A Plainpalais (Suisse), un cheval choque les badauds Depuis vendredi, un étalon empaillé est suspendu dans l’abribus de Plainpalais reconverti en galerie d’art.

Explications «C’est horrible, immonde, dégueulasse, pourquoi ils ont mis ça là?

C’est hyper choquant!» s’insurge Emilie, 21ans.

«C’est vrai que c’est un peu bizarre», tempère une passante.

«L’image est forte, c’est bien, ça fait réfléchir», estime Martina, 23ans.

L’objet de leur discorde? Un cheval empaillé suspendu au plafond du Zabriskie Point, abribus de Plainpalais reconverti en galerie d’art depuis janvier 2011. La bête y a été installée vendredi. Elle y restera jusqu’à fin mai.

«On est content que les gens réagissent, ça les sort un peu de leur torpeur, s’exclament Maya Bösch et Régis Golay, co-auteurs de l’œuvre, reconnaissant toutefois que l’installation est assez «violente».

On avait l’impression que plus rien n’étonnait.» Les deux artistes ne sont pas novices dans l’art de surprendre. Ils ont fait leurs armes au Théâtre du Grütli. Maya Bösch en tant que co-directrice et Régis Golay comme tête pensante des lancements en fanfare de la saison de l’institution. A leur palmarès: des voitures retournées sur un parking, un avion encastré sur une façade, une pluie de troncs d’arbres sur la route ou encore une raclette collective improvisée sous une neige artificielle. Mais l’équidé de Plainpalais n’est pas là uniquement pour choquer.

Intitulée «Cheval de bataille», l’œuvre cherche à mettre en évidence la précarité toujours plus grande du monde de la culture.

«Le cheval de bataille des artistes est la culture, explique Magdalena Ybarguen, membre du collectif du Zabriskie Point. Or, en période de crise, c’est toujours dans ce domaine qu’on cherche en premier à faire des économies. L’équidé représente alors une culture en difficulté qu’on se doit de défendre.» Une brève explication aurait-elle permis aux passants de mieux comprendre la représentation?

«L’art ne sert pas à expliquer les choses mais à inviter les gens à se poser des questions, rétorque Maya Bösch. Leur attitude est la preuve que quelque chose les a gênés. Ils ne réagiraient pas aussi fortement, s’ils ne comprenaient pas l’oeuvre.» Propriétaire des lieux, la Ville ne souhaite pas se prononcer sur la qualité de l’ouvrage. La liberté artistique appartient à Zabriskie Point, se contente-t-elle d’affirmer.

(sources : TDG)