Prenez une pomme, coupez-la en deux, et laissez-la à l’air libre. Elle va rancir, pourrir. C’est à cause de l’oxygène et de la lumière.

Prenez un pétard, déposez-le sur votre main, et allumez la mèche. Les dégâts sont minimes. Imaginez la même expérience, mais avec le poing fermé sur l’explosif. Vous perdez des doigts, votre main vole en éclats. Les dégâts sont effrayants pour un si petit engin.

Une personne c’est un peu pareil vous voyez.

Si vous la laissez au soleil à regarder au loin, à imaginer le vent caresser son visage dans une bourrasque de liberté, elle va rancir elle aussi. Si vous ne la blessez qu’en surface, elle s’en remettra. Mais touchez-la en plein cœur, au plus profond d’elle-même, et vous causerez des dégâts que jamais rien ne réparera.

Et qu’est-ce que vous croyez faire, quand vous brisez une relation ? Que vous soyez un homme, ou une femme, que vous coupiez les ponts avec un homme, ou une femme. Que vous soyez ado rigoureux, ou adulte fatigué, ou vieillard titubant. Pensez au pétard qui s’allume, et jamais ne s’éteint. Au feu que vous animez parfois, et qui mange la mèche. Un peu, juste un peu. Et à la personne qui était là avant vous et à celle qui passera après vous, et qui animera le feu, elle aussi, et grignotera un peu de la mèche, juste un peu.

Juste un peu…

Jusqu’au jour où la mèche s’est totalement consumée, et que le petit peu est la cause d’un cataclysme plus grand. Et la blessure superficielle devient alors une blessure très profonde, que le cumul a générée.

Ou bien pensez à la relation que vous allez rompre. Et à cette mèche qui réside en ce cœur, à cette mèche que vous allez consumer d’un coup. Alors un peu de compassion pour ce cœur que vous allez détruire, et dans lequel votre nom restera gravé à jamais. Même si la personne vous a fait du mal. Pitié pour les loups, comme certains disent. Parce que sinon cette personne aura le cœur en morceaux, et regardera par la fenêtre, restera à rêver d’une bourrasque de paix, sans se rendre compte que son cœur est en train de rancir.

Ayez toujours à l’esprit que dans le monde des silencieux, on hurle à l’aide