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horrible ils n'ont vraiment aucune humanité ni de coeur je les déteste
Par Anonyme, le 01.08.2023
ça le fait chez moi
Par Anonyme, le 20.06.2023
bonjour
de passage sur votre blog , quoi de plus beau que l'imaginaire cela laisse libre court
a plein d'idé
Par béchard josé, le 12.06.2023
joli loup. joli texte dessous.
Par Anonyme, le 10.06.2023
mes sincère condoléance
Par Anonyme, le 14.05.2023
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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour :
04.08.2023
96001 articles
Des agriculteurs africains, des ouvriers asiatiques, des interlocuteurs à gogo, des substances chimiques dangereuses, du marketing à foison et des milliers de kilomètres au compteur : il y a tout ça dans nos placards. Visite guidée.
Avant de finir en boule au pied du lit, le T-shirt en coton a poussé dans un champ. Votre préféré, celui avec un marsupilami, mais aussi tous les caracos, foulards, caleçons et pyjamas du monde ont réclamé quelque 36 millions d’hectares de terres agricoles. « Pour un T-shirt de 200 grammes, nécessitant près de 250 grammes de fibres en raison des chutes de transformation, une surface cultivée pendant un an de 5 mètres carrés est nécessaire », explique Gérard Bertolini, dans une étude passionnante publiée dans Le Courrier de l’environnement de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique). Comptez le nombre de T-shirts dans votre armoire : parions que certain(e)s d’entre vous ont réquisitionné l’équivalent du Champ-de-Mars !
Le coton
Le premier exportateur mondial de coton, les Etats-Unis, n’a besoin que d’une poignée d’ouvriers pour récolter mécaniquement la plante. En comparaison, l’Afrique de l’Ouest en emploie 18 millions, avec une productivité dix fois moindre. Dans les faits, 99?% des travailleurs du coton vivent dans des pays en développement. Ce sont eux qui arrosent la plante à l’origine de nos T-shirts. Et de l’eau, il en faut. Jusqu’à 17?000 litres pour produire un kilo de coton, soit la quantité nécessaire pour obtenir, après bien des étapes, un T-shirt de 300 grammes. Si le consommateur a eu la bonne idée de réclamer un label biologique, comptez 2?000 litres. Mais le bio ne représente que 0,5?% de la production mondiale de coton, pour un surcoût de matières premières qui oscille entre 30?% et 50?%. Cette solution permettrait pourtant d’éviter les relents de pesticides. Car le coton en absorbe un quart de la consommation mondiale. D’après l’Organisation mondiale de la santé, 1,5 million de travailleurs de cette culture seraient gravement intoxiqués chaque année, et près de 30?000 en mourraient. Pour éviter les produits chimiques, il y a le coton Bt, génétiquement modifié. Il occuperait, d’après l’Isaaa (Organisation internationale de promotion des biotechnologies végétales), plus de 80?% des surfaces mondiales aujourd’hui ! Mais en Inde, les défenseurs des paysans constatent l’échec de ces semences. Ils accusent même le coton transgénique d’être à l’origine d’une gigantesque vague de suicides en milieu rural : un cas toutes les trente minutes. Ces disparitions silencieuses n’ont pas l’écho médiatique d’un immeuble s’effondrant sur des couturières asiatiques. Entre la peste et le choléra, le chemin est étroit.
Une fois récolté, le coton commence alors son voyage vers votre penderie. Un tiers des 26 millions de tonnes de fibres de coton produites par an dans le monde sont exportées, essentiellement depuis les Etats-Unis, les anciens pays d’URSS et les pays africains, vers la Chine et l’Asie de l’Est, où se trouvent les ateliers textiles. Non content de franchir les frontières, le coton entre alors dans les affaires de gros sous. Les cours mondiaux, soumis à la spéculation, varient comme des girouettes. Et le prix de la tonne a été divisé par quatre en trente ans. Depuis quinze ans, les gouvernements américain, chinois et européens – par l’intermédiaire de la politique agricole commune – ont donc versé plus de 47 milliards de dollars (35 milliards d’euros) de subventions pour soutenir leurs producteurs. Les pays pauvres restent, eux, soumis aux prix cassés du marché. Pour contrecarrer l’effet pervers de cette étape, le consommateur pourra choisir une certification équitable sur son T-shirt. Elle garantit un prix minimum au producteur. Selon l’association Max Havelaar, cette aide représenterait 70?% de revenus supplémentaires au Mali et 40?% au Sénégal.
