Cinq photographes naturalistes de Seine-et-Marne dénoncent la chasse à tir organisée par l’Office national des forêts.

Ils ont été témoins d’une scène qui aurait pu coûter la vie à l’un d’eux. PASCAL VILLEBEUF | Publié le 04.10.2011, 07h00

FORÊT DE FONTAINEBLEAU, VENDREDI.

Le même cerf de 14 cors a été tué avec un fusil à lunette par un chasseur, près du carrefour de Joinville, sous le nez des cinq photographes naturalistes. Après la chasse à courre vilipendée, c’est la chasse à tir organisée par l’Office national des forêts (ONF), dans le massif de Fontainebleau, qui est dénoncée par les photographes naturalistes de Seine-et-Marne.

« Depuis un mois, des passionnés de nature et de photographie animalière parcourent le massif la nuit pour observer et photographier la période des amours des cerfs. Nous courons un grand risque si nous nous retrouvons face à des chasseurs, comme ce fut le cas vendredi dernier. Nous réclamons la mise en place d’un dispositif de sécurité pour éviter un drame. Le mieux étant d’interdire ce style de chasse pendant cette période », dénonce Guy, un habitant de Cély-en-Bière, photographe naturaliste depuis vingt ans. En cause, un incident de chasse dont ils ont été témoins vendredi. L’animal serait l’un des derniers spécimen de 14 cors de la forêt. Depuis quelques jours, ils sont cinq photographes naturalistes à rechercher la photo rare : celle d’un magnifique cerf royal de 14 cors, sûrement un des derniers de la forêt de Fontainebleau. Guy raconte la suite.

« Il était environ 7h20, il faisait sombre. Soudain, à 100 m de nous, nous avons entendu trois coups de feu espacés de quelques secondes. On a vu un cerf blessé à une patte qui s’enfuyait. On a d’abord ressenti une grosse frayeur, conscient d’avoir échappé à une balle perdue. Puis la colère a pris le dessus. On s’est avancé et on a vu le massacre. Face à nous, il y avait un chasseur qui avait payé 3500 € pour tuer, au fusil à lunette, ce cerf royal. Mais il en avait touché un second. C’est inacceptable! »

Laurent, un autre photographe confirme :« C’était de l’acharnement! » Déjà, cette affaire fait le tour des blogs et des sites de naturalistes comme Chassimages.com. Jean-Paul, président des photographes naturalistes de Fontainebleau, est abasourdi. « J’y étais la veille. L’ONF savait très bien qu’il y avait beaucoup de monde dans le secteur. La sécurité n’était pas assurée : la chasse n’était pas signalée par des panneaux, d’autant qu’il s’agissait d’un tir à hauteur d’homme. » L’association Connaissance du Gâtinais s’insurge également contre ces pratiques. A l’ONF, Renaud Klein, directeur national des chasses, confirme que « ce genre de chasse est autorisé. Mais il faut que j’examine dans quelles conditions ces tirs se sont déroulés. »