Dans le dernier numéro de la revue "Fédérer", bulletin d'informations de la Fédération Françaises des Psychologues et de Psychologie, Joël Lequesne, psychologue clinicien, vient de faire paraître un article sur la problématique de l'enfance confrontée à la corrida. Pour l'enfant spectateur de corrida, il est en effet légitime de redouter les conséquences suivantes :

- Des risques traumatiques. On sait à quel point l'enfant peut se montrer attentif au sort des plus faibles, et empathique à l'égard d'animaux auxquels il s'identifie facilement. Témoin impuissant de la mise à mort d'un autre dont il voit l'innocence, il perçoit en même temps l'absence de compassion et l'exaltation du public ou de ses proches. L'abus émotionnel auquel il est exposé présente alors un risque. Simple choc conscient ou véritable traumatisme, l'enfant pourra difficilement s'en ouvrir auprès d'un entourage aficionado réagissant le plus souvent par le déni de la souffrance causée à l'animal, ou par le déni de la gravité de cette souffrance.

- Une accoutumance à la violence. Emmener des enfants voir un spectacle de corrida les expose immanquablement à une forme de violence très crue. Une violence réelle, immédiate, flanquée de nombreux symboles mais non symbolisée, et bien différente de celle d'une fiction. Nous sommes alors bien loin de la situation de catharsis propre à la représentation théâtrale, dans laquelle les spectateurs assistent par exemple à une tragédie tout en sachant qu'il s'agit bien d'une pièce jouée, interprétée par des acteurs dont aucun n'est sacrifié, loin aussi des jeux d'enfants où prévaut le « faire semblant », et ou les morts peuvent se relever à la fin du spectacle...

- Une fragilisation du sens moral Si l'enfance est bien aussi le temps de l'apprentissage du sens moral et d'une maturation éthique, quel sens l'enfant peut-il donner au message que lui délivre la corrida ? Alors que la violence du monde moderne lui est présentée comme une attitude répréhensible mais malgré tout explicable, la violence tauromachique se révèle non seulement admise mais aussi valorisée, bien que sans utilité (il ne s’agit pas, par exemple, de tuer un animal pour s’en nourrir) et sans autre justification que le simple plaisir de l’homme. Un être sensible, un autre, peut donc être sacrifié en toute légitimité dès lors qu’il devient source de jouissance.

Plus d’informations sur le site : http://www. collectif-protec.fr