Les produits chimiques
Puis le coton devient tissu. Cardage, étirage, ?lage, bobinage, retordage, enroulage, tricotage, teinture… et le tour est joué. Cette étape requiert peu d’humains. Mais beaucoup de produits chimiques : l’industrie des vêtements en utilise plus de 7?000 sortes. L’année dernière, Greenpeace a passé à la loupe quelques nippes de 20 marques différentes (Esprit, Diesel, Gap…) représentant 20?% du chiffre d’affaires mondial de l’habillement. Sur plus de 140 vêtements testés – fabriqués dans 27 pays –, 63?% contenaient des éthoxylates de nonylphénol. Cette substance soluble dans l’eau se dégrade en libérant un composé toxique qui perturbe le système endocrinien. « Ce n’est bien sûr que la partie émergée de l’iceberg. Là, on retrouve les résidus. Les ouvriers, eux, sont au contact de concentrations infiniment plus élevées », explique Jérôme Frignet, de l’ONG. Est-ce qu’un jour sera compris, dans le prix du T-shirt, son coût pour la santé publique des pays producteurs ?
La confection
Et maintenant, qui va confectionner le T-shirt ? Terra eco a sollicité quatre enseignes françaises de distribution : Kiabi, Etam, Promod et Tex, la marque de vêtements de Carrefour. Combien de T-shirts sont fabriqués pour eux ? Où ? Et à quel prix à la sortie de l’usine ? Une seule, Kiabi, a eu la politesse de nous répondre… que ces informations étaient confidentielles. Deux créateurs indépendants, ayant moins – si ce n’est rien – à cacher, ont bien voulu nous guider dans le découpage du prix de vente. Les T-shirts de la marque Charlotte Sometime sont vendus 70 euros pour les plus chers. Ils sortent d’un atelier de confection français, à Troyes (Aube). La création représente 9?% de ce prix, le tissu 9?% également, la façon, c’est-à-dire la couture, 10?%, et le transport, 4?%. Le T-shirt est donc fabriqué pour un peu plus de 22 euros. Rajoutez à cela la part du distributeur, des boutiques indépendantes multimarque et une bonne tranche de TVA pour trouver les 68?% restants. A ce tarif-là, Charlotte travaille seule, sans pouvoir créer d’emploi, sauf en délocalisant en Pologne, par exemple, ce qu’elle n’envisage pas pour l’instant. « Je ne crée que deux collections par an, en essayant d’avoir le moins de stock possible pour ne pas gâcher, avec l’idée que les gens gardent longtemps le vêtement qu’ils ont acheté », explique-t-elle, dans son show-room parisien. Le découpage du prix est comparable chez G. Kero, qui fait fabriquer 14?000 T-shirts par an au Portugal, avec du coton en provenance d’Egypte ou d’Italie. Le prix de revient est de 14 euros. Il est multiplié par 2,5 pour que les créateurs, Marguerite et Philippe Bartherotte, se payent « au Smic », et encore par 2,5 par le distributeur. Les deux marques témoignent de la même philosophie : qualité des matières premières, transparence de la chaîne de production et prix de vente permettant la viabilité de l’entreprise et l’éthique de sa fabrication. « Ça n’a l’air de rien, un T-shirt, mais c’est beaucoup de boulot », souligne Philippe Bartherotte.
