Les grands animaux blessés ont aussi leur Rega

Le Grosstier-Rettungsdienst, lancé il y a 17 ans, est le premier service d'urgence ouvert 24 heures sur 24. Il en existe aujourd'hui six en Suisse.

Une jument, accompagnée de son poulain de trois mois, chute d'un terrain accidenté sur un alpage. Blessé, l'animal ne peut pas se relever tout seul et aucun vétérinaire n'est disponible. Voilà une mission pour le service de sauvetage des grands animaux.

Hélitreuillage vers les cliniques vétérinaires Aides et matériels sont acheminés, dans ce cas, par hélicoptère à Unternätenalp (SG). Les deux chevaux sont ensuite transportés dans la vallée dans un filet de sauvetage. De là, une ambulance du service de sauvetage des grands animaux (GTRD, Grosstier-Rettungsdienst) les emmène à la clinique vétérinaire de Zurich.

Durant le transport, le cheval reçoit les premiers soins, notamment des perfusions pour stabiliser sa circulation sanguine. Il doit également être réchauffé, sa température corporelle ayant chuté à 32 degrés Celsius. Le GTRD a comme modèle le numéro d'appel d'urgence 144 ou la Rega, explique Ruedi Keller, du centre GTRD d'Embrach (ZH).

L'homme a lancé il y a 17 ans avec quelques collègues le premier service d'urgence ouvert 24 heures sur 24. Aujourd'hui, six centres existent en Suisse.

Formation des secouristes

L'objectif était de mettre sur pied un service de sauvetage professionnel et, en parallèle, une formation. Les premiers soins devaient être améliorés et un transport professionnel assuré pour les grands animaux blessés.

Le GTRD a donc repris le service de soins pour chevaux de la clinique pour animaux de Zurich et y dispense désormais la formation de ses secouristes. Leur travail est contrôlé par le service, assure Anton Fürst, le directeur du département pour chevaux de la clinique vétérinaire de Zurich. Plusieurs fois par année, des exercices ont également lieu dans ses locaux.

La jument blessée sur l'alpage se porte mieux après deux semaines, mais n'est pas pour autant tirée d'affaire. «Nous espérons qu'elle s'en sortira, qu'elle puisse rentrer à la maison avec son poulain», déclare Ruedi Keller. Éviter les faux diagnostics

Même dans les cas où un sauvetage n'est plus possible, le travail du GTRD reste important. Il peut en effet amener à la clinique pour chevaux des animaux dont le diagnostic est faux et qui seraient autrement euthanasiés.

De nouvelles méthodes chirurgicales et de nouveaux traitements ont ainsi été développés, ajoute le vétérinaire. Le GTRD travaille également en étroite collaboration avec le service de reproduction de la clinique vétérinaire de Zurich.

Outre des chevaux et des ânes, les secouristes du GTRD s'occupent des cochons, des moutons, des chèvres, des bovins et d'animaux exotiques, tels les chameaux ou même des pensionnaires des zoos. Ils ont comptabilisé pas moins de 313 interventions l'an dernier.

Sortir un buffle par une ouverture de 54 centimètres Le sauvetage de grands animaux requiert beaucoup d'expérience, du bon matériel et de l'imagination. «Jusqu'à présent, nous avons toujours trouvé une solution», ajoute le vétérinaire.

Lorsqu'un rhinocéros du zoo de Zurich s'est retrouvé coincé dans l'encadrement d'une porte, les secouristes du GTRD ont réussi à libérer l'animal de sa mauvaise posture en sciant les montants. Ils sont également intervenus au zoo de Bâle où un éléphant, qui souffrait d'un abcès à la racine d'une défense, devait être traité. Le pachyderme était toutefois mal positionné après avoir été anesthésié.

Grâce à l'intervention du GTRD, l'animal a pu être soigné. Le travail des sauveteurs s'effectue parfois au millimètre, comme, par exemple, lorsqu'ils ont dû sortir deux buffles d'eau d'une fosse. L'ouverture ne mesurait que 54 centimètres de diamètre.

Matériel sur mesure Les filets de sauvetage permettent de transporter les animaux soit horizontalement soit verticalement, indique encore M. Keller. Leur fabrication est spéciale, tout comme beaucoup d'appareils de GTRD. Les ambulances ont également été conçues à l'interne. Un constructeur de bateaux a par exemple mis au point les remorques.

Toute personne intéressée à travailler pour le GTRD doit déjà être familiarisée avec les chevaux, relève encore M. Keller. Des cours dispensés à la clinique pour chevaux, ainsi que des missions sur le terrain encadrées par un assistant expérimenté, complètent la formation.