Petit, petit… Viens par ici! » Les mains se tendent, les sourires se dessinent sur les visages d’ordinaire assez graves des résidants. Hier l’unité Alzheimer du Groupement hospitalier intercommunal (GHI) du Vexin accueillait de drôles d’invités. Utopie, la petite Jack Russel, et Lili, la jeune labrador, se sont tout de suite sentis à l’aise au milieu de ces patients pas comme les autres. « Regardez comme les visages des résidants s’illuminent! Ils ont tout de suite adopté ces animaux », se félicite Zaynab Riet, responsables du GHI.

A l’occasion de la Journée mondiale dédiée à Alzheimer, le pôle Aloïs, spécialisé dans cette maladie, s’est lancé dans une expérience novatrice : faire venir des « chiens visiteurs ». On les appelle aussi des « chiens auxiliaires de vie ou de santé ». Quel que soit le nom de ces agents hospitaliers peu communs, ils n’ont qu’un seul but : faire du bien aux patients.

« La relation à l’autre et le contact jouent un rôle aussi important, voire plus important, que les remèdes thérapeutiques habituels dans le traitement de la maladie d’Alzheimer », explique Zaynab Riet. « Notre but est de maintenir la personne atteinte dans le monde réel et dans son environnement, c’est pour cela que nous cherchons à développer les différentes manières de nouer des contacts. » C’est l’académie cynophile de Labbeville qui a accepté de se prêter au jeu.

D’ordinaire, l’association propose des cours d’éducation canine aux particuliers. « Ce rôle de chien auxiliaire de vie est un concept nouveau qui nous intéresse », note Muriel Filleaudeau, la présidente de l’académie. « Beaucoup de personnes qui sont en institution ont eu un chien ou un animal de compagnie à un moment de leur vie. » « Comment s’appelait votre chien? » entend-on dans la salle de réception de l’Ephad (établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes), pendant qu’Utopie va réclamer des caresses.

Une opération renouvelée tous les mois

La présence du chien est prétexte à discussion et permet même aux souvenirs de remonter à la surface. « Ces visites ont déjà été testées dans certains hôpitaux parisiens », ajoute le docteur Martine Merceron, responsable de l’unité. « Comme pour l’art-thérapie, les effets de ces activités sont très difficiles à quantifier, c’est pour cela qu’elles ne sont pas très reconnues. Mais, heureusement, la situation est en train de changer. » Pour cette première, l’académie avait choisi des chiens « à la physionomie sympathique ». « Il y a eu des essais avec des chats, mais comme ils sont moins sociables, cela marche moins », détaille Muriel Filleaudeau. « Il est démontré que le chien est un bon médiateur qui participe au bien-être. Il est affectueux, il ne juge pas. Il est un bon stimulant physique et émotionnel. » A Marines, l’opération devrait être renouvelée tous les mois. Et l’expérience pourrait bien inspirer d’autres services hospitaliers.