Des chiens avec la peau sur les os laissés sans soins à tel point que l'on n'est pas capable de déterminer la race des animaux…» Le témoignage de Marie Dubos sur la société d'élevage du Nid des Flibustiers, à Montaigu-de-Quercy, est pour le moins accablant. Après avoir visionné des vidéos qui lui ont été transmises par des salariés de l'élevage et mené sa propre enquête sur place, cette responsable d'un refuge à Boé, a déposé récemment plainte auprès du procureur de la République de Montauban pour ce qu'elle qualifie comme des «actes de cruauté et de maltraitances sur animaux.» Une plainte visiblement prise aux sérieux par Marie-Françoise d'Esparbès-Serny qui a fait auditionner la semaine dernière la Lot-et-Garonnaise.

«Des dizaines et des dizaines de cadavres à l'équarrissage»

Ce qui surprend d'ailleurs le plus la défenseuse des animaux, c'est que personne n'a réagi avant elle. «Lorsqu'on connaît la réglementation drastique pour la tenue d'un petit refuge, je suis étonnée que les autorités n'aient jamais été alertées par les conditions sanitaires et de vie de cet élevage industriel.» Et d'insister : «Quand on sait qu'il y a parfois des dizaines et des dizaines de cadavres qui partent de cet élevage à l'équarrissage… Personne ne dit rien. Ce n'est pas normal.»

Un élevage de 700 chiens que personne ne connaît ?

Ce qui d'ailleurs le plus étonnant dans cette affaire, c'est l'absence d'informations sur cet élevage de quelques 700 chiens qui s'étend sur 5 hectares et emploie 5 à 7 salariés depuis sa création en 1992. «Personne ne le connaît, personne ne sait rien ou ne veut rien dire» certifie Marie Dubos. Interrogé le maire de Montaigu-de-Quercy, Robert Alazard n'était guère prolixe sur le sujet. «J'ai visité l'élevage il y a une dizaine d'années depuis son propriétaire Yves Poncelin de Raucourt a acquis le chemin public qui dessert sa propriété.» Une longue voie d'environ 2 km, désormais privée, dûment barricadé où trônent des interdictions de passage. «Je n'ai jamais eu de plaintes des riverains et je n'ai rien à dire sur cette entreprise avec qui je n'ai aucune relation.» L'élu montacutain aurait été toutefois prévenu cette semaine par la préfecture de la plainte déposée et des éventuelles investigations qui pourraient être menées.

Une enquête ouverte et visite des services vétérinaires

Selon nos informations, les gendarmes de la communauté de brigades (COB) de Lauzerte auraient entamé à la demande du parquet des investigations alors que les services de la direction départementale des services vétérinaires (DDSV) devraient se rendre sur le site dans les jours à venir pour inspecter les lieux. Quant au propriétaire de l'élevage canin, Yves Poncelin de Raucourt que nous avons tenté de joindre, hier à plusieurs reprises, pour s'expliquer sur les graves accusations lancées par ses anciens salariés et la plainte déposée par l'ARPA (association respect et protection de l'animal), il n'a pas, pour l'heure, souhaité donné suite à nos messages…