Voici venir Pâques fleuries,
Et devant les confiseries
Les petits vagabonds s’arrêtent, envieux.
Ils lèchent leurs lèvres de rose
Tout en contemplant quelque chose
Qui met de la flamme à leurs yeux.
Leurs regards avides attaquent
Les magnifiques œufs de Pâques
Qui trônent, orgueilleux, dans les grands magasins,
Magnifiques, fermes et lisses,
Et que regardent en coulisse
Les poissons d’avril, leurs voisins.
Les uns sont blancs comme la neige.
Des copeaux soyeux les protègent.
Leurs flancs sont faits de sucre. Et l’on voit, à côté,
D’autres, montrant sur leurs flancs sombres
De chocolat brillant dans l’ombre,
De tout petits anges sculptés.
Les uns sont petits et graciles,
Il semble qu’il serait facile
D’en croquer plus d’un à la fois ;
Et d’autres, prenant bien leurs aises,
Unis, simples, pansus, obèses,
S’étalent comme des bourgeois.
Tous sont noués de faveurs roses.
On sent que mille bonnes choses
Logent dans leurs flancs spacieux
L’estomac et la poche vides,
Les pauvres petits, l’œil avide,
Semblent les savourer des yeux.
Marcel Pagnol
Pâques est une des principales fêtes chrétiennes. Elle emprunte son nom à la fête juive, la Pâque, qui se déroule à la même période. Deux fêtes qui n'ont pourtant pas la même signification. Dans la religion juive, Pâque est "la fête des fêtes". Elle commémore la fuite d'Egypte du peuple hébreu, soumis à l'esclavage à l'époque de Pharaon.
D'après la Bible et le livre de l'Exode, le jour de Pâques, la Mer Rouge se serait ouverte pour laisser passer Moïse et les Hébreux, poursuivis par les troupes de Pharaon, leur permettant ainsi de rejoindre la Terre Promise d'Israël.
Pâques marque donc la naissance du peuple d'Israël et se veut, plus largement, une fête de liberté. En hébreu, Pâque se dit d'ailleurs "Pessah" qui signifie passage.
Quant aux Pâques chrétiennes, elles célèbrent la résurrection de Jésus. Selon les évangiles, la mort et la résurrection du Christ ont lieu au moment de la Pâque juive, ce qui explique que la fête chrétienne empruntele même nom. Pour les chrétiens, Pâques célèbre la résurrection de Jésus, trois jours après sa mort, et le "passage" vers la vie éternelle. C'est une des fêtes les plus importantes de l'année - pour les orthodoxes, laplus importante - qui s'échelonne sur toute la Semaine sainte. Pâques est au coeur de la foi chrétienne.
D'où viennent les oeufs de Pâques :
Certaines sources précisent que les perses s'offraient déjà des oeufs, il y a 5 000 ans. Ce fut ensuite le tour des Gaulois et des Romains. Pour toutes ces cultures païennes, l'œuf semble avoir été l'emblème de la vie, la fécondité et la renaissance.
Ces traditions ont ensuite été assimilées par la chrétienté. L'œuf de Pâques est alors devenu un symbole de la résurrection. Il marque également la fin des privations imposées par le Carême.
Les premiers œufs peints apparaissent au XIIIème siècle en Europe. Ils sont alors souvent peints en rouge - évoquant le sang du Christ - et ornés de dessins.
A la Renaissance, dans les Cours royales, les œufs de poule sont remplacés par des œufs en or. Décorés de métaux précieux, de pierreries et de peintures d'artistes célèbres, ces objets connaissent leur apogée à la Cour de Russie, avec, notamment, les œufs du bijoutier Peter Karl Fabergé (1846-1920).
Comme le dimanche de Pâques marque la fin du carême, il marque la fin d'une période de privation alimentaire pour les pratiquants. Autrefois, cette tradition était plus respectée qu'aujourd'hui.
Et pendant les 40 jours de jeûne, les fidèles ne mangeaient pas d'œufs. A la fin de la période, les croyants s'offraient les productions de leurs poules qu'ils avaient accumulées. Des œufs qui pouvaient être décorés, dès le XVème siècle.
Quant au chocolat, il aurait fait son apparition d'abord dans les coquilles d'œufs avant que des œufs tout chocolat ne fassent leur apparition dans la première moitié du XIXème siècle.
L'œuf en chocolat, lui, est tout récent. Il naît au XIXème siècle, grâce aux progrès d'affinage de la pâte de cacao chauffée à 50°C et à la mise au point des premiers moules en argent, en cuivre ou en fer étamé.
Les cloches de Pâques :
Dans certaines régions françaises, il est expliqué aux enfants que ce sont les cloches qui apportent les œufs de Pâques. En fait, si on fait entrer les cloches dans cette légende de Pâques pour les plus jeunes, c'est parce que celles-ci jouent un rôle particulier.
Ainsi, juste avant Pâques, dès le Jeudi saint, les cloches des églises catholiques doivent se taire en signe de deuil. Aux enfants, il a longtemps été raconté que les cloches étaient parties à Rome pour être bénies par le pape. Une légende moins répétée aujourd'hui.
