Pourquoi embrase-t-on les feux de la Saint-Jean ?

 Depuis des siècles, le feu attire les peuples. Ils n'ont de chrétien que le nom de Saint-Jean. Les feux qui embrasent places, prés et sommets vosgiens au solstice d'été, le solstice rouge, nous font renaître aux origines.

Celles des temps païens, et des peuples adorant le... soleil. Ces feux, qui sont partis à la conquête d'autres territoires, bien au delà des horizons vosgiens, doivent en fait beaucoup à la culture, à la tradition montagnarde.

Des symboles, des fonctions y sont attachés. Certains sont oubliés, d'autres s'expriment lors de rituels venus de loin. La forme pyramidale de la chavande illustre ainsi la forme du feu.

Le soleil, logiquement absent, est figuré, au sommet, par une couronne. Auteur de "La tradition dans le cycle des feux", Jean Saltel, aujourd'hui disparu, nous livre un indice :

"Que la couronne brûle dès la première grande escalade de la flamme et la chavande sera réussie."

Flammes vertueuses ?

Il est bien question d'unir d'autres visées à la fascination engendrée par les flammes:"Dans la croyance ancienne, les cendres des feux de joie ne fécondaient-elles pas les bêtes et les terres ?", interroge ainsi le conteur. Les vertus positives du rendez-vous sont bien établies, à l'instar des Celtes d'hier qui faisaient passer les bêtes stériles à travers les feux de solstice.

Quand ce n'étaient pas les hommes et les femmes se livrant, plus proches de nous, à des sauts aux rituels précis, préfigurant, autour du cercle de feu, et au centre d'un cercle de pierre, au nombre de douze comme les signes du zodiaque, la magie d'un rituel de passage et de mouvements à venir.

Seul ou en couple, en avant ou en arrière, triple ou unique, chaque saut réussi avait sa vertu : ici guérir la colique ou améliorer la vue, là ouvrir la voie à une rencontre amoureuse ou un... travail, ou plus prosaïquement favoriser la virilité.

Dans la bonne humeur, bien sûr. Qu'on se le dise !