Si l'homme d'aujourd'hui jetait par dessus bord ses idées préconçues sur la vie, sur la mort, et si enfin lassé de toutes ses erreurs, sage, il se décidait à écouter son cœur.

S'il sentait un frisson dans cette fleur qu'il cueille,

S'il percevait l'angoisse dans celle qu'il effeuille,

S'il aimait l'animal d'un amourgénéreux,

S'il voulait fermement revoir un monde heureux.

Il laisserait la rose à sa tige épineuse ,et le faon imprudent à la biche peureuse.

La brise tous les soirs, bercerait de son chant ,la tulipe endormie dans le soleil couchant.

Si l'homme s'éveillait de cette longue nuit et s'il abandonnait ce qu'en vain il poursuit

Son orgueil insensé, la richesse inutile, la beauté éphémère et la gloire futile, S'il comprenait enfin le vrai sens de sa vie, vite il rejetterai jalousie et envie ,rayonnerait l'amour, ignorerait la haine.

Il sèmerait la joie et chasserait la peine, au plus profond des cœurs chercherait le bijou, cristal pur enfoui et qui sommeille en nous.

Il trouverait la perle au fond de la détresse ,et sous le désespoir, des trésors de tendresse.

S'il comprenait que tout lui est prêté sur terre, sa maison, ses amis, ses parents et son frère, il n'hésiterait plus, au moment de sa « mort », a déposer sans peur son habit, son vieux corps. Si chacun ici-bas, à chaque instant du jour, reconnaissait en l'autre un frère de toujours, si chacun éclairait un petit coin obscur, quel flamboiement d'amour inonderait l'azur