arlequin touché jusqu'aux larmes du sentiments qui les avait guidés, et devinant leur embarras s'écria :
"Rassurez-vous, mes bons camarades, aucun présent n'aurai pu me faire un plus vif plaisir. Vous vous chagrinez du nombre des pièces qui formeront mon costume, et je trouve, moi, que plus il en contiendra, plus il devra m'être précieux, puisque chacune d'elles me représentera un ami."
En effet, le jour du mardi gras, Arlequin endossa avec un bonheur sans pareil ce vêtement bariolé, qui fut compété par un chapeau de feutre gris, orné d'une queue de lapin.
Alors, armé d'un sabre de bois, et le visage couvert d'un masque noir, il parcourut les rues de la ville, en sautant et en dansant, laissant déborder sa joie par toutes sortes de gentillesses et d'aimables saillies, dont il gratifiait tous ceux qu'il rencontrait.
Aucun déguisement ne recouvrit jamais un coeur plus joyeux que celui-là.
En est-il beaucoup, parmi les imitateurs d'Arlequin, qui savent au moins quel trait d'amitié touchante à perpétué la bigarrure de son costume ?
Marie de GRAND MAISON
Publié à 16:36 par lusile17
A quoi pense Pierrot?
Sur son croissant de lune argenté, Pierrot se demande
Ce qu'il va bien pouvoir faire...Mais où est Colombine?
Peut-être est-elle descendue sur terre. Quelle coquine,
Elle va encore écouter ce cher Arlequin, la gourmande...
Décidément même Pierrot a du mal à trouver le bonheur!
C'est sûr, Arlequin le malicieux dans son habit à carreaux,
Va jouer les jolis cœurs. Pierrot cherche un joli cadeau
Pour cet importun qui va lui ravir la fleur de son cœur...
Autour de la lune se dessine un halo bleuté cerné d'or,
On dirait que le temps va se gâter, tant pis pour eux,
Un bel orage gâchera la fête de ces chers amoureux...
Pierrot appelle les nuages au secours, il crie très fort...
Il imagine Colombine dansant avec ce drôle de pantin
Qui lui a sûrement offert une jolie pomme rouge d'amour.
Oh non! Connaissant sa gourmandise, ce grand coquin
En aura profité c'est sûr, pour lui jouer un vilain tour...
Tout à ses pensées de Pierrot jaloux, il n'avait pas vu
Colombine endormie sur le nuage qu'éclaire son croissant,
Quelle imagination! Morale de cette histoire: «soit confiant
Petit Pierrot et surtout de son amour, ne doute plus...»
Publié à 16:31 par lusile17
Publié à 16:28 par lusile17
Publié à 15:57 par lusile17
Publié à 15:34 par lusile17
Publié à 15:33 par lusile17
Pierrot fait " chuttt..." a sa Colombine
Publié à 15:28 par lusile17
Colombine -Arlequine
Colombine, compagne de Pierrot, jeune femme ingénue romantique et amoureuse taquine d'Arlequin.
Colombine, personnage de la Commedia dell'arte, fille de Pantalon ou de Cassandre, elle peut être suivant les cas, amoureuse ou épouse de Pierrot ou d'Arlequin. Elle est, comme le sont les soubrettes de Molière, vive et délurée. Elle porte souvent le même vêtement qu'Arlequin.