Viens… je t’emmène et ne crains rien, dans un lieu inviolé, refuge de mes rêves où se diluent les nuits et les jours pas trop obscurs, les silences pas trop épais, la vie pas trop froide… Un jardin… là… nacré, perché dans mes songes aux portes du ciel où libre et nue, je chemine à l’infini… traversant les courants d’eau couverts de lotus bleutés, où les baies de mandragore, plante de Circé, blanches ou rougeâtres s’ébrouent au soleil, où les parfums des jasmins, des roses sans épines, des fleurs de narcisse ensommeillées, m’enivrent. Là… où les pivoines joufflues s’égayent à la rosée du matin. Viens… je t’invite à la rêverie à l’ombre des cyprès odorants et des mûriers. Puis, installés pour un instant au pied du grand chêne,ombre toute en fraîcheur,reposons-nous dans cet endroit éternel où nul ne songerait à couper la moindre fleur.