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horrible ils n'ont vraiment aucune humanité ni de coeur je les déteste
Par Anonyme, le 01.08.2023
ça le fait chez moi
Par Anonyme, le 20.06.2023
bonjour
de passage sur votre blog , quoi de plus beau que l'imaginaire cela laisse libre court
a plein d'idé
Par béchard josé, le 12.06.2023
joli loup. joli texte dessous.
Par Anonyme, le 10.06.2023
mes sincère condoléance
Par Anonyme, le 14.05.2023
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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour :
04.08.2023
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LE CHANT DES DEESSES13
Il y eut l’esclavage, puis il y eut la ségrégation, et même après que ces malédictions furent vaincues, il demeura encore le préjugé. Et pourtant, elles triomphèrent de tout cela, sans armée mais non sans arme, car elles en possédaient une d’une incroyable efficacité, qui était capable d’atteindre même l’adversaire le plus résolu et de lui ouvrir tout grand son âme, afin qu’elles puissent en faire la conquête et par là, le subjuguer.
Et, c’est en nous abreuvant du conte de leur histoire que nous apprenons que, même dans les situations qui nous semblent les plus compromises et où comme en ce moment, nous sentons sombrer notre société, il ne faut jamais désespérer de notre espèce humaine. Car, il y aura toujours, et même s’il vient de loin et qu’il se sera fait longuement attendre, quelque chose de bien qui s’en viendra finalement vaincre le mauvais, même si cette victoire ne sera jamais définitive et que plus tard d’autres combats seront encore à mener.
Car, la force d’espérance et la confiance peuvent conduire par des parcours vertigineux depuis les abysses jusqu’aux sommets, à de merveilleuses “rédemption”, et tel fut le parcours de ces femmes exceptionnelles dites “déesses” (divas), dont les ancêtres à seulement deux ou trois générations d’elles, étaient des esclaves, hommes ramenés au niveau de la bête, et dont la première d’entre elles, le fut elle-même. Ces ancêtres hagards, courbés sous la contrainte de la servitude, dont l’idée d’excellence avait déserté leur existence humiliée et à l’horizon bouché, et dans laquelle il ne pouvait y avoir de répit que celui qu’offrait la mort, ont ils pu imaginer un seul instant que leurs descendantes deviendraient les objets d’un véritable culte ?
Ont-ils pu imaginer cette ironie extraordinaire et magnifique selon laquelle ceux qui se sont si longtemps mépris sur eux, allaient seulement quelques décennies plus tard, se vêtir élégamment pour se rendre dans de grandioses salles de spectacle où il est convenu de l’être, et où il avaient retenu de longue date des places au meilleurs endroits pour être certains de ne rien manquer, et qui une fois le rideau ouvert sur l’entrée irréelle d’une “déesse” noire, sitôt fortement acclamée sous la lumière d’un soleil bleu, allaient lui offrir leurs âmes à conquérir ?
C’est alors qu’à la descente d’une baguette magique retentissent les premières notes de l’odyssée musicale, et que sis au fond de leur siège comme Ulysse attaché au mât du navire, ils s’abandonnent volontiers à l’invasion de l’émotion désireux qu’ils sont d’en faire le plein, et le charme opérant, il leur arrive parfois même d’en pleurer autant que d’en sourire. Puis ayant vécu, c’est par un tonnerre d’applaudissements qu’ils saluent le dernier “la” poussé en un point d’orgue au-delà des nues, en le ponctuant ça et là de quelques tonitruants “bravos”. Et, ne se résignant pas à voir la déesse s’en retourner dans son paradis auquel ils n’ont pas accès, certains tentent d’obtenir la complicité d’un saint Pierre pour pouvoir accéder à la loge, d’autres pour arracher à tout prix un autographe, ceux de bonnes manières avaient quant à eux déjà prévus le bouquet de fleurs, en se réjouissant à l’idée que la carte qui l’accompagne serait lue, seule façon pour eux d’obtenir une éphémère installation, au coin d’une divine affection.
Pour ces amoureux de l’art lyrique, quelles sont belles et quelles leur sont chères ces cantatrices, et peu leur importe d’ailleurs de se souvenir d’où elles viennent, mais justement, comment ces descendantes d’esclaves sont-elles parvenues à s’installer jusque dans les cieux, pour que l’instant d’un concert elles puissent avoir ainsi le monde à leurs pieds ?
C’est parce qu’elles possèdent le don de mettre en oeuvre cet heureux allié du “bien”, lequel chez les humains s’accompli par raison ou par devoir, ce qui se révèle être hélas parfois insuffisant, et qui, en adjoignant à ce bien la formidable force de la “séduction”, lui permet de vaincre le “mal”. Il s’agit alors en ce secours des bonnes causes, de ce que nous reconnaissons comme étant le “beau”.