Les salaires
C’est précisément sur cette ignorance du consommateur que joue l’immense majorité des enseignes, qui ont importé, en 2004 – selon l’étude de Gérard Bertolini pour l’Inra –, 2,65 milliards de T-shirts en Europe, pour une valeur de 6,5 milliards d’euros. Le T-shirt de masse est donc arrivé aux frontières de notre continent à 2,5 euros en moyenne. Les sites Internet des quatre grandes enseignes sollicitées par Terra eco vendent des T-shirts entre 6 et 40 euros, soldés jusqu’à -?79?% ! Pour proposer des tarifs aussi bas, il faut, bien entendu, que certaines étapes reviennent le moins cher possible. La mondialisation le permet. En 2010, le salaire horaire moyen dans le textile était de 1,09 euro en Chine, 62 centimes en Inde, pour chuter à 24 centimes au Bangladesh. Les nombreuses heures supplémentaires, souvent évoquées par les ouvriers du textile, sont parfois sollicitées par les travailleurs eux-mêmes… pour compenser leurs maigres revenus. Pour sortir du cercle vicieux, les syndicats asiatiques, épaulés par des chercheurs, ont élaboré un salaire minimum vital. La Fair Wear Foundation (Fondation pour un habillement équitable), un groupement international qui tente de faire évoluer les pratiques industrielles, a appliqué ce salaire-plancher à un T-shirt fabriqué en Inde. En multipliant la rémunération des ouvriers par 2,5, l’impact sur le T-shirt, vendu à l’origine 29 euros à l’arrivée en Europe, ne serait que de 27 centimes ! La part de la main-d’œuvre ne représente en effet qu’à peine 1?% du prix final. Les grandes marques seraient-elles prêtes pour ce battement d’ailes de papillon ? « Encore faut-il que ces centimes d’augmentation aillent dans la poche de l’ouvrier, dans des pays où la transparence n’est pas toujours de mise », souligne Nathalie Ruelle, professeure spécialisée en gestion de la sous-traitance à l’Institut français de la mode. Pour justifier leur immobilisme en matière de prix ou de contrôle des conditions de travail, les enseignes de mode s’abritent volontiers derrière la complexité d’une filière qui comprend au moins huit étapes de la fibre au vêtement fini. « C’est une réalité, mais ils ont voulu ce système, note Elin Wrzoncki, responsable du bureau mondialisation à la Fédération internationale des droits de l’homme. En ne possédant pas leurs propres usines, les enseignes ont externalisé les risques au maximum. » Et, pendant qu’il ne se passe rien, les marges se portent bien. L’étude de Gérard Bertolini montre que celles, cumulées, des grossistes et des détaillants, représentent 72?% du prix de vente au public. « Quand les marques ont leur propre réseau de boutiques, le prix de revient industriel d’un vêtement est multiplié par un coefficient compris entre quatre et dix, dans lequel on trouvera les frais de création , de communication et les dépenses immobilières », explique Nathalie Ruelle. Sur la période 2000-2006, alors que les prix de vente de l’habillement baissaient de moins de 10?%, l’institut statistique européen Euratex a pointé que les prix à la production, eux, diminuaient de 67?%, délocalisation oblige. Grâce à ces économies, on peut faire beaucoup pour continuer à attirer les acheteurs. Terra eco n’a pas été mis dans la confidence, mais il y a fort à parier que le montant du cachet de Vanessa Paradis comme égérie de la collection « Conscious » de H&M, occasionne quelques frais…
L’usage Le T-shirt a atterri sur vos épaules. Si vous avez encore envie de le porter à ce stade, il faudra un jour le laver, voire le sécher. Cette étape représente 70?% à 90?% de l’énergie consommée durant son cycle de vie. Au bout d’un moment – parfois très court –, il deviendra rebut. En France, à peine 105?000 tonnes, soit 15?% du potentiel des textiles usagés, entrent dans les tuyaux de la collecte sélective. Le reste est embarqué par les éboueurs, direction l’incinérateur : il en coûtera trois centimes d’euro par T-shirt à la collectivité. S’ils ont échappé au feu, les plus robustes seront passés sur d’autres épaules, plus pauvres que les nôtres). C’est un autre voyage qui