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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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souffrir

Publié à 15:59 par fandeloup Tags : monde dieu nature chien voyage chiens bleu
souffrir

On dit souffrir comme un chien, et aussitôt c’est entendu. On ne peut pas dire plus, mais on n’a pas dit moins qu’il ne fallait. On a voulu dire que là, quelque part, la souffrance est impartageable. On l’a mise sur le dos de l’animal, qui sait ne pas le dire, quand c’est trop et qu’il s’arrête de gémir. On n’a sans doute rien voulu dire encore du chien, mais on l’a mise au lieu de sa solitude la souffrance, quand il n’est plus qu’un chien, un chien de plus, celui qui égale tous les autres dans la horde, là où il n’y a pas d’ensemble mais seulement un chien de plus, un infini de plus dans la souffrance, un autre, le même avec des yeux noirs, des yeux marron, des yeux bleu clair qui pourraient faire penser au ciel s’il n’y avait pas dans la solitude du chien plus d’infini que nulle part ailleurs.

On dit souffrir comme un chien, on ne dit pas souffrir comme un Dieu.

On dit pourtant à chaque fois l’infini et le cri quand il s’est effacé.

On ne dit pas l’inexprimable mais le silence en absence d’expression.

On ne dit pas l’inoubliable, mais ce qui a lieu ailleurs que dans le temps, quand il y en a trop, trop pour être dit, et assez pour qu’il passe comme un feu.

On la met dans la tête du chien la souffrance, dans sa mémoire nulle, vacante.

On voudrait la mettre là, quelque part où elle s’oublie, mais on ne sait pas ce que le chien oublie. Il faut suffisamment de misère pour qu’on donne à l’animal le droit de désigner la souffrance humaine. L’animal ne lui rend pas ses droits à la souffrance. Elle n’en a pas.

On dit comme un chien parce qu’il est nu comme elle. C’est sans droit, c’est dans la rue et c’est aussi la ville.

On ne dit pas souffrir comme un porc, mais peu s’en faut qu’on entende des hommes hurler comme des porcs.

On dit comme un chien parce qu’il y en a plus qu’on ne croit dans les rues. Les chiens, ils sont aussi la ville, ce que ne sont pas les porcs. On dit comme un chien parce que dans la ville, ils sont son absence de frontière.

On dit qu’avec la souffrance on est dehors comme le chien, et qu’elle ne s’arrête pas là où elle a commencé. Avec le chien, on migre, on ne voyage pas, on ne part pas, on habite la souffrance et c’est ce qu’on veut dire du chien, que c’est son monde, que ça peut le devenir et qu’on peut y rentrer aussi. Entre l’homme et l’animal, l’analogie est là, nulle part, dans la rue. Elle n’est pas dans nos maisons. Elle n’est pas dans la nature. Elle excède nos lieux d’habitation, comme la souffrance rend vaines les frontières. Pourtant, on doit faire l’animal à l’image de l’homme.

On ne peut faire l’homme à l’image de l’animal. Une fois,un chien qui s’était fait mordre par un sanglier,avait la gueule fendue en deux mais il était venu jusqu’à sa maison. Les maitres s’était mis sur le pas de la porte, ils avaient déjà du mal à voir, mais ils avait dû quand même aller voir avant de se mettre les mains sur le visage. Et quand il ont compris que c’était trop, parce qu’il avait dû le comprendre lui le chien ou le sentir, il est parti se cacher, mourir, et ça a été son territoire le silence. Il s’est tapi lentement, il n’a plus appelé, plus lancé de regard, il n’a pas poussé de cri non plus, c’est juste avant qu’il avait gémi, quand il était venu vers nous, vers la maison.

Ce silence-là, du chien, je crois qu’on ne le connaît pas. Il avait eu deux solitudes, celle avec laquelle il était venu, et celle avec laquelle il était reparti. Il avait eu deux solitudes, mais dans la seconde, il avait semblé savoir où aller, et à quel moment. Je ne sais rien de la seconde, mais si l’homme savait mourir, on ne dirait pas qu’il souffre comme un chien.