C'est l'odeur insoutenable qui avait mis en alerte le voisinage. Le 17 août dernier, quand les gendarmes arrivent à La Rocterie ils trouvent un utilitaire d'où s'échappe la puanteur.

Ils ouvrent les portes et découvrent les cadavres en décomposition de deux chiens. Des beagles enfermés là depuis six jours. Devant la grange, en plein sous les rayons du soleil estival.

"?L'odeur ne vous a pas gêné???"

« Expliquez-moi pourquoi les avoir laissés là », demande à plusieurs reprises la présidente. Face à elle, Jean-Pascal, 53 ans, bredouille des mots inaudibles puis se reprend un peu.
« Ils s'étaient échappés. Je les avais rattrapés. Je les ai mis là le soir. Et le lendemain je devais réparer le grillage. »
Sauf que le lendemain, Jean-Pascal, abruti par la boisson, oublie ses chiens mais pas les faisans ni les perdrix d'un copain confronté à un problème de volière.
Les chiens agonisent. Sûrement pas en silence. Personne ne bouge. Ni Jean-Pascal. Ni sa femme. Seul, son fils de quinze ans tente d'intervenir, il est rabroué.
Pourquoi Jean-Pascal a-t-il jeté directement trois des beagles à la poubelle?? Il ne l'explique pas. « L'odeur ne vous a pas gêné??», demande la présidente. « Si un peu?! » concède tout de même Jean-Pascal.
Les gendarmes et le SPA de Poitiers avaient récupéré deux épagneuls sur place dont l'un était rongé par la gale.
Le procureur a finalement requis une peine de prison avec sursis, trois mois, contre Jean-Pascal pour les sévices graves et les mauvais traitements infligés aux chiens. Les parties civiles ayant réclamé d'importants dommages et intérêts (4.500?€), il n'a pas voulu en rajouter.
Jean-Pascal a-t-il voulu infliger des sévices volontairement à ses chiens, les abandonner?? Non, pour son avocat M^e Keymeulen, qui tente d'obtenir la relaxe de son client confronté à des problèmes financiers mais aussi alcooliques tels qu'il n'a plus tout son jugement.
« Il les avait enfermés pour la nuit. Il les a oubliés le lendemain. Des chiens, il en a toujours eu. C'est la première fois qu'il est poursuivi pour ce genre de choses. Il n'est ni cruel, ni dangereux. »
Le tribunal n'a pas adhéré à cette thèse. Le prévenu a été condamné à deux mois de prison avec sursis et 100?€ d'amende. Il doit aussi indemniser les parties civiles (voir par ailleurs).
Les défenseurs des animaux se réjouiront surtout de la décision d'interdiction définitive de détention de tout animal prononcée par la justice.

repères

La justice minore les prétentions des associations

Secours et protection des animaux, Fondation Brigitte Bardot, Fondation 30 Millions d'amis, SPA, Ligue contre les mauvais traitements infligés aux animaux… Les bancs des parties civiles étaient garnis pour dénoncer les sévices infligés par le prévenu.
Ils ont réclamé des dommages et intérêts importants de 1.000 à 2.000?€. La justice a revu sérieusement à la baisse les prétentions. Elle a accordé 100?€ à chacune des quatre parties civiles. En revanche, la justice a condamné Jean-Pascal à régler l'intégralité des frais vétérinaires engagés par le SPA de Poitiers pour « remettre sur pattes » Roméo soit près de 3.300?€