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Date de création : 24.08.2008
Dernière mise à jour : 04.08.2023
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Publié à 11:19 par fandeloup Tags : afrique vie monde enfants femme travail mort histoire création nuit femmes
kenya

Au Kenya, le village Umoja est interdit aux hommes

Au Kenya, un groupe de femmes répudiées par leur communauté a bâti un village du nom d'Umoja. Seuls les femmes et les enfants y sont admis.

Le village prospère depuis maintenant 20 ans, mais se trouve régulièrement menacé par les hommes des villages alentour, jaloux de voir leurs femmes se débrouiller par elles-mêmes. Dans le nord du Kenya, à environ 380 kilomètres de la capitale Nairobi, se trouve le village d'Umoja.

Sa particularité : il n'est habité que par des femmes. Les hommes y sont strictement interdits depuis sa création. Celle-ci remonte à 1991, année où un groupe de femmes issues de la communauté Samburu ont décidé de s'unir et de bâtir leur propre village, pour se protéger des agressions.

En swahili, "Umoja" signifie "unité". Leur histoire est tragique. Violées par des soldats britanniques, elles ont été considérées comme déshonorées, et ont été répudiées et battues par leur mari, avant d'être rejetées par leur communauté.

47 femmes et 200 enfants "Dans la communauté Samburu, c’est toujours la femme qui travaille beaucoup. Elle se réveille tôt, vers 3 heures, elle travaille toute la journée et se couche tard vers 23 heures.

L’homme, lui, dort quand il veut et autant qu’il veut. A son réveil, il réclame son petit déjeuner, sort éventuellement le bétail de l’enclos et va dormir sous un arbre", a confié l'une des femmes dans le documentaire "Umoja, le village interdit aux hommes", réalisé en 2008.

A la tête de cette communauté de 47 femmes et 200 enfants, se trouve Rebecca Lolosoli, une vraie femme de poigne. Elle a eu l'idée d'un village composé exclusivement de femmes alors qu'elle était soignée à l'hôpital. Plusieurs hommes l'avaient battue parce qu'elle avait osé parler des droits de la femme dans son village.

Aujourd'hui encore, elle reçoit des dizaines de menaces de mort. Des guerriers Masaïs pour protéger le village Car les hommes des villages alentour ne manquent pas une occasion de laisser s'exprimer leur fureur.

La communauté Samburu est profondément patriarcale et les hommes ne supportent pas de voir que leurs femmes prennent leur indépendance, les laissant se débrouiller seuls alors qu'ils n'ont jamais travaillé de leur vie.

Régulièrement, des groupes tentent d'envahir Umoja, pour enlever, battre ou tuer les femmes qui y habitent. Une femme est morte en 2005 et des guerriers Masaïs ont été engagés pour protéger le village durant la nuit. Mais ce qui énerve surtout les hommes, encore plus que l'indépendance de leurs femmes, c'est que leur système économique fonctionne.

Umoja est basé sur une démocratie 100% participative, en raison du nombre peu élevé d'habitantes. Grâce aux aides internationales, elles ont réussi à faire de l'éducation une priorité. Des écoles ont été construites et les mentalités commencent à changer, grâce à l'éducation apportée aux petits garçons.

"Nous apprenons aux femmes à se respecter" Les traditions patriarcales ont été bannies du village : les petites filles ne sont pas excisées, et ne sont pas mariées de force à des hommes qui ont 3, 4, 5 fois leur âge.

Le village est devenu un lieu de refuge pour les femmes qui cherchent à échapper à une vie de servitude. Les femmes d'Umoja ne sont pas à proprement parler des Amazones. Les relations sexuelles sont autorisées, mais doivent se dérouler à l'extérieur du village.

Et même dans le domaine sexuel, l'éducation reste une priorité. "Nous apprenons aux femmes à se respecter, à respecter leurs corps, notamment pour se protéger du sida.

Elles doivent comprendre qu’elle sont en droit de refuser un rapport sans devoir craindre d’être battues ou violées", affirme Rebecca Lolosoli. Pour l'instant, Umoja reste relativement méconnu au Kenya, et dans le monde en général.

Mais la détermination de Rebecca Lolosoli a déjà fait beaucoup pour la cause des femmes en Afrique... Pour que les mentalités changent, il faudra cependant encore beaucoup de travail...