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Publié à 14:22 par fandeloup Tags : fond coeur mort musique femmes film voyage horreur voyages bleu
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Retours à Auschwitz Par Grassin Sophie

Voyages, d'Emmanuel Finkiel, fouille, entre Paris et Tel-Aviv, les blessures de trois femmes à jamais hantées par l'Holocauste.

Efficace pudeur.. La solitude, la vieillesse et les résonances de la Shoah sont les compagnons de voyeges , premier long-métrage d'Emmanuel Finkiel, 37 ans, sur l'identité mutilée des ashkénazes (lire la critique ci-dessous).

Un film né des obsessions liées à une grand-mère et un oncle raflés au Vel' d'Hiv', puis disparus à Auschwitz, à un grand-père ayant pu sauter du wagon qui le condamnait à la même destination, à un père muré dans son angoisse, comme les trois femmes du film. Mais aussi à la musique de la langue yiddish, qui, bien que Finkiel ne la parle pas, chante dans sa tête.

Et à la mort qui, tôt ou tard, balaiera les rescapés. "Emmanuel est profondément touché par cette culture de la Diaspora, sur laquelle il porte un regard attendri mais critique, analyse sa productrice et amie, Yaël Fogiel, Israélienne, dont le père a lui aussi péri dans les camps.

Le film l'a aidé à s'en détacher

Assistant pendant dix-huit ans - de Godard, Tavernier et, surtout, Kieslowski (Bleu, Blanc, Rouge) - Emmanuel Finkiel obtient, en 1997, le césar du court-métrage avec Madame Jacques sur la Croisette, coup de coeur hivernal et poignant d'un vieux couple d'ashkénazes. Le scénario de voyages, Prix de la jeunesse au dernier Festival de Cannes, est déjà écrit à la virgule près. Avec un impératif: suggérer Auschwitz sans y faire entrer la caméra.

Au terme d'un long voyage en bus, un des personnages de Finkiel, Riwka, restera donc, sur le seuil, les yeux fermés. "L'important, c'est le chemin qu'on parcourt pour aller jusqu'au camp, estime le réalisateur. Auschwitz oblige l'imagination à travailler.

J'y ai accompagné mon père. Entendu les statistiques du guide, observé les murs, vu le parking et la cafétéria. Un fils de déporté, à la fois coupable et frustré de ne pas avoir assez ?ressenti? l'horreur, regrettait l'absence de son et lumière.

Je trouve ça aberrant: au fond, il aurait voulu de la fiction. Du cinéma à la Spielberg." Emmanuel Finkiel, lui, ne cache pas ses préférences pour le cinéaste japonais Ozu, dont l'opérateur proclamait: "Filmer la vérité d'un arbre revient à cadrer une parcelle de branche, car elle renferme le tout."

Les branches de Finkiel - acteurs du théâtre yiddish, cortège de fantômes oppressés et las - puisent leur sève dans le gouffre d'un passé qui ne renonce pas.