Cela arrive parfois dans les vieux couples. Le chanteur Alain Barrière décédé mercredi soir à l'âge de 84 ans, est mort seulement douze jours après son femme, Aniece, qu'il avait épousée en 1975. Depuis, ils ne s'étaient plus quittés... Jusqu'à ce qu'elle succombe à une pneumonie, le 5 décembre, à l'âge de 69 ans.
Déjà victime de plusieurs accidents vasculaires cérébraux ces dernières années, Alain Barrière en a subi un autre juste avant la disparition de sa compagne, début décembre. Alain Bellec (son vrai nom) et Aniece, fan de la première heure, s'étaient rencontrés en 1974 en Bretagne. "Un vrai coup de foudre" commentait un proche. Ils reposeront ensemble dans le caveau familial de la famille Bellec à la Trinité sur-mer.
Après leur union, ils ont eu une fille Guenaelle, avocate, qui a repris, avec courage, la gérance de l'hôtel-discothèque "L'étoile Blanche" que dirigeaient ses parents, une affaire qui fut à l'origine des déboires financiers de ses parents.
Alain et Aniece avaient fait de ce complexe proche des menhirs de Carnac un vrai projet de vie.Ce fut un échec qui leur a valu faillite, démêlés avec le fisc et deux exils, aux Etats-Unis et au Canada.
Le mannequin et l'artiste :
Aniece, née Cohen-Solal en Algérie dans une famille de hauts fonctionnaires, cousine de l'ex-députée Lyne Cohen-Solal, avait travaillé comme mannequin à Los Angeles avec un certain succès."'Mes parents s'engueulaient beaucoup mais s'adoraient. Ils étaient très soudés" racontait leur fille. Alain, avec sa voix de velours aux résonances profondes au service de mélodies douces et romantiques, son sourire de héros hollywoodien du temps du ciné noir et blanc et un bon conseiller financier, aurait pu devenir l'égal des grands de la chanson française éclos dans les "sixties" (Sardou, Clerc, Dutronc, Hardy, Sylvie Vartan, Eddy Mitchell, Dick Rivers...).
Lancé par "Ma vie", il a donné sa pleine mesure en duo avec Nicole Cordier et leur fameux "Tu t'en vas".
La bien-pensance rock et folk de l'époque, l'éclosion du disco et l'ouverture calamiteuse de l'hôtel-boîte de nuit dans sa Bretagne natale briseront une carrière qui laissera à la postérité un trio de standards régulièrement diffusés sur les radios : "Ma Vie", "Tu t'en vas" et "Elle était si jolie".
Ce titre aurait sans doute mérité un meilleur sort alors qu'il représentait la France à l'Eurovision en 1963, l'Hexagone pouvant difficilement gagner deux fois de suite, après la victoire d'Isabelle Aubret en 1962 avec "Un premier amour". (R.I.P.)