Chambéry : Jordan, 27 ans, jugé pour avoir tué son père et ses frères

Jordan Lenisa est jugé à partir de ce lundi 5 octobre devant la cour d'assises de Savoie pour le triple meurtre de son père et de ses frères.

Ses grands yeux bleus ourlés de rougr lui nuiront sans doute. Jordan Lenisa, 27 ans, comparaît à partir de ce lundi devant la cour d'assises de Savoie, à Chambéry, pour avoir tué le 26 juillet 2012 son père Florent, âgé de 49 ans, et ses frères Victor et Benjamin, 8 et 17 ans, pour des motifs troubles.

C'est la première fois depuis les faits qu'il sera confronté sa mère et à sa sœur, seules survivantes de la tuerie. Après ces trois premiers meurtres, le jeune homme s'en était aussi pris à sa mère, sortie acheter des cadeaux d'anniversaire pour Victor, qui fêtait son anniversaire le lendemain.

A son arrivée au vaste chalet familial dans le petit village de Bozel, près de la luxueuse station de Courchevel, il l'avait aidée à décharger sa voiture, avant de tenter de l'étrangler, de l'étouffer avec des coussins et de lui porter un coup de bûche à la tête.

Elle était finalement parvenue à s'extirper de l'emprise de son fils, à le calmer et à appeler les secours. « J'ai pété les plombs, j'ai fait la grosse connerie de ma vie », avait dit Jordan à un oncle juste après le drame.

Mais le garçon, décrit comme accro aux jeux vidéo, sur lesquels il ASSURAIT pouvoir passer 48 heures sans dormir ni manger, mythomane et oisif, avait envisagé la veille de passer à l'acte. Il en avait parlé à des amis, sur le ton de la plaisanterie . Il avait en outre fait des recherches explicites sur internet, notamment pour répondre à la question « peut-on mourir d'une balle dans la tête ».

Un garçon présenté comme accro aux jeux vidéo, oisif, jaloux Le procès, qui doit durer jusqu'au 9 octobre, doit permettre de faire la lumières sur les motivations de cette tuerie.

Après s'être dit poussé par des amis, pour toucher l'héritage, le jeune homme avait évoqué un homme dangereux et armé l'ayant contraint à passer à l'acte. Il semblerait surtout que Jordan, jeune adulte à problèmes, hospitalisé à trois reprises en milieu psychiatrique, condamné pour agression sexuelle en réunion en 2008, ne s'entendait pas avec son père dont le modèle de réussite l'accablait.

« Il était dans une dérive: il se sentait délaissé, dénigré, abandonné, à tort ou à raison », explique son avocate, maître Florence Vincent. Le jeune homme, qui appelait son père « mon idole » avec ironie, « ne se sentait pas à la hauteur de son père », qui avait fait fortune en brevetant un procédé d'isolation des murs et façades.

Florent Lenisa avait fixé un ultimatum à son fils aîné, au 31 août, le menaçant de lui couper les vivres s'il ne trouvait pas de travail d'ici là.

« La perspective de tout perdre a dû faire basculer les choses », estime Me Vincent. Jugé pour assassinats et tentative d'assassinat, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.