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Cancer

Publié à 17:03 par fandeloup Tags : photo vie sur france chez
Cancer

Cancer : première française d'une nouvelle technique ultra-ciblée, l'électrochimiothérapie

 Plus précise, plus efficace, mais aussi moins invasive, l'électrochimiothérapie est la dernière née des techniques d'ablation des tumeurs, à la croisée de l'imagerie et de la chimiothérapie.

La première opération de ce type en France a été réalisée dans un hôpital parisien. Cellule cancéreuse L'électrochimipthérapie permet d'administrer une chimiothérapie de façon très ciblée, pour éliminer la tumeur sans abîmer les tissus sains.

 L'électrochimiothérapie, vous connaissez ?

C'est la technique de lutte contre le cancer la plus pointue d'une récente discipline médicale : l'oncologie interventionnelle. C'est à l'hôpital Tenon (AP-HP, Paris), dont l'équipe est internationalement reconnue, que la première opération française par électrochimiothérapie a été réalisée sur une grave tumeur au foie… Avec succès !

L'oncologie interventionnelle, une discipline méconnue en plein essor "En radiologie aussi, nous faisons du soin", revendique le Pr François Cornelis, radiologue interventionnel. Car à mesure que la médecine progresse, elle cherche non seulement à guérir, mais aussi à épargner le patient le plus possible afin qu'il reprenne une vie "normale" après une hospitalisation la plus courte possible. C'est ainsi qu'apparaissent des techniques de chirurgie et de soin de plus en plus fines et précises et de moins en moins invasives, qui imposent aux médecins de se guider avec des outils plus puissants que leurs simples yeux nus.

 C'est là qu'interviennent les nouvelles techniques d'imagerie, permettant aux praticiens de guider leurs gestes au travers des écrans. C'est à cette croisée de l'imagerie et du soin qu'officient les radiologues interventionnels, une spécialité encore très jeune puisqu'elle a débuté il y a tout juste 25 ans, et n'est appliquée au cancer (on parle alors d'oncologie interventionnelle) que depuis 5 à 10 ans, d'après le Pr Cornelis.

Une discipline si neuve qu'elle n'est pas encore suffisamment intégrée dans le fonctionnement des soins. "Nous n'avons pas encore de filière de soins ni de lits d'hospitalisation dédiés", regrette le Pr Cornelis, dont l'objectif est "la survie du patient, bien sûr, mais surtout qu'il conserve de bonnes conditions de vie malgré sa maladie", explique-t-il.

L'électrochimiothérapie : ouvrir les cellules tumorales pour y administrer une chimio C'est dans cette optique que le Pr Cornelis a réalisé fin 2018 avec son équipe la première électrochimiothérapie de France , sur un patient dont le cancer du rein avait métastasé au niveau du foie, et qui ne répondait à aucun autre traitement.

Comme son nom l'indique, l'électrochimiothérapie combine la stimulation électrique et l'administration d'une chimiothérapie. L'idée est d'insérer de longues aiguilles fines dans la tumeur par voie percutanée (en passant à travers la peau, sans ouvrir le corps du patient) guidées par l'imagerie, puis d'appliquer des impulsions électriques de quelques microsecondes qui déstabiliseront la membrane des cellules et les forcera à y ouvrir des pores : c'est l'électroporation.

Une chimiothérapie spécifique, la bléomycine, est alors administrée. Jusqu'à présent négligée dans la prise en charge de la plupart des cancers en raison de son incapacité à pénétrer les cellules dont la membrane est intacte, la bléomycine est ici un produit de choix. Injectée en intraveineuse, elle ne pénètre que les cellules de la zone touchée par l'électroporation, entraînant de manière ciblée des dommages au niveau de l'ADN que seules les cellules saines sauront réparer.

Autre avantage de cette technique, "on n'abîme pas les tissus de soutien, puisqu'il n'y a pas d'émission de chaleur ou de froid", commente le Pr Cornelis. Les 3 autres techniques d'oncologie interventionnelle utilisées jusque-là consistent en effet à détruire la tumeur par le froid à -70°C (cryoablation), ou la chaleur résultant de l'émission localisée de radiofréquences ou de micro-ondes. Or chaleur et froid peuvent endommager les tissus alentour, contrairement à l'électrochimiothérapie.

"La difficulté de cette nouvelle technique est de bien insérer les aiguilles, en se guidant grâce au scanner et à l'échographie", explique le Pr Cornelis. Au départ, cette technique n'a d'ailleurs été utilisée que pour traiter les mélanomes (cancers de la peau), faciles à visualiser et atteindre. Cette difficulté explique que la technique ne soit pas née plus tôt, puisqu'elle nécessite la rencontre de plusieurs bonds technologiques autant au niveau de la conception des aiguilles, que du matériel d'imagerie permettant de les placer avec la précision nécessaire. 2 mois après, le premier patient traité par électrochimiothérapie "va bien" L'électrochimiothérapie, si son efficacité est confirmée sur d'autres patients, est une technique très prometteuse qui pourrait même, à terme, être préférée aux autres chez la plupart des patients.

Préférant rester prudent, le Pr Cornelis confirme seulement qu'il est "très enthousiaste" à l'idée de développer sa discipline en général et cette technique "qui a beaucoup de potentiel" en particulier, "pour le bien du patient". Deux mois après son opération de la tumeur au foie et alors qu'il était à l'origine dans un état très grave, le patient "va bien, c'est très encourageant", ajoute-t-il. D'autant que cette technique peut être utilisée pour traiter toute zone de l'organisme.

"C'est la beauté de la chose, théoriquement on pourrait le faire sur toute tumeur, et chez tous les patients", s'enthousiasme le Pr Cornelis. Pour l'instant, il prévoit avec son équipe de renouveler l'opération au cas par cas sur l'année 2019, chez des patients qui ne répondent pas aux autres traitements connus et maîtrisés.

"Comme ce sont malheureusement des patients fragiles, les résultats sont rapidement visibles", explique le Pr Cornelis, qui espère que de nouveaux résultats positifs lui permettront d'obtenir les autorisations nécessaires à la réalisation d'un essai clinique de plus grande ampleur.

"Mon but est de monter un registre, et de manière plus générale de développer au plus près des patients toutes les techniques de radiologie interventionnelle, encore trop peu répandues dans les hôpitaux", affirme-t-il. "D’autant que ces traitements sont mini-invasifs et peuvent être réalisés en hospitalisation ambulatoire. Mais cela se fera plus aisément si l’oncologie interventionnelle est pleinement intégrée au parcours de soins des patients atteints d’un cancer", conclut-il.