Ainsi la beauté dont elles enivrent tous ceux qui ont la fortune de leur prêter l’oreille, renvoie-t-elle dans ses enfers le mal qui toujours sous-jacent, tendrait à les faire mépriser elles et leur semblables, pour leur couleur en laquelle certains veulent obstinément voir la marque de l’infériorité. Et, en les voyant produire devant un public succombant à leur charme, mais constitué presque exclusivement d’amateurs blancs, comme pour leur éviter qu’en cas d’une reconnaissance par les leurs qui viendrait tant les combler, elles ne perdent leur contrôle par excès de bonheur, on songe à cette expression de la bien-aimée du cantique des cantiques :
“ Je suis noire, mais je suis belle, filles de Jérusalem...”
On se dit alors qu’en certains instants des acclamations et des félicitations, elles n’ont pas du manquer face à l’un de ces amoureux parmi les plus épris, et en songeant en un film accéléré au long chemin parcouru depuis les champs de coton ou de canne à sucre :
“ Vois, toi qui nous a si longtemps cru incapables d’être tes égaux, vois comme je suis parvenue à te rejoindre dans ta propre culture, et vois comme je suis même capable de devenir le meilleur de toi...”
Il s’agit en ces “déesses” présentées ici sur l’illustration, de gauche à droite et de haut en bas, d’Elisabeth Taylor Greenfield, Maria Anderson, Leontyne Price, Grace Bumbry, Shirley Verett, Christiane Eda Pierre, Jessye Norman, Barbara Hendricks, et Kathleen Battle.
Je ne peux évidemment pas vous les conter toutes ici selon la grande richesse de leurs différentes carrières, mais disons cependant quant à la première, Elisabeth Taylor Greenfield, qu’elle naquit esclave en 1824, mais fut adoptée par un couple de “quakers”, ces adeptes d’un mouvement dissident de l’église anglicane pour lesquels, loin de toute structure hiérarchisée telle que celle d’une église, la croyance ne doit être l’expression que de ce qu’ils nomment la “lumière intérieure”.
Constatant son don, ils lui firent faire des études de musique, et à partir de son premier concert en 1851, elle parvint rapidement à gagner de la notoriété.
En 1853 elle fit un concert au Metropolitan Hall de New York en recueillant un auditoire de 4000 personnes toutes exclusivement blanches. Mais après ce concert, pour marquer son regret du fait que les siens n’aient pu y assister, elle se produira dans une maison de retraite pour personnes de couleur.
La même année, elle se rend en Angleterre et en 1854, elle se produira au palais de Buckingham devant la reine Victoria. Retournée aux Etats Unis, elle créera en 1860 une troupe d’opéra, dont elle prendra la direction.
Quant à la dernière de l’illustration, qui donc parmi tous ceux qui ont eu la chance de le suivre, dans le cadre du “Concert du nouvel an”, cet événement mondial qui se produit à Vienne tous les premiers de l’an, n’a gardé un souvenir mémorable de ce magnifique concert de 1987 ? Celui où, accompagnée de l’orchestre philarmonique de Vienne sous la direction de l’illustre chef Herbert von Karajan, la belle Kathleen Battle interpréta si sublimement cette œuvre “Voix du printemps”, du compositeur Johan Strauss, et dont un commentateur si plein d’enthousiasme alla jusqu’à dire qu’on pouvait mourir pour pouvoir entendre cela.
Tout au long du morceau, ce bel aryen visiblement également tombé sous le charme, et qui semblait presque en oublier sa direction d’orchestre, n’eut de cesse de jeter des regards pleins de tendresse sur cette femme noire, telle qu’elle était si resplendissante dans une tenue qui l’avantageait encore, et telle qu’elle su rendre magique les échos de ce chant.
Entre les deux nous trouvons à la 7eme place de l'illustration, l’immense Jessye Norman dont on se souvient comment en 1989, à l’occasion des célébrations du bicentenaire de la révolution française, on la vit surgir sous les projecteurs toute de tricolore vêtue, par devant l’obélisque de Louxor pour entamer une marseillaise si vibrante qu’elle aurait probablement fait tressaillir Rouget de l’Isle lui-même. Et ce, sous les regards à la fois émus et pleins de fierté, du président des Etats Unis d’Amérique et de son épouse, invités pour l’occasion au balcon de l’hôtel de Crillon. Et c’est donc cette femme noire qui fut choisie pour célébrer au plus haut point en ces instants du souvenir de sa fondation, la république française...
Quelque temps plus tard, en 1992, c’est dans cet autre haut lieu de la nation française s’il en est, que constitue la cathédrale Notre-Dame de Paris, et dans une atmosphère d’une telle ferveur que même un non croyant ne pouvait douter que d’évidence, Dieu lui-même avait pris place en l’endroit, que la grande Jessye Norman qui constitue l’archétype même de ce que nous concevons comme étant une “diva”, interprétera d’une façon troublante le fameux “Sanctus” de la messe solennelle de Charles Gounod.
Sur le parvis, des milliers de parisiens n’ayant pu trouver place dans la cathédrale, et ne voulant rien manquer de l’événement, suivaient le concert sur un écran géant.