Les cloches se remettent en activité et carillonnent à nouveau dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques pour célébrer et annoncer la résurrection du Christ. Les cloches "reviennent" donc pour Pâques, et, selon la légende racontée aux enfants de certaines régions, elles apportaient les œufs, qu'elles semaient sur leur route. D'où vient le lapin de Pâques ?
Dans les pays germaniques et anglo-saxons et maintenant dans certaines régions françaises, ce sont des lièvres ou des lapins de Pâques qui sont censés apporter les œufs. Ils ne sont pas seulement l'emblème de la fécondité : ils représentent également la déesse qui donne son nom à Pâques pour les Anglais et les Allemand, "Easter" et "Ostern". Avant Pâques, le Carême et la Semaine Sainte :
Dans les pays de tradition chrétienne, les fêtes de Pâques s'échelonnent sur plusieurs semaines, en suivant le récit des évangiles.
Le Carême débute 40 jours avant Pâques et se veut un temps de recueillement, de purification et de préparation à Pâques. Il rappelle le jeûne et la période qu'aurait passé Jésus dans le désert, période qui fait elle-même référence à l'exil de quarante ans du peuple hébreu avant de rejoindre la Terre Promise.
La Semaine sainte commence une semaine avant Pâques, lors du "Dimanche des Rameaux", marquant l'arrivée de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule. Le Jeudi saint célèbre le dernier repas pris par Jésus avec ses disciples. Lors de ce dernier repas, la Cène, Jésus bénit le pain et le vin, avant de se faire arrêter.
Le Vendredi saint commémore le jour de la crucifixion, selon les historiens, autour de l'an 30 de notre ère. Ce jour-là, des chrétiens du monde entier jeûnent et suivent le chemin de croix. En Alsace et en Moselle, il s'agit d'un jour férié.
Le Dimanche de Pâques est celui de la Résurrection : Trois jours après la mort de Jésus, deux femmes, parmi lesquelles Marie-Madeleine, se rendent sur le tombeau du Christ, qu'elles découvrent vide, avant de voir apparaître Jésus qui leur demande d'annoncer sa résurrection. Ce dimanche est un jour de fête, durant lequel tous les interdits du Carême sont levés.
Commence alors la semaine de Pâques : Jésus se fait reconnaître par ses disciples, avant de remonter aux cieux, 40 jours après, lors de l'Ascension.
Le lundi de Pâques est un jour férié en France et dans de nombreux pays mais il n'a aucune signification religieuse. Le repas de Pâques : Pain azyme, vin, agneau ... Les rites chrétiens s'inspirent de la Pâque juive, qui trouve elle-même ses racines dans d'antiques traditions païennes.
La Cène et L'Eucharistie : Dans les évangiles, lors de son dernier repas, Jésus bénit le pain et le vin, qu'il présente comme son "corps" et son "sang". Il demande alors à ses disciples de perpétuer ce rite en sa mémoire, ce dernier permettant la rémission des pêchés.
Pour les chrétiens, l'eucharistie est la commémoration de ce repas, mais aussi celle du sacrifice de Jésus, qui rachète ainsi le péché originel des hommes.
Les catholiques croient en la présence réelle de Jésus dans le pain azyme et le vin bénis lors de la messe. C'est le mystère de la "transsubstantiation". A l'inverse, Les protestants ne voient dans l'eucharistie qu'un rite symbolique.
La coupe de vin et le pain azyme. L'influence des traditions juives sur l'eucharistie est manifeste : le soir de la Pâque, les juifs célèbrent en effet le "Sédèr", le repas pascal.
Sur la table, figurent 7 mets symboliques, parmi lesquels des herbes amères pour rappeler les souffrances du peuple hébreu avant sa libération, mais aussi du pain azyme. Ce pain sans levain est consommé en mémoire de la fuite d'Egypte durant laquelle les Hébreux n'eurent pas le temps de faire lever le pain.
Pendant 7 jours avant et après la Pâque, le pain levé est proscrit et remplacé par des "matzoth", galettes de pain azyme. Sur la table du Sédèr est également placée une coupe de vin réservée au Prophète Elie, dont le retour est attendu.
L'Agneau Pascal : Manger de l'agneau est une tradition que l'on retrouve dans de nombreux pays. Pour les chrétiens, l'agneau fait référence au Christ, "l'agneau de Dieu" qui a donné sa vie en sacrifice et qui conduit le troupeau des brebis de Dieu. Mais dans la Bible, le sacrifice de l'agneau est aussi commandé aux Hébreux, avant la traversée de la Mer Rouge.
Avec le sang de cet agneau, ils marquent leur maison, échappant ainsi à la dixième plaie d'Egypte, la mort des nouveaux nés. Un rite pastoral que pratiquaient déjà les peuples nomades.
L'agneau et la brebis ont toujours représenté la pureté, l'innocence, la justice. Autrefois, on racontait même que le diable pouvait prendre la forme de n'importe quel animal à l'exception de la brebis.