Une vie entre parenthèses qui ne sera certainement qu’un court passage dans cette vie. Cette aventure avec elle, je la voudrais belle à en perdre haleine. Mon cœur bat la chamade quand je la regarde et pourtant je sais aujourd’hui qu’elle le dévastera. J’avais envie et besoin de croire que notre histoire ne serait pas juste une illusion. Nous n’avons pas encore établie une vraie relation elle et moi, il n’y a pas de fusion, l’étreinte est une contrainte pour elle et la main qui la caresse une douleur.

A chaque fois que je tente de la toucher, tout son corps se raidit et elle subit comme elle l’a fait toute sa pauvre vie. Elle se soumet pauvre Galganette et son regard me supplie de ne pas la battre, ça me fait mal. Si vous saviez comme ça me fait mal de la voir ainsi attendre de moi une volée alors que j’ai tellement envie de lui donner ce que j’ai de plus fort et de plus beau en moi, de l’amour. Attends-moi mon amour, c’est ce que je lui dis toujours.

Attends-moi et tu verras que les humains ne sont pas si pourris que ça. Attends-moi mon amour, je te promets qu’il existe une autre vie sans douleur. Attends-moi, je te promets une éternité de douceur. J’attends donc qu’elle vienne spontanément vers moi, en « fouettant queuton » et je la stipule avec la voix. Je lui parle alors son regard s’illumine, c’est tellement magique et magnifique. Elle est belle dans ces moments-là et moi je suis pleine d’espoir, je veux y croire. Puis elle stoppe net dans son élan, elle fait demi-tour et s’en va en « fouettant queuton » quand même..

Elle me fait rire alors je lui crie désespérément « Reviens Marion , j’ai les mêmes à la maison », je ne sais pas pourquoi mais cette expression lui va bien, elle me rappelle je ne sais quoi, une publicité je crois…alors elle s’éloigne en « fouettant queuton », elle se retourne et me regarde, c’est tout ce qu’elle peut me donner pour l’instant et je m’en contente « Reviens Marion j’ai les mêmes à la maison », ne t’en va pas mon amour…

« Mon Dieu qu’est-ce qui m’arrive, je m’égare vers cet humain qui semble t’il me veut du bien mais je ne sais pas, je ne comprends pas, je ne peux pas » c’est peut-être ce qu’elle se dit ma petite Marion, les vieilles blessures ne s'oublient pas comme ça.. Elle s’est installée sous la table de mon bureau ou je passe la majeure partie de mon temps à travailler. Elle s’y sent protégée, elle me regarde, je lui parle tentant désespérément de la séduire et de l’emmener dans mon tourbillon d’amour.

Mais elle ne s’y laisse pas encore embarquer, on oublie pas dix ans de cachot comme ça, en un tour de bras.Quand je suis allée la rechercher à la clinique, j’ai retrouvé une Marion à la taille toute fine, son dos n’était plus vouté par le poids de cette grosse tumeur qu’elle trainait sous elle.

Soulagée aussi qu’elle se soit réveillée, mon petit ange si fatigué, j’avais tellement peur qu’elle ne supporte pas l’anesthésie. Je l'ai trouvé tout simplement belle et tellement fine. Le couperet est tombé vendredi, la tumeur est maligne de grade 3, c’est vous dire que le fil de l’espoir est très mince … Les vétérinaires doivent me dire la semaine prochaine s’il est souhaitable et bénéfique de tenter une chimiothérapie.

Alors j’attends et je vais avoir à faire un choix. Tenter l’impossible pour gagner quelques mois au prix de son confort de vie ou me contenter du temps qu’il nous reste et le vivre pleinement. Je ne sais pas...mais je suis certaine que mon amour pour elle me guidera et je ferai le bon choix.

texte ecrit par Odile